Transplantation de pancréas : pourquoi la réalise-t-on et quels sont ses risques ?
La transplantation d’organes est une technique thérapeutique centrée sur le remplacement d’un organe endommagé par un autre sain. La transplantation de pancréas est l’une des plus efficaces.
Le pancréas est un organe abdominal qui participe à la production d’enzymes pour la digestion et d’hormones pour le contrôle des niveaux de sucre dans le sang. La transplantation de pancréas améliore dans une large mesure le pronostic et la qualité de vie des patients atteints de diabète mellitus sévère, en réduisant les complications de la pathologie.
En quoi consiste la transplantation de pancréas ?
La transplantation de pancréas est un procédé chirurgical au cours duquel on implante un pancréas sain et fonctionnel pour en remplacer un autre endommagé ou insuffisant. Cette intervention peut se réaliser de façon isolée, même s’il a été démontré que, dans 88 % des cas, il se fait en même temps qu’une transplantation rénale.
Le pancréas s’extrait d’une personne donneuse en état de mort cérébrale, qui est maintenue en vie avec des machines. Une fois extrait, il peut être transporté dans du froid pendant un délai maximal de 20 heures.
L’intervention chirurgicale de la transplantation de pancréas se réalise pendant une période de 3 heures. L’organe donné se place généralement dans la partie inférieure droite de l’abdomen. De son côté, l’autre pancréas, malade, ne s’extrait pas pendant l’intervention.
Lors de ce procédé, le spécialiste unit les vaisseaux sanguins du pancréas donné à ceux du patient récepteur. Par ailleurs, l’organe est généralement transféré avec une partie donné de duodénum : ce dernier est directement fusionné avec l’intestin ou la vessie de la personne opérée.
Si la transplantation de pancréas est associée à une transplantation rénale, le procédé peut durer jusqu’à 6 heures. L’augmentation de la durée explique la haute efficacité estimée.
Le pancréas est un organe avec des fonctions digestives et endocriniennes. C’est le principal organe impliqué dans le diabète.
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Pourquoi procède-t-on à une transplantation de pancréas ?
Le pancréas est l’organe chargé de la production d’insuline, qui est une hormone anabolique capable de diminuer les niveaux de sucre dans le sang. Les patients diabétiques se caractérisent par un déséquilibre dans la production ou l’absence de cette dernière.
La transplantation de pancréas permet de récupérer la capacité physiologique de production d’insuline, en diminuant les altérations et les complications associées au diabète. Néanmoins, ce procédé n’est pas considéré comme un standard thérapeutique.
Il est surtout recommandé chez des patients atteints de diabète mellitus type 1, en raison de leur besoin d’administration externe et continue en insuline. Néanmoins, des études ont montré que cette intervention pourrait aussi être bénéfique pour certains patients avec un diabète mellitus de type 2.
L’association du diabète avec des altérations rénales est ce qui a conduit au développement de la technique chirurgicale. Ce fait explique pourquoi la majorité de ces procédés se font en même temps ou avant une transplantation rénale.
Risques du procédé
La transplantation de pancréas est un procédé chirurgical invasif qui peut déboucher sur des complications, comme cela se produit pour le reste des transplantations. Les risques généraux de l’intervention incluent des réactions adverses aux médicaments et des altérations respiratoires associées aux anesthésiques.
Par ailleurs, on retrouve des complications propres à la transplantation de pancréas, parmi lesquelles nous pouvons souligner la formation de thrombus, de fistules, l’inflammation du pancréas, les infections et le rejet de l’organe.
1. Thrombose
La thrombose représente l’un des risques les plus communs de la transplantation de pancréas, qui se manifeste dans les premiers jours suivant l’opération. Les thrombus se forment généralement dans le système veineux à la suite de lésions vasculaires ou d’altérations hémodynamiques.
Cette complication est responsable de la perte précoce de l’organe donné dans 5 à 6 % des cas. C’est pour cela que le spécialiste a tendance à prescrire de l’héparine et des antiagrégants plaquettaires après l’intervention, de façon prophylactique.
2. Fistules
Il s’agit de communications pathologiques qui se présentent souvent dans la ligne d’union avec l’organe donné. Elles peuvent apparaître rapidement à la suite de défaillances techniques ou d’une diminution du flux sanguin dans le tissu, ou plus tardivement à cause d’infections virales ou d’un rejet de la transplantation.
Actuellement, leur incidence a diminué grâce aux actions médicales. Les fistules requièrent généralement une réparation chirurgicale et un traitement spécifique.
3. Pancréatite
L’inflammation du pancréas apparaît en tant que complication post-opératoire immédiate. Elle naît du type de préservation avant l’intervention et de la manipulation de l’organe.
Dans la majorité des cas, la pancréatite est autolimitée et n’a pas de répercussions sur la fonctionnalité de l’organe.
4. Infections
La suppression du système immunitaire et la pathologie diabétique augmentent le risque d’être atteint d’infections. Par conséquent, l’instauration d’une antibioticothérapie et une surveillance continue sont indispensables.
