L'influence du décalage horaire sur l'adaptation des joueurs pour Qatar 2022
Le décalage horaire pourrait également jouer un rôle dans la Coupe du monde Qatar 2022. Même si les équipes arriveront tôt sur place, et que certaines disputeront des matchs seulement après plusieurs jours passés dans leur résidence temporaire, l’effet de ce désordre ne peut être sous-estimé.
Aussi connu sous le nom de dysrythmie circadienne, ce problème est un vieux compagnon des joueurs de football. Les compétitions internationales sont fréquentes et les équipes haut de gamme passent plusieurs heures dans les avions.
Lorsque le corps traverse différents fuseaux horaires pendant un long voyage, ses horloges biologiques se dérèglent. Ainsi, à l’arrivée et à l’atterrissage, des symptômes gênants apparaissent, lesquels pourraient affecter les performances sportives.
Pourquoi le décalage horaire se produit-il ?
Le décalage horaire sera présent à Qatar 2022, car les équipes devront entreprendre un long voyage pour atteindre le lieu de l’événement de football. Avec plus ou moins d’heures de vol, les joueurs devront voyager à travers différents fuseaux horaires.
Maintenant, ce trouble n’est pas exclusif aux athlètes. Tout le monde peut en souffrir et les causes s’expliquent par les phénomènes suivants.
Le changement des rythmes circadiens
Les voyages en avion peuvent nous déposer dans un pays qui se réveille, alors que le cerveau pense qu’il est temps de dormir. Nous sommes programmés pour des routines veille-sommeil qui, lorsqu’elles sont altérées par des conditions extérieures, génèrent des symptômes gênants.
Traverser des fuseaux horaires n’est pas fatal et le décalage horaire ne dure pas éternellement. Cependant, l’adaptation n’est pas toujours rapide. Il faut généralement compter au moins une journée d’adaptation à la nouvelle destination pour nous mettre au diapason de l’heure locale.
Le rôle de la lumière du soleil
En continuant avec l’exemple du point précédent, il peut arriver que nous partions pendant la journée et que nous arrivions également pendant la journée, alors que le cerveau pense qu’il fait nuit. Un paradoxe se forme entre ce que le corps veut (sommeil) et le signal extérieur (lumière du soleil).
La rétine de l’œil, l’hypothalamus dans le cerveau et l’hormone mélatonine sont tous susceptibles d’être stimulés par la lumière du soleil. Le rôle qu’ils jouent dans le rythme circadien est fondamental et, compte tenu des témoignages contradictoires de l’environnement, il est logique qu’ils y ait des déséquilibres.
Les conditions de l’avion
Les voyages en avion ont des particularités qui répondent à la pression à l’intérieur de la cabine et aux grandes hauteurs atteintes. Il existe des symptômes plus évidents, tels que le barotraumatisme de l’oreille ou la barodontalgie, mais d’autres sont subtils. Par exemple, une difficulté à s’endormir pendant le transfert.
Il ne faut pas non plus sous-estimer la possibilité d’une légère déshydratation. Les niveaux d’humidité dans les cabines des avions sont faibles, ce qui favorise une perte progressive d’eau corporelle.
Qu’adviendra-t-il des joueurs du Qatar 2022 à cause du décalage horaire ?
Le décalage horaire pourrait affecter les performances sportives des joueurs de football participant à Qatar 2022. En effet, il y a eu des controverses concernant les derniers sites, en raison des longues distances à parcourir pour s’y rendre. La Russie et le Qatar apparaissent éloignés sur la carte européenne et américaine.
Les symptômes directs du trouble compliquent les aspects quotidiens de la qualité de vie. Chez un joueur d’élite, ces petites modifications ne sont pas si petites.
Pensons, par exemple, aux troubles du sommeil. Une personne atteinte de dysrythmie circadienne souffre d’insomnie les premiers jours dans sa nouvelle destination. Chez un footballeur, cela signifierait des changements au niveau des horaires d’entraînement.
Le décalage horaire se traduit par une accumulation de fatigue. Un mauvais sommeil, des heures passées dans l’avion et une légère déshydratation contribuent tous à une perte d’énergie notable.
A cela, il faut ajouter, le stress des compétitions. Une Coupe du monde est un événement capital dans une carrière sportive. Allant des joueurs qui affronteront leur premier rendez-vous de ce type à ceux qui ne joueront plus de tournois avec leur équipe nationale ; chacun traverse diverses émotions et angoisses qui s’ajoutent à l’épuisement physique-mental.
Enfin, les troubles digestifs liés au décalage horaire méritent une mention spéciale. Il y a des personnes qui, du fait du décalage horaire, passent un ou deux jours avec des vomissements, de la diarrhée ou constipés.
