La toxine botulique, un poison mortel

La toxicité de cette substance est 600 millions de fois supérieure à celle du cyanure, cependant, les médecins ont su trouver son usage thérapeutique.
La toxine botulique, un poison mortel
José Gerardo Rosciano Paganelli

Rédigé et vérifié par le médecin José Gerardo Rosciano Paganelli.

Dernière mise à jour : 26 septembre, 2022

La toxine botulique est une exotoxine produite par une bactérie anaérobie appelée Clostridium botulinum. Les exotonines sont des molécules sécrétées de manière extraordinaire par certains micro-organismes capables de causer de grands dommages à leur hôte. Il existe différents types de classification pour ces molécules.

Par exemple, en fonction du tissu qu’ils affectent, en distinguant les neurotoxines, les cardiotoxines, les pneumotoxines, entre autre.

En règle générale, les exotoxines sont reconnues comme antigènes par le système immunitaire de l’hôte. Cependant, beaucoup sont si toxiques (comme dans le cas de certaines clostridies pathogènes) qu’ils sont mortels pour l’individu avant que la réponse immunitaire ne se développe.

La toxine botulique, en particulier, est produite par différentes souches de Clostridium botulinum.

Le danger de la toxine botulique

Il s’agit du poison le plus mortel qui existe. Il surpasse en effet même certains composés artificiels développés par les humains. La toxicité de cette molécule est 600 millions de fois supérieure à celle du cyanure. Un seul gramme de toxine botulique serait suffisant pour mettre fin à la vie d’un million de cobayes.

L’ampleur de sa toxicité est telle qu’elle a été déclarée arme de destruction massive par les Conventions de Genève et la Convention sur les armes chimiques.

Il s’agit d’un traité international de maîtrise des armements interdisant la production et l’utilisation d’armes chimiques. La plupart des états du monde le signèrent (192 sur 195). Seuls la Corée du Nord, de l’Egypte et du Sud Soudan s’y refusèrent.

Il existe sept types de souches de C. botulinum, sérologiquement différentes. Elles produisent différents types de botunlines : A, B, C, D, E, F et G. Les souches C et D étant les seules à produire plus d’un type de toxine. Les toxines les plus pathogènes sont A, B et E.

Seules les souches qui produisent ces exotoxines seront capables de déclencher le botulisme chez l’homme (parfois aussi la F). Il s’agit d’une maladie alimentaire très inhabituelle que déclenche la consommation d’aliments intoxiqués par ces substances.

Elle est caractérisée par la perte de la fonction musculaire progressive due à l’effet neurotoxique de la botuline. Elle peut être fatale si elle affecte les muscles qui interviennent dans la fonction respiratoire.

Jusqu’à une date relativement récente, la mortalité de cette maladie était très élevée. La découverte d’un antidote permit cependant de réduire les cas mortels à 20%.

Mécanisme d’action de la botuline

La toxine botulique a un effet neurotoxique. Autrement dit, elle s’attaque au système nerveux de l’individu affecté. Pour entrer dans le contexte, il faut se souvenir du fonctionnement d’un neurone et de la transmission de l’influx nerveux.

Les neurones se chargent de la propagation du potentiel d’action, ce que l’on appelle l’influx nerveux, et sa transmission à d’autres neurones ou cellules effectives.

La propagation du potentiel d’action le long de l’axone neuronal est un phénomène électrique. D’autre part, la transmission de l’influx nerveux d’un neurone à un autre ou à une cellule effective dépend de la libération de neurotransmetteurs qui interagissent avec des récepteurs spécifiques.

Certains médicaments peuvent modifier la quantité de neurotransmetteur libérée dans la transmission de l’afflux nerveux, ce qui arrive aussi lorsque vous êtes amoureux. C’est le cas de la toxine botulique.

Les neurones effecteurs, c’est-à-dire ceux responsables de la transmission de l’influx nerveux aux muscles, sont la cible principale de cette toxine.

La toxine botulique exerce son action sur les terminaisons nerveuses cholinergiques. Elle empêche alors la libération de l’acétylcholine, le principal neurotransmetteur qui intervient dans la contraction musculaire. Les muscles affectés sont ainsi complètement inutilisés.

L’importance de la toxine botulique en médecine

Malgré le danger que cela représente pour les humains, il y a quelques décennies, les chercheurs découvrirent qu’en utilisant des fractions infinitésimales, la toxine botulique avait un puissant pouvoir thérapeutique.

Cette découverte se fit dans le traitement de la spasticité, une maladie caractérisée par des contractions musculaires involontaires chroniques.

Si le muscle affecté est localisé et qu’une petite quantité de toxine botulique est appliquée, la spasticité musculaire peut être presque complètement atténuée.

Cependant, ce n’est pas la seule maladie pour laquelle elle est utilisée. Les médecins trouvèrent la toxine botulique utile pour le traitement du strabisme, de l’hyperactivité vésicale et même de la migraine.

En plus, cette substance est devenue extrêmement populaire dans le domaine de l’esthétique. Le Botox que l’on connait, n’est rien de plus que le nom commercial de la toxine botulique de type A.

Cette popularité est due à son pouvoir de diminuer les rides et les marques d’expression pendant des mois, en appliquant une quantité minimale de botuline sur le muscle responsable de la ride.



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