5. Rejet aigu
Le rejet du pancréas donné est une réalité évidente qui se manifeste chez plus de 20 % des patients transplantés. Face à cette situation, le traitement précoce est indispensable pour obtenir un meilleur pronostic pour le patient.
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Comment doit se passer la préparation pour une transplantation de pancréas ?
La transplantation de pancréas implique un processus complexe de préparation, aussi bien sur le plan physique que psychologique. Elle sera conditionnée par différentes variables avant, pendant et après le procédé.
Avant l’intervention
Une fois que le spécialiste aura indiqué le besoin d’une transplantation de pancréas, il apportera des informations au sujet des centres préparés pour ce type d’intervention. Le patient est également libre de mener ses recherches et de choisir le centre qu’il préfère.
L’équipe chargée de l’intervention entamera une période d’évaluation intégrale du patient qui dure environ de 1 à 2 mois. Par ailleurs, différents examens seront réalisés afin de vérifier l’état de santé de la personne qui sera transplantée.
Parmi les examens à réaliser, nous pouvons citer les suivants :
- Analyse de sang.
- Test de VIH.
- Radiographie du thorax.
- Tests de fonctionnalité rénale.
- Electrocardiogramme et échocardiogramme.
- Examen psychologique complet.
Lorsqu’il aura déterminé que la personne est apte pour l’intervention, le centre médical l’ajoutera à une liste d’attente, selon l’état de santé et le besoin du patient.
Le temps d’attente pour une transplantation de pancréas est généralement de 23 mois. Dans le cas d’une transplantation simultanée de rein, la durée peut varier de 12 à 24 mois.
De la même façon, pendant que l’on attend d’être opéré, il est important de garder un bon état de santé. Pour cela, on peut suivre les recommandations suivantes :
- Assister à toutes les consultations médicales et suivre les indications du spécialiste.
- Garder un poids sain, avec une alimentation équilibrée et de l’exercice léger à modéré.
- Éviter la consommation d’alcool et de tabac.
- Réaliser des activités relaxantes qui contribuent à la santé psychologique.
- Préparer tout le nécessaire pour se rendre au centre médical avec un seul bagage.
Pendant l’intervention
La transplantation de pancréas se fait sous anesthésie générale. Celle-ci peut se faire sous forme de gaz ou en infusion par voie endoveineuse.
On commencera par réaliser une incision dans l’abdomen, qui servira pour implanter l’organe donné et pour sa bonne intégration avec les autres organes du récepteur.
L’équipe médicale surveillera attentivement tous les signes vitaux du patient. Le procédé dure environ 3 heures et peut être plus long en cas de transplantations simultanées.
Après l’intervention
Une fois l’intervention terminée, le patient récepteur restera dans l’unité de soins intensifs pendant quelques jours pour pouvoir surveiller la moindre complication. Ensuite, on le déplacera dans une chambre pendant une semaine.
Une fois sorti du centre médical, l’équipe de contrôle peut demander au patient de rester près du centre pendant 2 ou 3 mois. Le contrôle et la surveillance médicale stricte sont en effet fondamentaux.
Le spécialiste indiquera plusieurs médicaments à prendre pour éviter des complications. Les médicaments immunosuppresseurs favorisent l’acceptation du nouvel organe par le corps et évitent le rejet aigu. Cependant, il est également important de consommer des antibiotiques pour éviter le développement d’infections.
Les médicaments pour la transplantation de pancréas sont variés et incluent des immunosuppresseurs et des antibiotiques.
Conseils alimentaires après une transplantation de pancréas
Une fois à la maison, il est fondamental d’avoir une alimentation saine qui favorise la récupération du pancréas et lui permette de continuer à fonctionner. De la même façon, le régime combiné à de l’exercice permet de contrôler le poids.
L’évaluation d’un spécialiste en nutrition est vitale. En gros, les principales recommandations pour une alimentation saine après une transplantation de pancréas sont les suivantes :
- Alimentation riche en protéines animales, comme les volailles, les poissons et les viandes maigres.
- Grand pourcentage de fruits et légumes, au moins 5 portions par jour.
- Aliments riches en fibres.
- Produits laitiers avec un faible contenu en graisse.
- Diminuer la consommation de sel et de graisses saturées.
- Limiter la consommation de caféine et d’alcool.
- Boire beaucoup d’eau et de liquides.
- Éviter les fruits et jus acides, comme le pamplemousse et l’orange.
Les médicaments sont les meilleurs alliés
Si la transplantation de pancréas fonctionne, le patient n’aura plus besoin de s’administrer de l’insuline pour le reste de sa vie. Par ailleurs, l’incidence de maladies associées à des niveaux élevés de sucre dans le sang diminuera.
Néanmoins, dans la majorité des cas, le corps rejettera continuellement le nouvel organe. Le traitement soutenu avec des immunosuppresseurs sera donc essentiel et pourra se poursuivre tout au long de la vie du patient. En outre, l’évaluation médicale continue donnera des outils pour avoir une vie saine et libérée de toute complication.
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