Alimentation désordonnée et trouble de l'alimentation : en quoi diffèrent-ils ?

L'alimentation désordonnée et les troubles de l'alimentation sont liés, mais ce sont des troubles différents. Découvrez ici quelles sont leurs différences !
Alimentation désordonnée et trouble de l'alimentation : en quoi diffèrent-ils ?
Maria Patricia Pinero Corredor

Rédigé et vérifié par la nutritionniste Maria Patricia Pinero Corredor.

Dernière mise à jour : 06 février, 2023

Le comportement alimentaire est multi-causal, car il s’est concentré sur le « mythe de la beauté ». Dans ce contexte, les comportements sont modifiés, des comportements qui peuvent déboucher sur une alimentation désordonnée ou sur un trouble de l’alimentation.

De quoi s’agit-il ? Ce sont deux concepts différents. L’obsession qui consiste à calculer les calories ingérées, entre autres, peut mettre la santé mentale, émotionnelle et physique à risque, et une alimentaire désordonnée peut devenir un trouble de l’alimentation.

Par ailleurs, même si une alimentation désordonnée n’est pas un trouble de l’alimentation, c’est un comportement anormal qui comporte des risques. Apprenez ici à reconnaître les signes avant-coureurs et découvrez comment y faire face.

Les caractéristiques d’une alimentation désordonnée

Selon le Center for Young Women’s Health, le terme « alimentation désordonnée » est utilisé de manière descriptive et non pour diagnostiquer un trouble de l’alimentation. Cependant, les comportements et les schémas de la personne peuvent favoriser un trouble de ce type.

On parle d’alimentation désordonnée lorsque les repas sont préparés pour des raisons autres que la faim et la nutrition. Cette recherche donne quelques exemples de comportements qui caractérisent cette alimentation :

  • Manger par ennui ou par stress
  • Sauter les repas
  • Manger pour cacher ses émotions.
  • Éviter les principaux groupes d’aliments
  • Manger la même chose tous les jours.

La même recherche explique qu‘il n’y a qu’un pas entre une alimentation désordonnée et un trouble de l’alimentation. Un comportement obsessionnel concernant les quantités et les types d’aliments peut entraîner une hyperphagie boulimique ou conduire à l’anorexie mentale.

En d’autres termes, une alimentation désordonnée regroupe une alimentation malsaine et des comportements corporels destinés à perdre du poids ou à favoriser la santé. Lorsque cette situation se maintient dans le temps, la personne risque de souffrir de maladies et de problèmes d’estime de soi, entre autres.

Caractéristiques d'une alimentation désordonnée.
Sans une intervention rapide, une alimentation désordonnée peut évoluer vers un trouble de l’alimentation.

Les symptômes caractéristiques d’une alimentation désordonnée

Une alimentation désordonnée peut gravement nuire à la santé. Pour cette raison, il faut être attentif aux signes avant-coureurs. Ce sont les suivants :

  • Fluctuations de poids constantes
  • Régime yo-yo à long terme
  • Régimes et exercices extrêmement rigides
  • Obsession pour le corps, l’exercice et la nourriture.
  • Anxiété liée à l’image personnelle
  • Comportement compulsif
  • Sentiments de culpabilité ou de honte en cas d’écart
  • Mesures compensatoires, telles que la restriction alimentaire, des exercices extrêmes, le jeûne et même l’utilisation de laxatifs
  • Sauter les repas
  • Problèmes digestifs
  • Alimentation compulsive
  • Comptage les calories
  • Problèmes de faible estime de soi
  • Évitement des événements sociaux qui incluent la nourriture


Comment différencier une alimentation désordonnée d’un trouble de l’alimentation ?

Phillipa Hay et Jane Morris, dans leur chapitre sur les troubles de l’alimentation, soulignent que la différence la plus importante entre l’alimentation désordonnée et les troubles de l’alimentation est liée aux symptômes et aux expériences de la personne. Il faut déterminer si ceux-ci répondent aux critères de diagnostic d’un certain type de trouble de l’alimentation.

Un article partagé dans Eating and Weight Disorders indique qu’une personne ayant une alimentation désordonnée adopte des comportements similaires à ceux qui souffrent de troubles de l’alimentation. Cependant, les symptômes sont moins fréquents et moins graves.

Par ailleurs, via The American Journal of Clinical Nutrition, un groupe de spécialistes a déterminé que si une alimentation désordonnée n’est pas prise en charge ou traitée à temps, elle peut se transformer en anorexie mentale, en hyperphagie boulimique ou en boulimie. Ces pathologies peuvent se présenter différemment chez chaque patient et avoir des conséquences à vie.



