Qu'est-ce que l'apathie ?
L’apathie est l’un des concepts les plus confus et ambigus que l’on puisse trouver en relation avec les humeurs. Pour certains, c’est un syndrome qui se distingue des autres affections, pour d’autres un symptôme d’un trouble mental. Les gens utilisent couramment le terme pour décrire un état temporaire de réticence, bien que nous sachions aujourd’hui qu’il est beaucoup plus complexe que cela.
En effet, l’apathie est l’un des états les plus déroutants pour les médecins et les psychologues. Nous pouvons le considérer comme un syndrome autonome, même s’il accompagne souvent certains troubles mentaux comme la dépression. Sa particularité est qu’il dure longtemps et montre généralement une résistance aux traitements conventionnels.
Caractéristiques de l’apathie
La première chose que vous devez savoir est qu’il n’y a actuellement aucun consensus sur ce qu’est l’apathie. Habituellement, les experts l’appellent un syndrome de perte de motivation primaire. La perte de motivation n’est pas liée à une détresse émotionnelle, une déficience intellectuelle ou une diminution du niveau de conscience.
Le syndrome affecte la vie du patient de différentes manières : émotionnellement, dans son comportement, sa cognition et son interaction sociale. Contrairement à ce que l’on pense, il ne s’agit pas d’un état temporaire d’heures ou de jours, mais est généralement reporté de plusieurs semaines. En effet, et selon les chercheurs, pour qu’il soit diagnostiqué chez un patient, les critères suivants doivent converger :
- Les symptômes doivent persister pendant au moins quatre semaines.
- Ceux-ci doivent affecter au moins deux des trois dimensions fondamentales du syndrome (comportement/cognition, émotion et interaction sociale).
- Des altérations fonctionnelles identifiables doivent être présentes.
- Les séquelles ne peuvent pas être entièrement expliquées sur la base des effets d’une substance ou des changements dans l’environnement du patient.
Lorsque ces critères sont remplis, le patient peut être diagnostiqué avec ce syndrome. C’est une condition autonome des autres troubles avant la manifestation de ces variables, qui nécessite la participation de spécialistes pour la contrôler et la traiter. Les preuves indiquent qu’il est plus fréquent chez les hommes et que sa prévalence augmente avec l’âge.
Une étude publiée en 2016 dans le Journal of Affective Disorders a révélé que dans une population de 2 751 adultes en bonne santé âgés de 19 à 40 ans, l’ apathie en tant que syndrome isolé a une prévalence de 1,45 %. Ceci indépendamment d’un trouble mental sous-jacent ou d’autres explications. Il s’agit alors d’un véritable phénomène qui touche une partie importante de la population.
Causes de l’apathie
S’il est vrai que la maladie peut se développer de manière isolée, elle peut également se développer en conjonction avec une maladie sous-jacente. Les experts indiquent que l’apathie est très fréquente dans la maladie d’Alzheimer (55 %), la démence mixte (70 %), les troubles cognitifs légers (43 %), la maladie de Parkinson (27 %), la schizophrénie (56 %) et la dépression majeure (94 %).
Lorsqu’un patient développe des symptômes d’apathie causés par ces troubles mentaux, ce n’est pas un syndrome, mais plutôt un signe de ces troubles. La distinction n’est pas mineure, car pour la traiter, la condition sous-jacente doit être traitée directement.
Concernant sa manifestation en tant que symptôme isolé, les scientifiques ont découvert que les patients apathiques présentent une altération du cortex cingulaire antérieur dorsal (dACC), du striatum ventral (VS) et d’autres régions cérébrales connectées.
Ce qui précède entraîne une altération du comportement normatif lié à la motivation. Cette dernière est une composante essentielle de la volonté de travailler et de faire les choses, à la fois pour commencer, continuer, finir et trouver les raisons objectives ou subjectives de le faire.
Nous réitérons encore une fois que les experts font la distinction entre la dépression et l’apathie. Les preuves suggèrent toujours que de nombreux patients sont diagnostiqués comme dépressifs alors qu’en fait ils sont apathiques. Ce n’est pas une différence subtile, donc les individus et les spécialistes traitant ces conditions doivent être conscients des critères distinctifs.
Traitement de l’apathie
Une fois que le spécialiste aura déterminé le diagnostic du syndrome (sur la base des critères que nous avons donnés et de la recherche d’un diagnostic différentiel), le traitement commencera. L’apathie est une condition très difficile à traiter, car elle est souvent résistante aux options conventionnelles et doit être abordée sous différents angles.
Cela n’implique pas qu’elle ne puisse pas être contrôlée, mais seulement que le patient et les spécialistes doivent s’aventurer dans plusieurs alternatives avant de trouver celles qui rapportent les plus grands bénéfices. Un traitement moins invasif peut s’articuler autour des éléments suivants :
- Inclure l’exercice dans le cadre du quart de travail hebdomadaire.
- Efforcez-vous de faire des activités avec vos amis et votre famille.
- Assistez à des concerts, des pièces de théâtre, des opéras, des musées et plus encore.
- Incluez un nouveau passe-temps de la vie (si c’est dans un groupe c’est encore mieux).
- Gérez les grandes tâches en plusieurs petites (vous assurez donc de les terminer).
- Incluez des récompenses après avoir terminé une activité.
- Rejoignez des groupes de soutien aux patients apathiques.
- Suivez une thérapie avec un psychologue professionnel.
- Évitez de programmer votre quotidien dans une routine monotone ou inflexible.
- Identifiez les déclencheurs qui prédisent souvent une augmentation ou l’apparition de symptômes.
Le spécialiste peut également choisir de prendre des médicaments tels que des antidépresseurs, des antipsychotiques ou des stimulants. Ceux-ci doivent être prescrits avec précaution, car il est prouvé que dans certains cas, ils peuvent aggraver la situation.
L’apathie est un véritable syndrome, plus fréquent chez les hommes et qui s’aggrave généralement avec l’âge. Elle est difficile à traiter, même si avec un engagement personnel et celui des experts, des options efficaces peuvent être trouvées à moyen et long terme. Comme cela peut affecter la vie sous différents angles, il est conseillé de demander l’aide d’un professionnel dès que les symptômes de démotivation sont détectés.
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