7 idées fausses sur les personnes à haut potentiel
Qui sont ces personnes très intelligentes ? Et surtout, quelles sont les principales idées préconçues que nous avons parfois sur ces “génies” ?
Les hauts potentiels à la télévision
Il est presque impossible de parler de ce sujet sans faire référence aux séries télévisées. Si vous êtes un fan de séries télévisées, vous aurez vu dans l’une d’elles un personnage décrit comme surdoué.
Sheldon dans The Big Bang Theory est l’exemple parfait d’un génie. Il est si intelligent qu’il a du mal à se socialiser. Il est toujours trop brusque et montre un net sentiment de supériorité par rapport aux autres. Il entretient une relation platonique avec Amy, sa petite amie, et refuse tout contact physique. C’est un génie avec lequel il est difficile, et parfois impossible, de vivre.
Nous pourrions également prendre l’exemple du Dr House, un médecin brillant, qui a toujours une réplique acérée, ou de Sherlock Holmes, qui résout les affaires criminelles avec beaucoup de finesse et d’observation. Sherlock est également très sensible et la série laisse entendre qu’il entretient une relation homosexuelle avec son partenaire Watson. En bref, le surdoué est toujours original et, surtout, hors du commun.
Bien que la télévision permette de montrer les différences, elle enferme souvent les minorités dans des stéréotypes qui peuvent être difficiles à vivre pour les personnes représentées. Elles ne sont pas seulement victimes des clichés des médias, mais n’ont souvent que ces références avec lesquelles elles peuvent essayer de se reconnaître et de mieux se comprendre.
Qu’est-ce que le haut potentiel ?
Un haut potentiel est une personne qui possède des capacités cognitives supérieures à la moyenne. Si les hauts potentiels intellectuels étaient initialement détectés au moyen d’un test de QI, les professionnels se sont rendu compte que ce test ne mesurait qu’un seul type d’intelligence (la logique). Cependant, certaines personnes ont également une intelligence émotionnelle élevée.
Un HPI (Haut Potentiel Intellectuel) est une personne dont le QI est de 130 ou plus. Ces personnes sont considérées comme ayant une intelligence supérieure à la moyenne. Au-dessus de 145, on les appelle même THPI (Très Haut Potentiel Intellectuel). On estime qu’environ 2,5 % de la population peut être considérée comme HPI.
Les caractéristiques d’un HPI sont souvent liées à un besoin d’indépendance, un sens aigu de la justice et de la vérité, et un haut niveau de perfectionnisme. Ce sont des traits que l’on retrouve également chez les HPE (Haut Potentiel Emotionnel).
Un HPE est une personne dont le quotient émotionnel est supérieur à la moyenne. C’est-à-dire l’intelligence émotionnelle. Ce sont des personnes très empathiques, avec une grande sensibilité et une grande compréhension d’elles-mêmes et des autres.
Il existe de nombreux termes pour désigner ce mode de fonctionnement. On les appelle parfois “surdoués”, “précoces” ou “personnes à hautes capacités intellectuelles”. À titre de curiosité, dans les années 1940, un neuropsychiatre français a inventé le terme “surdoué” pour désigner un enfant “qui possède des capacités supérieures qui dépassent nettement les capacités moyennes des enfants de son âge”.
Si ce terme a le mérite d’avoir mis en évidence des capacités intellectuelles supérieures à la moyenne, il a également été préjudiciable aux individus concernés en les enfermant dans des cases et dans un imaginaire collectif. C’est l’une des raisons pour lesquelles de nouveaux termes sont apparus au fil des ans. Aujourd’hui, nous préférons dire qu’une personne est à haut potentiel.
Comment la douance est-elle détectée ?
Certains signes peuvent indiquer une douance, comme le fait d’être très curieux, d’apprendre rapidement, d’avoir besoin de comprendre les choses, de rechercher un sens de la justice et de la vérité, d’avoir un cerveau hyperactif, d’être passionné par de nombreux sujets, de penser très vite ou d’être hypersensible.
Cependant, chaque haut potentiel est différent et seul un psychologue sera en mesure de détecter si vous êtes potentiellement un HPI ou un HPE.
La douance est généralement détectée dans l’enfance. Lorsqu’un enfant semble s’ennuyer en classe ou apprend beaucoup plus vite que ses camarades, on peut soupçonner une intelligence supérieure à la moyenne. Aujourd’hui, cette caractéristique est plus largement prise en compte, car le sujet s’est démocratisé.