Ces conditions gastro-intestinales compliquent l’entraînement des équipes de football. Les joueurs peuvent devenir déshydratés, plus fatigués et le risque de blessure augmente. La perte d’électrolytes augmente la faiblesse des fibres musculaires, les rendant plus sensibles aux déchirures ou aux contractures.
Le contexte de la Coupe du monde 2014 au Brésil
Une étude scientifique a déjà révélé les problèmes que le décalage horaire cause aux joueurs et pourrait être utilisée pour analyser l’avenir de Qatar 2022. Dans l’étude, les auteurs ont analysé diverses variables qui ont affecté les performances des équipes au Brésil 2014.
Ils ont observé de moins bonnes performances de football chez les joueurs qui devaient voyager vers l’est pour leurs compétitions. Le décalage horaire semblait plus apparent et plus préjudiciable dans ce sens.
Cependant, le facteur décisif s’est avéré être la proximité du lieu, plutôt que les effets du décalage horaire. Les équipes proches du Brésil, c’est-à-dire les Américains, avaient une probabilité plus élevée d’atteindre les quarts de finale.
Ainsi, la durée du trajet semble être un facteur plus important que le décalage horaire et ses effets sur l’horloge biologique. La fatigue du voyage serait beaucoup plus pertinente que la synchronisation des rythmes circadiens.
Plus de temps dans l’avion, c’est moins de mouvement pour les jambes, de déshydratation et de troubles du sommeil. Cette combinaison n’est bonne pour aucun sportif.
Cette étude a également pris en compte le climat. La chaleur au Brésil faisait partie des facteurs qui modifiaient les performances sportives. Et au Qatar, nous devrions nous attendre à une situation similaire.
L’humidité du Brésil a changé la sensation thermique. Les auteurs de la publication soutiennent que, les jours sans nuages dans le ciel, les joueurs ont couru à une intensité plus élevée pendant plus de minutes que les jours nuageux (qui sont généralement plus humides).
Le décalage horaire changera-t-il le sort de la Coupe du monde au Qatar ?
Pour les chercheurs Biggins et al., les jeunes footballeurs n’ont aucun problème à se remettre d’un long voyage. Chez eux, en raison de leur entraînement et de leurs conditions physiques, le décalage horaire ne serait pas un problème.
Les gênes surviennent lorsque de nombreux trajets s’accumulent en peu de temps. C’est le cas de certaines compétitions internationales qui chevauchent des tournois locaux. Les chercheurs Lastella et al. ont observé des réductions de performances dans ces scénarios.
Pour la Coupe du monde, il y aura des professionnels dédiés à la préservation de la santé des participants. Depuis 2009, nous savons que le protocole pour les sportifs est d’éviter les siestes et de se concentrer sur le sommeil la nuit, ainsi que de planifier les activités physiques selon la chronobiologie. En d’autres termes, ils doivent s’entraîner après le petit déjeuner avec une bonne intensité, faire des exercices plus détendus dans la journée et renforcez l’effort le soir, avant le dîner.
Le décalage horaire changera-t-il le sort de Qatar 2022 ? Les formateurs tenteront de faire en sorte qu’il n’en soit pas ainsi.
Toutes les sources citées ont été examinées en profondeur par notre équipe pour garantir leur qualité, leur fiabilité, leur actualité et leur validité. La bibliographie de cet article a été considérée comme fiable et précise sur le plan académique ou scientifique
- Biggins, Michelle, et al. “Impact of Long-Haul Travel to International Competition on Sleep and Recovery in Elite Male and Female Soccer Athletes.” International Journal of Sports Physiology and Performance 1.aop (2022): 1-10.
- Janse van Rensburg, Dina C., et al. “Managing travel fatigue and jet lag in athletes: a review and consensus statement.” Sports Medicine 51.10 (2021): 2029-2050.
- Lastella, Michele, Gregory D. Roach, and Charli Sargent. “Travel fatigue and sleep/wake behaviors of professional soccer players during international competition.” Sleep Health 5.2 (2019): 141-147.
- Reilly, Thomas. “How can travelling athletes deal with jet-lag?.” Kinesiology 41.2. (2009): 128-135.
- Van Rensburg, Dina C. Christa Janse, et al. “How to manage travel fatigue and jet lag in athletes? A systematic review of interventions.” British journal of sports medicine 54.16 (2020): 960-968.
- Watanabe, Nicholas, Pamela Wicker, and Grace Yan. “Weather conditions, travel distance, rest, and running performance: The 2014 FIFA World Cup and implications for the future.” Journal of Sport Management 31.1 (2017): 27-43.