Les effets des troubles de l’alimentation sur la santé

Bien qu’au début ces problèmes passent inaperçus, ils entraînent des conséquences négatives sur la santé physique et mentale. Beaucoup laissent même des séquelles à vie. Voyons leurs principaux effets.

Les troubles de l’alimentation courants

Les troubles de l’alimentation provoquent des pensées obsessionnelles à propos de la nourriture, 7 jours sur 7, 24 heures sur 24. La personne ne pense qu’aux calories, à l’exercice, à la planification des repas, à la frénésie ou à la purge.

  • Anorexie mentale. Une étude de l’Université de Cambridge décrit ce trouble comme une altération préjudiciable de l’image et de la forme du corps. Il existe deux types. D’un côté, il y a l’anorexie restrictive : les aliments sont restreints pour favoriser la perte de poids. L’autre type comprend les crises de boulimie et de purge, par le biais de laxatifs, de diurétiques, de vomissements provoqués ou d’exercices extrêmes.
  • Boulimie nerveuse. Une autre recherche décrit la boulimie comme un trouble alimentaire grave, qui se caractérise par l’ingestion de quantités excessives de nourriture rapidement. La culpabilité et la honte s’ensuivent, entraînant des vomissements auto-induits, des abus de laxatifs et des exercices extrêmes.

D’autres types de troubles liés à la boulimie et à l’anorexie

Choate et Gintner affirment que l’anorexie et la boulimie ont beaucoup en commun, car les deux troubles impliquent des crises de boulimie et de purge. Ces auteurs ont décidé de considérer la frénésie alimentaire et la purge comme un sous-type de trouble de l’alimentation.

  • Trouble de l’hyperphagie boulimique. Ce sous-type de trouble est le plus courant, car il est présent à la fois dans l’anorexie et la boulimie. Un article récent explique que les crises de boulimie et de purge sont caractérisées par des épisodes d’alimentation lourde, suivis de vomissements provoqués, d’abus de diurétiques, de laxatifs ou d’exercice excessif. En cas de frénésie, la personne perd complètement le contrôle en mangeant.
  • Vomissements auto-induits. Ce type de vomissement est un type de comportement de purge. L’exercice excessif et l’abus de laxatifs et de diurétiques sont également inclus. Ce comportement est souvent suivi d’épisodes de frénésie alimentaire « hors de contrôle ». De plus, la personne mange vite, et ce, même si elle est rassasiée.
Types de boulimie
Les crises de boulimie suivies d’une purge sont des signes évidents d’un trouble de l’alimentation. L’aide d’un professionnel est essentielle.

D’autres problèmes de santé

Une alimentation désordonnée comprend un risque accru d’obésité, de perte osseuse, de troubles gastro-intestinaux, une fréquence cardiaque basse, une pression artérielle basse, un déséquilibre hydrique et électrolytique, la dépression, l’isolement social et une anxiété accrue.

Comment corriger une alimentation désordonnée ?

Heureusement, il existe des outils pour gérer une alimentation désordonnée avant qu’un trouble de l’alimentation ne survienne. La revue Pharmacologie & thérapeutique explique comment prévenir et corriger ces troubles. Voici leurs recommandations :

  • Acceptez votre corps tel qu’il est. Ne vous critiquez pas en vous regardant dans le miroir et pensez que votre corps est un véhicule qui vous permet de vous déplacer tout au long de la journée. Remplacez le discours intérieur négatif par des déclarations positives. Reconnaissez toutes les choses que votre corps peut faire.
  • Evitez les régimes à la mode. Il est recommandé d’adopter une alimentation saine avec modération. Cela évitera les sentiments de privation.
  • Évitez la balance. L’utilisation de la balance peut être obsessionnelle et conduire à des schémas extrêmes de perte de poids. Remplacez la balance par votre ressenti.
  • Planifiez une routine d’exercices saine. Vous devez tenir compte de la fréquence à laquelle vous faites de l’exercice et vous fixer un objectif. Vous devriez profiter de ce moment plutôt que de le voir comme un sacrifice pour perdre du poids.

En cas de comportements alimentaires sévères, l’aide d’un professionnel est requise. Un diététicien expérimenté ou un psychothérapeute peut vous aider à pratiquer une alimentation plus intuitive.

L’idéal est de compter sur une équipe de traitement multidisciplinaire pour traiter tous les déclencheurs. Cette équipe doit travailler en étroite collaboration pour atteindre les objectifs fixés. Avec une intervention opportune et appropriée, il y a de grandes chances de surmonter le problème.