Cependant, de nombreux adultes découvrent qu’ils sont atteints de HP à un âge avancé. Ils ne se sentent souvent pas à leur place dans leur environnement, ils se sentent différents et incompris des autres. Ils ressentent les choses plus intensément car leurs sens sont surdéveloppés. Certains suivent une thérapie et découvrent qu’ils sont HP. Cela leur permet de mettre en lumière des choses qu’ils n’ont pas comprises sur eux-mêmes pendant des années.
Les 7 stéréotypes difficiles à vivre pour les personnes atteintes de HPI
Les stéréotypes ne font rien d’autre que de cataloguer les gens. Cela limite leur façon d’agir, conditionne leur comportement et les expose à la discrimination. Il est donc important d’être conscient des idées fausses sur les personnes à haut potentiel. Nous en passons 7 en revue.
Idée 1 : elles réussissent dans la vie
Parce qu’ils sont dotés d’une intelligence supérieure, les HP sont censés réussir dans tout ce qu’ils entreprennent. Toutes les personnes douées ne sont pas des prodiges ou de grandes figures destinées à entrer dans l’histoire.
Être très intelligent ne signifie pas que tout est facile et qu’elles réussissent dans tout ce qu’ils entreprennent. Comme tout le monde, le succès dépend avant tout de votre volonté, de votre persévérance et de votre vision de la vie.
Certaines personnes ont une vie que l’on pourrait qualifier de réussite selon les normes courantes. Une éducation brillante, la réussite dans la vie professionnelle, un poste à haute responsabilité, la richesse financière, etc.
Mais d’autres personnes surdouées peuvent avoir une vie plus ordinaire : avoir un emploi, rencontrer des difficultés à l’école, ne pas vivre dans la richesse, etc. Les personnes douées ne ressentent pas le besoin d’exceller dans tous les aspects de leur vie. Elles peuvent être très heureuses en vivant une vie simple.
Idée 2 : elles apprennent sans effort
S’il est vrai que ces individus pensent plus vite, ils doivent néanmoins travailler et apprendre comme tout le monde. Sans effort, il n’est pas possible de devenir bon. Ils ont l’avantage d’avoir une excellente mémoire et de pouvoir se passionner pour un sujet donné. Et quand ils le font, ils ont tendance à apprendre et à stocker beaucoup de connaissances sur ce qui les intéresse.
Cependant, s’ils excellent dans un domaine, c’est parce qu’ils ont passé de nombreuses heures à étudier le sujet. Leur excellence n’est pas le fruit du hasard, mais de leur capacité à s’intéresser intensément aux choses.
Idée 3 : elles ont des difficultés sociales
On a tendance à imaginer que les personnes très intelligentes sont peu sociables. Ce cliché provient souvent du fait que dans l’enfance, les personnes surdouées ont tendance à se sentir en décalage avec les autres et souvent incomprises. Elles peuvent alors avoir du mal à établir un contact avec les autres et se retirer volontairement pour éviter la souffrance.
Certains HP ont une vie sociale très riche et rejoignent facilement un groupe. Ils peuvent faire partie de clubs sportifs, d’associations et n’ont aucune difficulté à se sentir à l’aise dans un groupe.
D’autres sont plus timides et ont du mal à entretenir des relations. Enfin, pour d’autres, il y aura un réel désir d’avoir peu d’interaction avec les autres, car ils n’en ressentent pas forcément le besoin.
Idée 4 : elles sont les premières de la classe
Nous imaginons toujours que les personnes intelligentes ont toujours été les premiers de la classe. C’est peut-être vrai, mais c’est loin d’être toujours le cas. Ce n’est pas parce qu’une personne est plus intelligente que les autres qu’elle sera bonne en tout.
Lorsque les enfants surdoués s’ennuient, ils ne sont pas intéressés et ne font généralement pas d’effort pour participer. Ce qui les motive le plus, c’est leur intérêt pour le sujet. S’ils sont intéressés par le sujet, ils mettront toute leur énergie à apprendre le plus possible. Sinon, ils ne seront pas intéressés et risquent même d’obtenir de très mauvaises notes.
