Qu'est-ce que la permanence de l'objet et quand apparaît-elle chez les bébés ?

La permanence de l'objet est un grand événement du développement cognitif. Grâce à cette compétence, les bébés comprennent qu'il existe un monde au-delà des sens.
Qu'est-ce que la permanence de l'objet et quand apparaît-elle chez les bébés ?
Elena Sanz

Rédigé et vérifié par la psychologue Elena Sanz.

Dernière mise à jour : 23 mai, 2023

Les bébés connaissent un développement physique et psychologique rapide au cours de leurs premières années de vie. Ils acquièrent une multitude de capacités qui leur permettent de mieux comprendre leur environnement et de mieux y fonctionner. Parmi les plus importantes, figure la permanence de l’objet, une compétence psychologique qui aide les enfants à comprendre qu’il existe un monde au-delà d’eux-mêmes.

Pour un nouveau-né, il n’y a que ce qu’il peut voir, toucher ou sentir. Ce qui échappe à sa propre perception n’existe tout simplement pas pour lui. La raison en est qu’il n’a pas encore la capacité de représenter mentalement des objets ou des personnes. Ainsi, si sa mère sort de son champ de vision, il ne manifestera probablement pas de signes de détresse ; et si un jouet lui est caché, il n’essaiera pas de le trouver.

Cette réalité commence à changer après quatre mois, lorsque la permanence de l’objet se développe graduellement et progressivement. Le bébé commencera à comprendre que les éléments ont leur propre existence et continuent d’existe même s’il ne les perços percevoir avec les sens. C’est une étape importante qui marque un avant et un après dans la cognition du nourrisson.

Permanence de l’objet et développement cognitif selon Piaget

Attaché depuis l'enfance.
Les nouveau-nés ne sont pas conscients de l’objet.

Le psychologue suisse Jean Piaget a apporté de grandes contributions à la compréhension de la psychologie évolutionniste, parmi lesquelles se distingue sa classification des quatre étapes du développement cognitif. Selon cet auteur, les enfants traversent différentes périodes au cours desquelles leur façon de penser, d’interpréter et de se rapporter à l’environnement varie considérablement.



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La première de ces étapes, connue sous le nom d’étape sensorimotrice, couvre de la naissance à deux ans et a la permanence de l’objet comme principale réalisation à atteindre.

Piaget a observé le développement de cette compétence en examinant comment les bébés réagissent lorsqu’ils sont présentés avec un jouet, puis le cachent avec une couverture. Progressivement, l’enfant passera d’une absence d’intention de recherche à être capable de trouver l’objet partiellement visible ou même de le trouver dans des endroits inattendus.

Sous-étapes de l’étape sensorimotrice

Toutes ces transitions se produisent dans les sous-étapes décrites par le même auteur :

  • Activité réflexe : Au cours du premier mois de vie, le bébé agit principalement par des réflexes innés. Il apprend à bouger son corps et peut suivre un objet des yeux, mais ce qui échappe à son champ de perception cesse d’exister pour lui.
  • Réactions circulaires primaires : Entre le premier et le quatrième mois, le nourrisson agit déjà plus intentionnellement et porte plus d’attention aux objets. Cependant, il ne comprend toujours pas qu’ils continuent d’exister au-delà de ses sens.
  • Réactions circulaires secondaires : Entre quatre et huit mois, les premières notions de permanence de l’objet commencent à émerger. L’enfant essaiera déjà d’atteindre les jouets partiellement cachés, car il comprendra que le reste du jouet est également là.
  • Coordination des relations circulaires secondaires : De huit à douze mois s’installe la permanence de l’objet lui-même. À ce moment-là, le bébé cherchera et pourra récupérer des objets complètement cachés, tant qu’il a vu où ils ont été cachés.
  • Réactions circulaires tertiaires : Entre 12 et 18 mois, l’enfant est capable de rechercher un objet dans les endroits où il se trouve habituellement. Il sait que l’objet existe même s’il ne le voit pas et le cherche dans les endroits les plus familiers. Il ne lui viendra pas à l’esprit de le chercher dans un endroit inconnu.
  • Résolution de problèmes symboliques : De 18 à 24 mois, l’enfant comprend que l’objet peut être n’importe où, même s’il n’a pas vu où il est caché. Il parvient à se faire une représentation mentale de l’objet et peut imaginer qu’il se trouve à divers endroits.

