Énochlophobie ou peur de la foule : quelles sont ses caractéristiques ?

L'énochlophobie est la peur intense d'être au milieu d'une foule de personnes. Nous vous disons ici en quoi consiste cette phobie, quelles sont ses causes et quels sont ses traitements.

Relu et approuvé par le médecin Leonardo Biolatto.

Écrit par Equipo Editorial

Dernière mise à jour : 13 mars, 2024

La peur de la foule est une peur courante. Cependant, il y a des personnes dont la peur ou l’anxiété dans une telle situation est si intense qu’elles deviennent paralysées et ressentent beaucoup d’inconfort. Dans ces cas, on parle d’énochlophobie.

Découvrez ci-dessous les caractéristiques de cette phobie spécifique, ainsi que ses causes et ses traitements. Nous vous disons également dans quelle mesure la peur de la foule est une réponse saine.

Qu’est-ce que l’énochlophobie ?

Aussi appelée démophobie, l’énochlophobie est la peur irrationnelle et persistante des foules. Les personnes qui en souffrent évitent de fréquenter les espaces où il y a beaucoup de monde.

De plus, l’exposition à ces situations provoque une anxiété intense et l’apparition de certains symptômes. S’agissant d’une phobie spécifique, le sentiment de peur a tendance à s’aggraver et il est difficile d’y échapper.

Peur irrationnelle et peur adaptative

Il est important de comprendre la différence entre la peur en tant que fonction adaptative et la peur irrationnelle. La première réponse garantit la survie, puisqu’elle nous éloigne du danger. En d’autres termes, la peur est une réaction nécessaire.

Il n’est pas déraisonnable d’avoir peur de la foule, car celle-ci implique une série de risques. Cependant, si elle provoque un inconfort intense et paralyse le corps, alors la réponse n’est plus adaptative, mais plutôt irrationnelle.

Les phobies sont des peurs irrationnelles ; la peur est disproportionnée par rapport au danger réel posé par l’objet ou la situation.

Quelles sont les causes ?

Il existe diverses théories sur les causes des phobies spécifiques. Parmi les plus acceptées, figure celle fournie par le paradigme comportemental. Cette perspective affirme que les phobies peuvent être acquises par deux processus :

• Expérience traumatisante associée au stimulus phobique : c’est-à-dire que vous subissez une situation douloureuse ou accablante au milieu d’une foule de personnes.
• Par l’observation : vous avez vu quelqu’un, de vos yeux ou dans un film, être victime d’un drame au milieu de la foule.

Par ailleurs, il existe d’autres positions qui mettent l’accent sur la vulnérabilité biologique et la vulnérabilité psychologique, lesquelles prédisposent certaines personnes à souffrir de troubles anxieux :

• Vulnérabilité biologique : elle serait génétiquement programmée. La constitution neurobiologique de la personne favorise une hypersensibilité au stress.
• Vulnérabilité psychologique : dans ce cas, la personne sent que les situations menaçantes sont imprévisibles et incontrôlables. Cela est dû à son expérience passée marquée par un style parental surprotecteur, ou encore à des événements traumatisants survenus pendant l’enfance.

Les caractéristiques de l’énochlophobie ou peur de la foule

Selon la cinquième édition du “Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux” (DSM-V), les caractéristiques cliniques de la phobie spécifique sont les suivantes :

• Peur ou anxiété intense face à un objet ou une situation spécifique (dans ce cas c’est la foule) ;
• L’objet ou la situation phobique provoque presque toujours une peur ou une anxiété immédiate ;
• Le stimulus phobique est évité, et si un évitement n’est pas possible, la personne ressent une anxiété intense ;
• La peur ou l’anxiété est disproportionnée par rapport au danger réel de la situation ;
• La peur, l’anxiété ou l’évitement dure 6 mois ou plus. De plus, ils provoquent une gêne ou une détérioration importante dans différents domaines de la vie.

La peur de la foule peut se manifester par une attaque de panique ou une anxiété générale. La première consiste en l’expérience d’une terreur intense qui commence soudainement et se manifeste par les symptômes suivants :

• Douleur thoracique
• Frissons ou chaleur excessive
• Difficulté à respirer
• Augmentation de la fréquence cardiaque
• Sensation de picotement ou d’engourdissement

Les personnes souffrant d’une attaque de panique peuvent se sentir irritables, et avoir peur de devenir folles ou encore de mourir.

Quelle est la différence avec l’énochlophobie et l’agoraphobie ?

La peur de la foule peut être confondue avec la phobie sociale et l’agoraphobie. C’est pourquoi nous vous disons ci-dessous en quoi consiste chacun d’entre elles et pourquoi ce sont des conditions différentes.

La phobie sociale

La caractéristique essentielle de la phobie sociale est la peur ou l’anxiété intense des situations sociales dans lesquelles la personne peut être analysée ou évaluée par d’autres.

Par exemple : avoir une conversation, rencontrer des inconnus, être observé dans la rue ou agir devant les autres.

La peur de l’évaluation est vécue en présence de beaucoup ou de peu de personnes. L’énochlophobie se caractérise, elle, par une peur excessive des grandes foules.

Agoraphobie

La personne craint ou évite certaines situations parce qu’elle pense qu’il pourrait être difficile d’y échapper ou qu’elle ne pourrait pas recevoir d’aide si des symptômes invalidants ou de panique apparaissent. Ces situations sont les suivantes :

• Transport public
• Espaces ouverts
• Lieux fermés
• Files d’attente dans les entreprises ou les institutions
• Être loin de la maison sans compagnie

Être dans une foule de personnes représente une situation qui produit de l’anxiété chez l’agoraphobe. Mais ce dernier n’a pas seulement peur des foules, il existe d’autres situations qui provoquent l’apparition des symptômes.

Les traitements disponibles

Il existe un certain nombre de traitements efficaces pour traiter des phobies spécifiques. Parmi les plus populaires figurent la thérapie d’exposition et les thérapies cognitives.

Thérapie d’exposition

Elle consiste à rapprocher le patient le plus possible du stimulus phobique jusqu’à ce que l’anxiété diminue ou disparaisse. Le processus est progressif.

La technique est exécutée dans l’imaginaire ou en direct. Cette deuxième option est plus efficace.

Par ailleurs, elle s’accompagne généralement de techniques de relaxation, afin de contrer les effets des réactions anxieuses. Ces techniques facilitent l’accoutumance au stimulus phobique et favorisent un meilleur contrôle.

Thérapies cognitives

Elles ont pour but de changer les schémas de pensée, en insistant sur la distinction entre les situations réalistes et irréalistes.

Ces thérapies comprennent également certaines techniques visant à accroître l’information du patient sur son trouble. Le but est de l’informer dans un langage approprié sur différentes notions liées à l’acquisition et au maintien de sa phobie.

Une phobie commune, mais traitable

Les phobies sont assez courantes. Cependant, lorsqu’elles deviennent invalidantes ou provoquent une gêne importante, il est primordial de consulter un spécialiste. Leur maintien peut s’aggraver au fil du temps et déclencher d’autres troubles anxieux.