Qu'est-ce que l'immunité de troupeau ?
Le terme d’immunité de troupeau est méconnu de la majorité des gens. Cependant, il est récemment devenu à la mode à la suite de certaines déclarations dans le domaine politique. Il se trouve maintenant au cœur de nombreux débats.
Mais qu’est-ce que l’immunité de troupeau ? Comment fonctionne-t-elle sur le plan individuel ou collectif ? C’est ce que nous allons voir plus en détails.
Une vision à échelle individuelle
Dans un premier temps, avant d’entrer dans le vif du sujet, il peut être utile de définir ce qu’est l’immunité individuelle :
- Une personne peut devenir résistante à une maladie une fois qu’elle l’a surmontée : le système immunitaire est capable de se souvenir de certains éléments de la menace, en la reconnaissant ainsi plus rapidement en cas de nouvelles infections et en ordonnant aux anticorps de la détruire avant qu’elle ne se reproduise
- Ceci peut se produire, en fonction de la pathologie, avec ou sans symptômes : il peut y avoir des cas asymptomatiques qui développent une immunité en ayant la maladie sans s’en rendre compte
Maintenant que nous venons de définir – sommairement – ce terme, nous pouvons entrer dans le monde de l’immunité de troupeau.
L’immunité de troupeau dans la société
L’immunité de troupeau est un terme qui fait référence à une méthode indirecte de protection individuelle. Ceci se produit quand un large pourcentage de la population est immunisé contre une maladie. Par conséquent, ceux qui ne l’ont encore pas eue ont moins de probabilités de l’attraper.
Nous devons voir la dispersion d’un agent pathogène comme le réseau d’une toile d’araignée :
- Chaque personne infectée peut transmettre l’agent pathogène à un certain nombre de citoyens en bonne santé. La transmissibilité d’un virus est représentée par la valeur R0 ou rythme reproductif basique.
- Si le R0 est de 2 unités, par exemple, cela signifie que chaque personne infectée transmettra la maladie, en moyenne, à deux autres personnes saines
- Une structure se crée donc, où chaque personne infectée se traduit par un plus grand nombre de malades au fil du temps
Le principe de base de l’immunité de troupeau est de briser cette dynamique d’expansion. Le fait que le virus atteigne une personne immunisée suppose un point mort. En effet, il ne pourra pas se transmettre au-delà. Ceci peut permettre le freinage ou l’arrêt direct de l’expansion d’une maladie.
Plus il y aura de personnes immunisées et plus le virus fera face à des points morts au moment de se répandre.
Les vaccins basent leur existence sur ce mécanisme car ils apportent une protection individuelle face à des maladies pour des personnes saines. Ainsi, les individus immunodéprimés, qui ne peuvent pas être vaccinés, auront un certain degré de protection car ils seront entourés de gens protégés.
Question de mathématiques
L’immunité de troupeau, comme tous les termes épidémiologiques, suit des modèles mathématiques. Lorsqu’une proportion critique de la population s’est immunisée face à une maladie – que ce soit à la suite d’une infection ou d’un vaccin – on atteint la limite d’immunité de troupeau (HIL).
À partir de ce point, l’agent pathogène est condamné à disparaître dans le temps. Ce point arrive quand la maladie montre un état endémique continu. Il s’agit de l’état où le nombre d’infectés n’augmente ni ne diminue de façon exponentielle.
C’est dans le calcul de ce paramètre qu’entre en jeu la valeur R0 exposée auparavant. Sa formule est la suivante, S étant la proportion de la population susceptible de contracter la maladie :
R0*S=1
Sans plonger dans d’autres chiffres et casse-têtes, nous nous limiterons à dire que, plus la valeur de S (population susceptible) sera faible, plus la valeur de R0 sera faible aussi. Cela confirme donc que plus il y a de personnes immunisées, moins la maladie avance.
Pour en savoir plus : Patient zéro, la recherche pendant la pandémie
L’immunité de troupeau et les pandémies
Il peut donc être tentant de laisser un grand pourcentage de la population s’infecter car, logiquement, cela finirait par freiner la maladie selon la théorie que nous venons d’exposer. Ceci pourrait être faisable s’il s’agissait d’un virus inoffensif.
Lorsqu’il existe un pourcentage, même minime, de possibilité que la pathologie se complique chez des groupes à risque, cette stratégie doit automatiquement être mise de côté. Numériquement parlant, elle pourrait être viable, mais les vies en jeu sont une question éthique et morale, plus qu’utilitariste.
C’est d’ailleurs pour cette raison que l’on cherche des vaccins pour stopper les maladies rapidement. L’existence d’une immunisation fera énormément diminuer la proportion de personnes saines susceptibles d’être infectées, freinant ainsi l’expansion de la maladie et mettant fin à la pandémie.