Idée 5 : elles ont un sentiment de supériorité
En raison de leur haute intelligence, on a parfois l’impression que les surdoués regardent les autres de haut. Il peut arriver que les HP adoptent une posture de grande confiance en soi, mais il s’agit très souvent d’un mécanisme de défense. Ils cherchent surtout à se protéger des autres.
La plupart du temps, il s’agit de personnes qui souffrent d’un grand manque de confiance en elles. Ils ont des normes très élevées et sont très perfectionnistes. Ils ont l’impression de ne pas faire les choses assez bien. Ils souffrent souvent du syndrome de l’imposteur. Ce sont des personnes qui doutent toujours de leurs capacités et de leur aptitude à réussir.
De plus, ces personnalités adoptent souvent un “faux-self”, une attitude visant à adopter le même comportement que leur interlocuteur afin de lui plaire. Par conséquent, les hauts potentiels ne sont pas trop sûrs d’eux, mais plutôt le contraire.
Idée 6 : elles sont fortes en mathématiques
C’est probablement la plus grande idée fausse sur la douance. Toutes les personnes douées ne sont pas des génies des mathématiques. Selon Gardner, il existe plusieurs types d’intelligence. Parmi eux, on trouve :
- L’intelligence linguistique
- L’intelligence logico-mathématique
- L’intelligence spatiale
- L’intelligence intrapersonnelle
- L’intelligence interpersonnelle
- L’intelligence corporelle-kinesthésique
- L’intelligence musicale
- L’intelligence naturaliste
Si le raisonnement logico-mathématique s’accompagne généralement d’un potentiel intellectuel élevé, ce n’est pas toujours le cas. Certains développent une intelligence linguistique, par exemple, et seront très à l’aise avec les mots, mais seront incapables de résoudre un problème mathématique.
Il peut également arriver que l’enfant surdoué parvienne à trouver le résultat mathématique sans être capable d’expliquer son raisonnement, ou qu’il trouve le résultat en suivant un raisonnement différent de celui attendu par l’enseignant. Il aura alors du mal à faire ce que l’on attend de lui. Cela peut exacerber le syndrome de l’imposteur et les amener à détester les mathématiques.
Idée 7 : elles s’adaptent très facilement à leur environnement
Vous pourriez penser que les personnes très intelligentes sont plus susceptibles d’être flexibles. Après tout, l’adaptabilité est souvent reconnue comme un signe d’intelligence. Cependant, les hauts potentiels ont souvent besoin de comprendre ce qu’ils font et de lui donner un sens.
Il peut donc être difficile pour eux de suivre des règles qu’ils ne comprennent pas ou de se soumettre à l’autorité d’un chef s’ils ont l’impression que la bonne chose à faire n’est pas la bonne.
Il leur est également difficile d’accomplir une tâche si elle va à l’encontre de leurs principes. Les hauts potentiels ont un sens aigu de la justice et accordent une grande importance aux valeurs morales.
Comme nous l’avons vu, de nombreuses idées sur les hauts potentiels sont fausses. Les experts préviennent que le stéréotype du génie fou est très présent dans la société, et qu’il est du devoir de chacun de s’informer avant d’assumer des préjugés erronés.
Comment pouvons-nous apprendre à vivre avec notre potentiel ?
C’est un grand avantage d’être à haut potentiel. Vous pensez différemment et vous êtes précieux car vous apportez de nouvelles idées et trouvez des solutions là où les autres sont parfois bloqués.
Cependant, ne pas penser comme tout le monde, être en dehors du courant dominant, peut vous amener à vous remettre en question. Si vous pensez être surdoué ou si un psychologue a déjà confirmé votre haut potentiel, il peut être intéressant de parler à un thérapeute pour comprendre votre fonctionnement et vous rassurer.
Christèle Albaret, psychosociologue et fondatrice de la Clinique E-Santé, en parle dans E-Santé : “Beaucoup de personnes ont besoin de soutien moral et de force dans ce contexte qui est le leur, et la thérapie digitale permet de ne pas mettre de limites à la guérison : le psychologue est disponible tous les jours. Les patients peuvent lui écrire au milieu de la nuit via l’application, et ils recevront une réponse dans les 24 heures. Le psychologue est là, dans cette épreuve, avec eux, à tout moment et jusqu’à la fin. Un lien exceptionnel est créé”.
Références :
- Baudson TG. The Mad Genius Stereotype: Still Alive and Well. Front Psychol. 2016;7:368.