Trouble du deuil prolongé : qu'est-ce que c'est et comment le surmonter ?
La perte d’un être cher implique un processus de deuil. Mais lorsque ce processus est trop long, il peut s’agir du trouble de deuil prolongé.
Chacun vit le deuil à sa façon et doit se laisser de temps de surmonter la perte. Toutefois, ce temps ne doit pas amener la personne à se noyer. Le deuil doit permettre de garder un souvenir agréable de l’être perdu, ainsi que de tirer un apprentissage de la perte.
Qu’est-ce que le trouble du deuil prolongé ?
Le trouble du deuil prolongé a récemment été intégré au Manuel diagnostique et statistique des maladies mentales. Ce trouble renvoie à la souffrance liée à une perte qui dure un an ou plus et qui a un impact sur la vie quotidienne de la personne.
Le trouble du deuil prolongé rappelle le deuil chronique. La personne ne peut pas tolérer ou assumer la perte, elle reste donc coincée dans cet événement douloureux. De nombreuses personnes déclarent se sentir “dans une réalité suspendue”.
Pour comprendre ces cas, il faut se demander s’il est possible d’intégrer la perte. Par exemple, si la personne endeuillée vivait avec la personne décédée, elle décide de ne rien changer à son espace de vie.
Ce n’est pas un phénomène nouveau, mais il a reçu une plus grande notoriété depuis la pandémie de COVID-19. En raison de la situation sanitaire, de nombreuses personnes n’ont pas pu dire au revoir à leurs proches décédés, ce qui a compliqué le processus de deuil.
Bien qu’il soit nécessaire de souligner que le deuil est propre à chacun, c’est aussi un processus qui passe par des étapes jusqu’à atteindre le moment où la personne parvient à aller de l’avant. Elle n’oublie pas la personne décédée, mais l’absence devient tolérable.
Les facteurs de risque
Parmi les facteurs qui influencent un deuil prolongé, figurent les suivants :
- Absence d’un groupe ou d’un réseau social capable de fournir un soutien
- Avoir passé beaucoup de temps à s’occuper de la personne décédée ; la personne a des difficultés à trouver un nouveau sens à la vie
- Antécédents pathologiques de troubles anxieux ou dépressifs
- Perte de membres de la famille due au COVID-19 ou à un autre événement traumatisant, comme une disparition physique soudaine due à un meurtre ou à UN accident ; une telle perte provoque un fort impact émotionnel.
- Avoir vécu avec la personne décédée et type de relation, ainsi que des sentiments ambivalents (amour/haine)
- Situation économique : la personne décédée était le principal pourvoyeur de la famille
- Sexe : certains critiques indiquent que le sexe influence la façon dont sera vécu le deuil
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Les symptômes du trouble du deuil prolongé
Parmi les symptômes de ce trouble, figurent les suivants :
- Des pensées obsessionnelles, récurrentes ou ruminantes surgissent concernant la personne décédée. Par exemple, les circonstances avant le décès sont examinées à maintes reprises, en essayant d’identifier si quelque chose de différent aurait pu être fait.
- Difficulté à apprécier des activités qui procuraient autrefois de la joie ou du plaisir. Il y a de l’apathie.
- Les conversations peuvent devenir monothématiques. La personne ne fait que d’évoquer des souvenirs en lien avec la personne décédée.
- La personne ne voit pas de sens à la vie elle-même. C’est comme si tout était suspendu. Dans certains cas, la personne pense beaucoup à la mort.
- Difficultés liées au repos : insomnie, cauchemars.
Ce sont là des symptômes typiques de tout deuil. Pour parler d’un trouble, il faut considérer la durée, l’intensité et la manière dont la vie quotidienne est altérée.
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Comment faire face au trouble du deuil prolongé ?
Voici quelques recommandations pour accompagner quelqu’un qui traverse un deuil complexe :
- Il est important de faire confiance à la personne, de l’encourager à aller de l’avant. En ce moment, cette dernière est incrédule quant à ses propres capacités.
- Organisez (ou acceptez) des activités pour la faire sortir de ce cercle vicieux. Elle doit rencontrer d’autres personnes, se promener, entre autres.
- Maintenez une écoute ouverte, active, sans préjugés. Permettez à la personne endeuillée de s’exprimer et évitez des phrases toutes faites. Faites preuve d’empathie.
- Rendez-vous disponible, mais ne vous imposez pas. Respectez les besoins de l’autre.
Au-delà de ces recommandations, gardez à l’esprit que chaque personne est unique et vous devez donc adapter votre accompagnement. Il n’y a pas de recette universelle.
Accompagner le deuil, mais pas le pathologiser
Depuis son incorporation dans le Manuel de diagnostic susmentionné (connu sous le nom de DSM-V), des positions diverses et controversées ont également surgi. C’est un débat qui dure depuis des années dans le monde de la santé mentale.
D’un côté, les partisans disent qu’il faut offrir des outils à ceux qui vivent cette situation particulière. Tout comme on le fait avec ceux qui ont des phobies ou souffrent d’un autre trouble.
De l’autre, il y a les voix qui s’opposent à cette idée. Elles considèrent que faire cela revient à pathologiser un processus naturel. Pour ces voix, c’est aussi une façon de marchandiser et même de médicaliser la douleur.
Peut-être s’agit-il de faire une lecture complète du contexte, selon le cas particulier de chacun. Il ne s’agirait pas de pathologiser, mais de fournir des outils et de vérifier qu’il n’y a pas d’autres facteurs de fond.
Normalisons le fait qu’il y a des personnes qui ont besoin de plus de temps que d’autres, tout comme il y a celles qui peuvent avoir besoin de plus d’aide. Accepter que la douleur fait partie de la société et de la vie est la clé.
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