Qu'est-ce que le syndrome ASIA ?

Le syndrome ASIA ou syndrome auto-immunitaire/inflammatoire induit par les adjuvants résulte d'une réponse immunitaire hyperactive à des substances étrangères à l'organisme, qui sont parfois utilisées à des fins cosmétiques, comme les implants mammaires.
Qu'est-ce que le syndrome ASIA ?
Mariel Mendoza

Rédigé et vérifié par la médecin Mariel Mendoza.

Dernière mise à jour : 10 août, 2022

Le syndrome ASIA correspond au syndrome auto-immunitaire/inflammatoire induit par les adjuvants. L’acronyme ASIA vient des termes anglais Autoimmune/inflammatory Syndrome Induced by Adjuvants. Il s’agit d’une entité rare dans laquelle une réaction auto-immune/inflammatoire se produit envers un « adjuvant », une substance étrangère à l’organisme.

Par définition, le mot adjuvant fait référence à une substance capable d’augmenter l’activité du système immunitaire contre un antigène sans déclencher directement une réponse immunitaire. Dans certains cas, les adjuvants contiennent des composants de microbes qui stimulent la réponse immunitaire, tandis que d’autres sont constitués d’huiles qui peuvent être immunogènes à elles seules.

Initialement décrit par Shoenfeld et Agmon-Levin en 2011 – raison pour laquelle ce syndrome est également connu sous le nom de syndrome de Shoenfeld – il s’agit d’un ensemble de signes et de symptômes qui résultent d’une réponse immunitaire exagérée aux adjuvants.

Le temps d’apparition des symptômes peut varier de quelques heures à plusieurs années, et le syndrome peut être local ou systémique. Les manifestations systémiques peuvent imiter diverses maladies auto-immunes du tissu conjonctif.

Le silicone est l’un des adjuvants

Le silicone est un polymère incolore et inodore principalement composé de silicium. En médecine, il est couramment utilisé pour la fabrication d’implants articulaires, mammaires, laryngés, testiculaires, péniens ou tendineux. Il est également utilisé pour les prothèses valvulaires cardiaques et les lentilles intraoculaires, et parfois dans les procédures cosmétiques directement sous sa forme de gel.

Il n’existe pas d’étude spécifique liant les maladies rhumatismales ou auto-immunes à l’utilisation de la silicone. L’organisme Food and Drug Administration (FDA) des États-Unis approuve même son utilisation médicale.

Cependant, bien qu’il ait été précédemment considéré comme inerte, il est capable de générer une réponse immunitaire. Et depuis 1965, des troubles du système immunitaire associés aux implants mammaires ont été décrits.

La relation est rare, mais dans certains cas, principalement dans les implants mammaires, il peut y avoir des manifestations cliniques non spécifiques, telles qu’une fatigue chronique, des douleurs articulaires et musculaires, une alopécie et des manifestations neurologiques telles que la paresthésie et la fièvre, toutes liées au syndrome ASIA.

Ces manifestations sont incluses dans ce qu’on appelle la siliconose, l’une des premières maladies reconnues comme induites par les adjuvants. Il existe également des effets indésirables locaux, tels que l’inflammation locale, l’inflammation des ganglions lymphatiques et la génération de granulomes autour du silicone (siliconome).

Prothèse mammaire.

Symptômes et diagnostic

Les symptômes sont très variés et non spécifiques. Ce sont les suivants : douleurs musculaires, gonflement, faiblesse, douleurs et inflammations articulaires, fatigue chronique, troubles du sommeil, altérations des capacités cognitives, pertes de mémoire, Livedo reticularis, fièvre, sécheresse buccale et oculaire.

Il y a encore plein d’autres pouvant être confondus avec des manifestations systémiques de maladies auto-immunes ou de troubles du collagène. Localement à l’endroit de l’administration de l’adjuvant, une inflammation locale peut se produire avec la génération d’œdème et de nodules, un gonflement des ganglions adjacents, une morphée et des lésions de type sarcoïdose.

Il n’y a pas d’examen de laboratoire spécifique pour établir le diagnostic. Dans certains cas, il peut exister des auto-anticorps liés aux marqueurs adjuvants ou inflammatoires associés à la maladie, mais ils ne sont pas spécifiques.

Bien qu’il n’y ait pas de facteurs de risque spécifiques, en cas d’antécédents personnels ou familiaux de maladies auto-immunes, il est recommandé de consulter un rhumatologue avant l’administration d’adjuvants, afin d’évaluer la relation entre le risque et le bénéfice.

Le diagnostic est établi selon les critères cliniques proposés par Shoenfeld et Agmon-Levin en 2011, et il s’agit d’un diagnostic d’exclusion. Les manifestations cliniques et l’histoire personnelle constituent la base principale du diagnostic.



Les critères diagnostiques du syndrome ASIA selon Shoenfeld et Agmon-Levin

La présence de 2 critères majeurs ou 1 critère majeur et 2 critères mineurs est nécessaire pour établir le diagnostic du syndrome ASIA. Voyons quels sont ces critères.

Critères majeurs

  • Exposition à un stimulus externe (infection, vaccin, silicone, adjuvant) avant les manifestations cliniques
  • Apparition de manifestations cliniques typiques :
    • Faiblesse musculaire, faiblesse ou gonflement
    • Douleur et/ou inflammation dans les articulations
    • Fatigue chronique, sommeil non réparateur ou troubles du sommeil
    • Manifestations neurologiques, notamment associées à la démyélinisation
    • Troubles cognitifs, pertes de mémoire
    • Fièvre et sécheresse oculaire
  • Amélioration suite à l’élimination de l’agent déclencheur
  • Biopsie typique des organes impliqués

Critères mineurs

  • Apparition d’auto-anticorps ou d’anticorps dirigés contre l’adjuvant impliqué
  • Autres manifestations cliniques, comme le syndrome du côlon irritable
  • Antigènes leucocytaires humains spécifiques (HLA DRB1, HLA DQB1)
  • Evolution vers certaines maladies auto-immunes (exemple sclérose en plaques ou sclérose systémique)
Consultation médicale.

Traitement et pronostic

Le traitement consiste principalement en l’ablation chirurgicale totale de l’adjuvant (par exemple, l’ablation des implants en silicone). Dans ce cas, la réponse est généralement favorable et immédiate.

Cependant, lorsqu’il y a une migration locale ou systémique, il est nécessaire d’initier un traitement immunomodulateur pour diminuer la réponse du système immunitaire. Le pronostic à long terme est difficile à établir, car il dépendra des maladies associées chez la personne qui en souffre et des manifestations cliniques.



Le syndrome ASIA être confondu avec des maladies auto-immunes ou des troubles du collagène

Le syndrome ASIA n’est pas très courant. De plus, les évaluations scientifiques préalables à l’approbation des implants sont de plus en plus rigoureuses aujourd’hui.

Cependant, les symptômes de ce syndrome ne sont pas spécifiques et sont communs à d’autres maladies. Ainsi, un mauvais diagnostic est possible : une maladie auto-immune ou un trouble du collagène, comme le lupus érythémateux disséminé, peut être confondu avec le syndrome ASIA.

C’est pourquoi le diagnostic spécifique est lourd et est considéré comme un diagnostic d’exclusion. Il est également nécessaire de sensibiliser au risque encouru dans divers traitements cosmétiques, notamment chez les personnes génétiquement prédisposées aux maladies auto-immunes ou aux troubles du collagène.


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