Biais rétrospectif : de quoi s'agit-il ?

Le biais rétrospectif nous amène à penser que nous connaissions l'issue d'une situation avant qu'elle ne se produise. Découvrez comment ce biais nous affecte.
Biais rétrospectif : de quoi s'agit-il ?
Elena Sanz

Rédigé et vérifié par la psychologue Elena Sanz.

Dernière mise à jour : 10 août, 2022

Le cerveau est un organe complexe et fascinant. Il permet de raisonner, d’interpréter des situations et même d’anticiper les conséquences possibles d’un événement. Cependant, ce processus de réflexion n’est pas infaillible. Souvent, nous commettons des erreurs sans même nous en rendre compte. C’est le cas lorsque nous estimons qu’il était possible de prévoir l’issue d’une situation avant qu’elle ne se produise. C’est ce qu’on appelle le biais rétrospectif.

Nous avons tous déjà subi les effets de ce biais. Vous vous êtes certainement déjà dit, après avoir observé l’issue d’une situation, que vous saviez que cela allait se dérouler ainsi.

Qu’est-ce que le biais rétrospectif ?

Le biais rétrospectif fait partie des multiples biais cognitifs que nous utilisons involontairement au quotidien. Ces biais cognitifs sont des distorsions dans le processus de raisonnement qui nous amènent à interpréter l’information d’une manière peu réaliste.

Nous les appliquons, par exemple, lorsque nous jugeons une personne sur la base de stéréotypes ou lorsque nous suivons la pensée de groupe, croyant qu’il s’agit vraiment de notre opinion.

Le biais rétrospectif nous amène à penser que nous savions exactement comment une situation allait se dérouler. Mais seulement au moment de l’issue. C’est-à-dire que nous sommes convaincus d’avoir prédit un événement, une fois qu’il a eu lieu. Avec le recul, nous modifions la mémoire de notre jugement passé pour qu’il soit compatible avec les connaissances du moment présent.

Le cerveau humain a un biais rétrospectif.
Le cerveau est affecté par des biais cognitifs à l’heure d’interpréter la réalité.

Quelques exemples de biais rétrospectif

Dans la vie de tous les jours, nous pouvons trouver de nombreux exemples pour illustrer le bais rétrospectif. En voici quelques-uns :

  • Nous découvrons qu’une personne nous a menti et nous affirmons que nous avons toujours su qu’il ne fallait pas lui faire confiance.
  • Lorsque le diagnostic médical d’un patient est posé, les professionnels de santé peuvent estimer qu’ils étaient certains de savoir de quoi ce patient souffrait.
  • Lors de l’analyse des événements historiques, nous pouvons considérer que ce qui s’est passé était à prévoir. Cela a été démontré, par exemple, dans une enquête exposant les actions d’un personnage historique fictif. Les participants ont tous considéré qu’il était évident que ce personnage allait agir ainsi.


Une recherche à ce sujet

Ce biais cognitif a été confirmé par de nombreuses études scientifiques intéressantes qui ont montré qu’il se produit dans de nombreuses situations différentes. Par exemple, dans le cadre d’une étude à cet égard, des chercheurs ont demandé à des volontaires d’évaluer la probabilité que certains événements se produisent lors de la tournée internationale du président Richard Nixon. Les résultats ont montré que les participants ont surestimé leur capacité passée à prédire l’avenir.

Dans le cadre d’une autre étude, les participants ont reçu un rapport avec quatre résultats possibles. Chaque groupe a été informé qu’un des résultats s’était réellement produit et les participants ont ensuite dû estimer la probabilité que chaque scénario se produise. Les participants ont estimé que le résultat présenté comme vrai était très probable.

De plus, il a été observé qu’a posteriori, non seulement nous simplifions l’analyse, mais nous sommes beaucoup plus sévères et plus critiques lorsque le résultat est défavorable. Par exemple, dans le cadre d’une enquête, un groupe de médecins a été invité à examiner des notes cliniques. Pour tous, ces notes étaient identiques et ne différaient que par le résultat du patient (positif dans certains cas et négatif dans d’autres). Lorsque le résultat était négatif, les critiques des professionnels étaient beaucoup plus sévères.



Pourquoi se produit-il ?

Plusieurs causes et facteurs connexes peuvent contribuer au biais rétrospectif.

  • Le cerveau humain travaille avec des schémas et des associations d’idées. Ainsi, lorsqu’une conséquence suit une cause, nous les unissons en un seul schéma qui nous permet de nous en souvenir et de prévoir des situations similaires dans le futur.
  • Par ailleurs, les êtres humains n’aiment pas l’ incertitude. La plupart des personnes souhaitent souhaitent vivre dans un monde prévisible et contrôlable.
  • Les événements dont le résultat a une valeur négative sont plus susceptibles de provoquer un biais rétrospectif. Autrement dit, les situations que nous qualifions de malheureuses semblent beaucoup plus prévisibles une fois qu’elles se sont produites que les situations positives.
  • Lorsqu’un résultat nous surprend grandement, ce biais n’apparaît que si nous pouvons trouver une congruence entre l’information dont nous disposions au départ et le résultat réel. Autrement, l’effet inverse se produira.
Pessimisme dû au biais rétrospectif.
Les situations négatives ont tendance à créer plus souvent un biais rétrospectif.

Le biais rétrospectif peut affecter nos décisions

Ce biais est présent aussi bien chez l’enfant que chez l’adulte et ne suppose aucune pathologie. C’est juste un raccourci mental qui offre un plus grand sens de la cohérence. Cependant, il peut nous affecter.

Par exemple, lorsque nous altérons le souvenir de notre jugement passé, nous pouvons croire que nous sommes mieux en mesure de prédire et de deviner un résultat que nous ne le sommes réellement. Et cette confiance peut nous amener à prendre les mauvaises décisions. Par conséquent, bien que nous ne puissions pas empêcher que ce biais se produise, le connaître et rester vigilant sont d’une grande aide.


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