La permanence de l’objet et sa relation avec l’angoisse de séparation

La permanence des objets est essentielle pour que le bébé fonctionne dans l’environnement, mais elle a aussi une grande influence sur le plan social. Avant, l’enfant considérait que les personnes cessaient d’exister quand il ne les percevait pas, il apprend ensuite qu’elles continuent d’exister et comprend donc qu’elles sont parties. Ce qu’il ne sait pas, c’est quand ces personnes reviendront et si elles reviendront.

Pour la même raison, avec le développement de la permanence de l’objet apparaît également l’anxiété de séparation bien connue. Le nourrisson qui auparavant restait calme et serein lorsqu’on le laissait seul au berceau ou lorsque ses parents le laissaient aux soins d’autrui, peut maintenant réagir avec beaucoup d’angoisse, de pleurs et de désespoir dans ces mêmes situations.

Avant, il ne percevait pas clairement la séparation entre lui et le reste du monde. Maintenant, il sait que ses figures d’attachement sont des individus différents de lui et il craint qu’ils ne s’en éloignent.



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Comment stimuler l’apprentissage de la permanence de l’objet ?

Qu'est-ce que la permanence de l'objet et quand apparaît-elle chez les bébés ?
A partir de 24 mois environ, les enfants commencent à comprendre que l’objet persiste même s’ils ne le voient pas.

La permanence des objets est une étape du développement que tous les bébés atteignent tôt ou tard. Il est à noter que les âges proposés par Piaget sont indicatifs et que chaque enfant peut suivre son propre rythme.

Ses postulats ont reçu diverses critiques. Certains auteurs comme Bower affirment que cette capacité est présente à des âges beaucoup plus précoces.

Dans tous les cas, cet apprentissage peut être stimulé par des jeux et des activités simples avec le bébé :

  • Peek-a-boo : Ce jeu populaire consiste à couvrir votre visage avec vos mains et à demander à votre enfant “Où est maman ?” Par la suite, vous dévoilez votre visage en s’exclamant “Je suis là !”. Les bébés plus jeunes, qui n’ont pas encore développé la permanence de l’objet, réagiront avec fascination.
  • Cache-cache : il est également possible de cacher des poupées et de voir si le petit les cherche. Cachez-les d’abord partiellement, puis totalement. Plus tard, vous pouvez les cacher lorsque l’enfant ne les voit pas. Vous pouvez développer cette même dynamique avec vous-même : cachez-vous.
  • Boîtes de permanence Montessori : ce jouet peut être utilisé à partir de six mois. Il permet à l’enfant d’insérer un objet dans une fente, de voir comment il disparaît quelques instants et de pouvoir le récupérer soit automatiquement (boîtes avec un plateau) soit en ouvrant la porte ou le tiroir de la boîte où il a été inséré.

Dans tous les cas, ne vous inquiétez pas si votre enfant est quelque peu en retard sur l’âge recommandé pour développer cette compétence. Rappelez-vous qu’il ne s’agit pas de stimulation et qu’à un moment donné, il acquerra cette capacité. Pour l’instant, amusez-vous à le regarder comprendre comment le monde fonctionne.


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  • Bower, T. G. R., & Wishart, J. G. (1972). The effects of motor skill on object permanence. Cognition, 1, 165–172.
  • Feldman, R. (2007). Modelo del desarrollo cognoscitivo de Piaget. En Desarrollo Psicológico. (pp. 158-167). México: Pearson.
  • Piaget, J. (1964). Part I: Cognitive development in children: Piaget development and learning. Journal of research in science teaching2(3), 176-186.

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