Toutes les sources citées ont été examinées en profondeur par notre équipe pour garantir leur qualité, leur fiabilité, leur actualité et leur validité. La bibliographie de cet article a été considérée comme fiable et précise sur le plan académique ou scientifique


  • Toledo-Morales, P. & Sánchez-García, J.M. (2006). Trastornos de la  conducta alimentaria en el contexto escolar. En M.J. Gómez & P. Toledo-Morales (Coord.), Educación para la salud: la promoción de  estilos de vida saludables en la escuela, (pp. 80-100). Sevilla: @prende-iea. ISBN: 978-84-690-1076-1.
  • Center for Young Women´s Health.Trastornos Alimenticios: Información General. Disponible en: https://youngwomenshealth.org/2001/06/29/desordenes-de-la-alimentacion/#:~:text=Alimentaci%C3%B3n%20desordenada%20es%20un%20t%C3%A9rmino,de%20desarrollar%20un%20trastorno%20alimenticio.
  • Reyna María Cruz Bojórquez, María Luisa Ávila Escalante, María de la Cruz Cortés Sobrino Rosalía Vázquez Arévalo, Juan Manuel Mancilla Díaz. Restricción alimentaria y conductas de riesgo de trastornos alimentarios en estudiantes de Nutrición. Psicología y Salud. 2008, 18, 2, pp. 189-198.
  • Marie Galmiche, Pierre Déchelotte, Grégory Lambert, Marie Pierre Tavolacci, Prevalence of eating disorders over the 2000–2018 period: a systematic literature review, The American Journal of Clinical Nutrition, Volume 109, Issue 5, May 2019, Pages 1402–1413, https://doi.org/10.1093/ajcn/nqy342
  • M Yannakoulia , A L Matalas, N Yiannakouris, C Papoutsakis, M Passos, D Klimis-Zacas. Disordered eating attitudes: an emerging health problem among Mediterranean adolescents. Eat Weight Disord, 2004 Jun;9(2):126-33. doi: 10.1007/BF03325056.
  • Jamie-Lee Pennesi, Tracey D. Wade, A systematic review of the existing models of disordered eating: Do they inform the development of effective interventions?, Clinical Psychology Review, 2016, Volume 43, Pages 175-192, https://doi.org/10.1016/j.cpr.2015.12.004.
  • Brockmeyer, T., Friederich, H., & Schmidt, U. (2018). Advances in the treatment of anorexia nervosa: A review of established and emerging interventions. Psychological Medicine, 48(8), 1228-1256. doi:10.1017/S0033291717002604
  • Savani Bartholdy  , Peter Musiat, Iain C Campbell, Ulrike Schmidt. The potential of neurofeedback in the treatment of eating disorders: a review of the literature. Eur Eat Disord Rev, 2013 Nov;21(6):456-63.
  • Choate, L. H., & Gintner, G. G. (2016). Feeding and eating disorders. In B. Flamez & C. J. Sheperis (Eds.), Diagnosing and treating children and adolescents: A guide for mental health professionals (pp. 315–339).
  • Serra, R., Di Nicolantonio, C., Di Febo, R. et al. The transition from restrictive anorexia nervosa to binging and purging: a systematic review and meta-analysis. Eat Weight Disord (2021). https://doi.org/10.1007/s40519-021-01226-0
  • Dooley-Hash S. (2021) Acute Care of Eating Disorders. In: Zun L.S., Nordstrom K., Wilson M.P. (eds) Behavioral Emergencies for Healthcare Providers. Springer, Cham. https://doi.org/10.1007/978-3-030-52520-0_19
  • Himmerich H, Kan C, Au K, Treasure J. Pharmacological treatment of eating disorders, comorbid mental health problems, malnutrition and physical health consequences. Pharmacology & Therapeutics. Published online August 2020. doi:10.1016/j.pharmthera.2020.107667
  • Hubertus Himmerich, Carol Kan, Katie Au, Janet Treasure, Pharmacological treatment of eating disorders, comorbid mental health problems, malnutrition and physical health consequences, Pharmacology & Therapeutics, Volume 217, 2021, 107667, ISSN 0163-7258, https://doi.org/10.1016/j.pharmthera.2020.107667. (https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0163725820301972)
  • Sergio Melotto, Clinical pharmacology of eating and not eating, Current Opinion in Pharmacology, Volume 14, 2014, Pages 1-5, ISSN 1471-4892, https://doi.org/10.1016/j.coph.2013.09.015. (https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S1471489213001884

Ce texte est fourni à des fins d'information uniquement et ne remplace pas la consultation d'un professionnel. En cas de doute, consultez votre spécialiste.