Que dit la science sur les opioïdes ?
Un opioïde est différent d’un opiacé. Même si la croyance populaire considère que les opioïdes ne sont que les drogues externes qui provoquent une addiction, ce n’est pas tout à fait vrai.
Les opiacés s’utilisent depuis des milliers d’années comme analgésiques. Depuis au moins six mille ans, l’humanité connaît leurs propriétés pour calmer la douleur. Plus tard, en 1086, il a été possible d’isoler chimiquement la substance que nous connaissons sous le nom de morphine.
Ensuite, la science a découvert progressivement que l’être humain dispose de systèmes internes pour interagir avec les opioïdes. Ces récepteurs dispersés dans le corps sont là pour diverses raisons physiologiques. D’autre part, nous devons faire la distinction entre deux concepts :
- Opioïdes : ce terme s’utilise pour toutes les substances, peu importe leur origine, qui peuvent se lier à un récepteur opioïde de l’organisme.
- Opiacés : il s’agit de substances dérivées de l’opium qui ont une action opioïde. Elles ne sont pas présentes, en tant que telles, naturellement chez l’être humain. La morphine est un exemple.
Tous les opiacés sont des opioïdes, mais pas l’inverse. Certaines substances opioïdes qui circulent dans le sang, comme les endorphines, sont naturelles et ne sont pas dérivées de l’opium. Elles ne sont donc pas des opioïdes.
Il existe également une sous-division au sein des opiacés qui distingue leur origine naturelle ou synthétique. Certains opiacés proviennent directement de la plante de l’opium, et d’autres sont conçus de manière artificielle. En effet, l’industrie pharmaceutique et le monde des drogues de synthèse développent ces produits synthétiques.
Les opioïdes endogènes
Il existe un groupe d’opioïdes qui ne proviennent pas de l’extérieur de l’organisme, mais qui sont intrinsèques. Autrement dit, il s’agit de substances que le corps humain fabrique et qui participent à différents processus naturels dans les organes.
Ces opioïdes endogènes furent découverts par les scientifiques John Hughes et Hans Kosterlitz en 1975. Ils ont identifié trois groupes :
- Endorphines.
- Encéphalines.
- Dynorphines.
Par ailleurs, les opioïdes endogènes remplissent plusieurs fonctions, de l’analgésie à la médiation des réponses au stress. Ils ont également été associés à la fonction cardiaque et à la réponse du système immunitaire face aux infections.
Le corps est capable de stocker des opioïdes endogènes pour les utiliser quand il en a besoin. D’un autre côté, il y a les cannabinoïdes endogènes qui sont des substances fabriquées en cas de besoin mais qui ne sont pas stockées.
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Quelle est l’action des opioïdes sur la douleur ?
L’une des grandes caractéristiques des opioïdes est qu’ils sont des puissants analgésiques. Plusieurs d’entre eux n’ont pas de plafond d’action. C’est pourquoi, ils s’utilisent lors de pathologies douloureuses chroniques.
Les opioïdes endogènes sont également analgésiques. Par conséquent, lorsque nous sécrétons davantage d’endorphines parce que nous vivons un moment de bonheur, nos douleurs s’apaisent. Il en va de même pour les personnes atteintes d’arthrose qui souffrent moins quand elles augmentent leur taux d’endorphines en pratiquant un sport qu’elles aiment.
En fonction de leur action analgésique et des récepteurs du système nerveux central auxquels ils se lient, les médicaments opiacés se classent de la façon suivante:
- Agonistes purs : ils agissent sur les récepteurs identifiés par la lettre grecque µ. Ils sont fortement analgésiques et entraînent une euphorie. Ce groupe contient notamment la morphine.
- Agonistes-antagonistes : les médicaments tels que la nalbuphine composent ce groupe.
- Agonistes partiels : la buprénorphine est l’exemple par excellence.
- Antagonistes purs : ces médicaments sont capables d’inverser l’effet des autres opiacés. Ils s’utilisent pour traiter des intoxications à la morphine. Nous pouvons mentionner la naltrexone et la naloxone.
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Effets indésirables
Comme pour toute autre substance, qu’elle soit naturelle ou artificielle, l’excès est responsable d’intoxications et d’effets indésirables. Les opioïdes n’en sont donc pas exempts.
En général, les effets secondaires apparaissent avec les opiacés utilisés comme médicament ou comme drogues récréatives. Les opioïdes endogènes ne vont pas jusqu’à causer ces réactions indésirables car le corps les régule lui-même.
Parmi les effets adverses des opiacés, nous pouvons mentionner :
- Troubles digestifs : principalement la constipation. Les opioïdes ont effectivement tendance à réduire les mouvements péristaltiques du tube digestif. Des nausées et vomissements peuvent également survenir.
- Vertiges et somnolence.
- Céphalée.
- Transpiration.
- Dépression respiratoire : un effet très redouté des opiacés est la possibilité d’une dépression de la respiration, entraînant la mort. Par conséquent, la posologie d’administration doit être surveillée.
- Addiction : les opiacés génèrent une addiction, qu’ils soient utilisés comme analgésiques ou comme drogues récréatives. La personne dépendante éprouve le besoin impérieux de les consommer et nécessite des doses de plus en plus importantes pour avoir le même effet. Il s’agit d’un problème social majeur qui requiert des approches de différentes perspectives, et pas seulement du point de vue médical.
Conclusion…
Les opioïdes sont connus pour leur puissante action analgésique. En effet, grâce à leur capacité à traiter la douleur, ils s’utilisent en cas de maladies diverses. Toutefois, leur usage doit se faire avec prudence, car ils créent souvent une dépendance lorsqu’ils sont utilisés comme médicaments. Certaines personnes les utilisent même comme drogues récréatives.
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