Le syndrome de Capgras

Il faut prendre en compte les caractéristiques clés pour bien comprendre le syndrome de Capgras. Ceci est absolument essentiel pour pouvoir être diagnostiqué et évalué en fonction du degré de psychopathie subie par le sujet.
Le syndrome de Capgras
Bernardo Peña

Rédigé et vérifié par le psychologue Bernardo Peña.

Dernière mise à jour : 10 août, 2022

Imaginez que vous connaissiez quelqu’un qui se caractérise par sa capacité à traiter avec indiférence tous les gens de son cercle social et que, graduellement, l’illusion prend le dessus sur cette personne. Supposons que cet individu ne reconnaisse plus sa mère. De plus, il croit avec ferveur qu’elle n’est pas celle qu’elle prétend être, et qu’un imposteur identique l’a remplacée. C’est le syndrome de Capgras.

Ce trouble fait donc partie d’un processus psychotique. Le patient a en effet la croyance délirante qu’une personne proche, avec qui il existe un lien émotionnel, a été remplacée par une autre personne. Un substitut identique. Cela provoque alors une peur intense ainsi qu’un rejet envers cette personne. En général, cela se produit avec un membre de la famille avec qui le patient vit, ou interfère régulièrement.

Étymologie

Le nom de ce syndrome, comme dans de nombreux autres cas, vient du nom de la personne qui l’a découvert. Dans le cas présent, c’est Jean Marie Joseph Capgras, un psychiatre français qui a mis en évidence cette maladie sous le nom de “l’illusion des doubles” au début des années 20, au 20ème siècle.

Capgras a rapporté le cas d’une femme de 74 ans qui prétendait que son mari avait été remplacé par un étranger. La patiente reconnaissait facilement les autres membres de la famille. Tous, sauf son mari. C’est le premier antécédent psychiatrique de cette maladie, à cette époque, inconnue.

Les symptômes du syndrome de Capgras

symptômes du syndrome de capgras

 

Les symptômes les plus évidents de cette maladie se situent entre le rejet et la fuite de tout contact avec un membre de la famille avec lequel le patient entretient un lien émotionnel étroit.

En fait, les professionnels en psychiatrie le classent comme une perte de reconnaissance émotionnelle ; c’est-à-dire que le patient sait qui est la personne en face de lui, il la voit et la reconnaît, mais le lien affectif qui les unissait a été oublié, et il le considère à présent comme un étranger.

Souvent, les symptômes du syndrome de Capgras ont des similitudes avec les éléments dissociatifs d’autres conditions, tels que : les idées paranoïaques, les convictions délirantes, de graves problèmes de famille ou de couple, une indifférence à l’égard du reste du monde.

Causes

Les études sur ce trouble sont encore rares, ce qui rend difficile la connaissance précise de sa cause. Une autre difficulté qui doit être ajoutée à l’étude de cette maladie est la similitude entre les symptômes du syndrome de Capgras et d’autres troubles psychotiques.

Au cours des années 1990, plusieurs études et investigations ont été menées sur certaines des causes possibles de cette distorsion du comportement humain. Ci-dessous, nous évoquons certaines des données pertinentes obtenues sur ce trouble :

  • En 1990, dans un document publié par le British Journal of Psychiatry, les psychologues Haydn Ellis et Young Andy ont émis l’hypothèse que les patients atteints du syndrome de Capgras pourraient avoir une image inversée de la prosopagnosie. C’est-à-dire que leur capacité à reconnaître les visages est intacte, mais qu’ils pourraient avoir des dommages cérébraux produisant une activation émotionnelle automatique devant les visages familiers. Cela pourrait mener à l’expérience de non-reconnaissance d’une personne proche.
  • En 1997, Haydn Ellis et ses collègues ont publié une étude faite sur 5 patients atteints de délire Capgras (tous diagnostiqués avec la schizophrénie) et confirmé que, bien qu’ils puissent reconnaître consciemment les visages, ils ne montrent pas de réponse automatique normale d’activation émotionnelle.

Diagnostic

 

Pour le diagnostic de cette maladie, un neurologue et un psychiatre (ou un neuropsychiatre) doivent effectuer les tests suivants :

  • Un test de fluidité verbale, phonologique et sémantique pour évaluer le langage, puisqu’on observe une réduction de la fluidité verbale chez ces patients.
  • L’épreuve des cubes, du test de Wais, pour mesurer la capacité visuelle dans l’espace.
  • Un test multitâche pour corroborer les fonctions exécutives, qui dépendent en grande partie des lobes frontaux.
  • Des tests verbaux pour vérifier l’état de la mémoire, car des altérations de cette capacité ont été observées chez les patients atteints de ce syndrome.

Traitement

 

Malheureusement, les causes du syndrome de Capgras sont inconnues. Il n’y a donc toujours pas de traitement spécifique pour ce trouble. Les mesures prises sont palliatives ; c’est-à-dire que nous essayons de contrôler les symptômes principalement à l’aide de certains médicaments psychotropes tels que :

  • Des anticonvulsifs, que l’on utile aussi souvent comme traitement de soutien.
  • Une thérapie psychologique pour mettre en place une reconstruction cognitive chez l’individu.
  • On peut avoir recours à des antipsychotiques pour combattre la conviction délirante du patient. Il en est de même pour les anxiolytiques.

 


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