Épistémologie : l'étude de la façon dont la connaissance est créée

Si la philosophie est l'amour du savoir, l'epistémologie est l'étude sur le savoir. Poursuivez donc votre lecture pour en savoir plus.
Épistémologie : l'étude de la façon dont la connaissance est créée

Dernière mise à jour : 31 mai, 2023

L’épistémologie peut être définie comme la science de la connaissance. En termes généraux, elle étudie les conditions dans lesquelles la connaissance se produit. Toutefois, sa raison d’être pointe vers la nécessité de valider les connaissances, c’est-à-dire de séparer ce qui est considéré comme vrai de ce qui ne l’est pas.

L’épistémologie est considérée comme l’une des branches les plus anciennes de la philosophie. En effet, les premières réflexions se trouvent dans la Grèce antique, avec des penseurs aussi transcendants que Platon et Aristote.

Nous vous invitons à en apprendre plus sur cette branche philosophique : ce qu’elle est, les différents courants, ses fonctions et ses applications.

Qu’est-ce que l’épistémologie ?

Nous commençons par souligner que les anciens Grecs distinguaient trois formes ou niveaux au sein de la connaissance :

  • Doxa : ce terme a d’abord été utilisé par Parménide et plus tard par Platon. Il est liée à l’opinion et à la croyance.
  • Épistémè : c’est le concept qui se rapproche le plus de ce que nous appelons aujourd’hui la scienc”. Pour Platon, l’épistémè était le savoir qu’il fallait tenir pour vrai, alors qu’Aristote considérait que c’était le moyen d’appréhender la réalité.
  • Gnosis : ce terme renvoie à l’expérience personnelle et aux perceptions. Il est davantage lié au spirituel ou au mystique.

Selon son étymologie, le concept en question résulte de l’union du mot épistémè (connaissance) avec logos (étude). Ainsi, l’épistémologie peut être définie comme l’étude des connaissances.

Bien entendu, tout au long de l’histoire, différents auteurs ont proposé leurs propres définitions. Pour le célèbre philosophe Mario Bunge, l’épistémologie traite du processus de la recherche scientifique et de son produit : la connaissance scientifique.

Guillermo Briones souligne lui que cette discipline cherche à comprendre l’objet d’étude de la science, en analysant ses hypothèses philosophiques, ainsi que les valeurs implicites, la structuration de ses théories et les méthodes utilisées pour collecter et interpréter les données, pour confirmer ou réfuter les affirmations.

En résumé, cette branche de la philosophie est chargée d’examiner les différents aspects impliqués dans la production de connaissances. Parmi eux, figurent les fondements sur lesquels elle repose, son origine, sa nature, ses limites et même sa validité et sa qualité se distinguent. Il s’agit d’analyser de manière critique le processus qui nous conduit à une connaissance véritablement scientifique et à la formulation de lois.



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Les connaissances

Dans son livre Theory of Knowledge, Johannes Hessen passe en revue une série de questions qui se sont toujours posées en épistémologie. Ces questions peuvent être considérées comme un point de départ pour ceux qui veulent s’aventurer dans la réflexion.

D’une certaine manière, la manière de répondre à ces questions détermine l’approche ou la position que l’on adopte vis-à-vis du savoir et de ses modes de production. Voyons quelles sont ces questions.

Qu’est-ce que la connaissance ?

Cette question peut être répondue de diverses manières. D’un point de vue phénoménologique, la connaissance est considérée comme un acte ou un phénomène, où un sujet (connaissant) est devant un objet.

Cependant, du point de vue de la psychologie, elle est considérée comme un processus. Ou plutôt comme les processus mentaux qui se déroulent au cours de l’acte où le sujet appréhende les caractéristiques de ce qui est connu ou à savoir.

La connaissance est-elle possible ?

Selon l’auteur précité, il n’est pas possible de connaître réellement quoi que ce soit ni qui que ce soit, que la connaissance n’est qu’apparence ou vaine illusion. Cependant, il y a ceux qui font confiance à la possibilité de construire une certitude autour de l’objet, ce qui serait la position du dogmatisme.

À un point intermédiaire entre ces deux visions, se trouve le relativisme. Nous ne pouvons pas tout connaître, ou connaître tout complètement.

D’où vient la connaissance ?

Aristote soutenait qu’il n’y a rien dans l’esprit qui n’ait été expérimenté auparavant par le sujet. Cependant, mirages et hallucinations montrent que les sens peuvent nous dérouter.

La position inverse souligne que la raison ne peut pas nous tromper. Pour le rationalisme, la vraie connaissance est née de la raison, bien que l’empirisme prétende le contraire.

Est-ce dans le sujet ou dans l’objet ?

D’un certain point de vue, la connaissance part de l’objet ou de la réalité et le sujet en appréhende les propriétés pour en construire une image. La position inverse affirme que tout vient du sujet, plus précisément de ses idées et de sa conscience.

Quelle est la vérité ?

C’est une question clé et la plus difficile à répondre. Dire ce qu’est la vérité, et appliquer un critère pour affirmer que la connaissance est vraie, est laborieux.

Il y a ceux qui nient catégoriquement une telle possibilité. D’autres admettent que des connaissances valables peuvent être obtenues, tant qu’une procédure objective est appliquée, comme la méthode scientifique.



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Branches, courants, écoles et tendances

Au sein de l’épistémologie, il existe différentes subdivisions, courants, tendances et écoles. En ce qui concerne ces dernières, il y a l’épistémologie de la sociologie, de la psychologie, de la biologie, de la chimie, lesquelles se référent au processus de recherche dans lesdites sciences.

D’autre part, on parle aussi d’épistémologie juridique (relative aux méthodes et procédures utilisées par les juristes), d’épistémologie normative, modale, évolutive ou encore génétique. Pour cette dernière, qui a été établie par le célèbre pédagogue Jean Piaget, la connaissance est le produit de l’interaction de l’individu avec son environnement.

Il existe également l’épistémologie postcoloniale et féministe. L’une de celles qui a généré la plus grande influence au XXe siècle est le néopositivisme logique, qui vient du cercle de Vienne.

Les principaux épistémologues

On peut dire qu’un épistémologue est un philosophe qui s’occupe de travaux scientifiques. Ainsi, tandis que les scientifiques étudient la réalité, les épistémologues observent et analysent la construction des théories, des raisonnements et des méthodes utilisées, ainsi que les paradigmes qui déterminent les modes de connaissance à chaque époque.

Tout au long de l’histoire, de nombreux noms ressortent au sein de l’épistémologie :

  • Dans la Grèce antique, Parménide a été le précurseur, bien que Platon et Aristote, chacun de son côté, aient jeté les bases de cette discipline.
  • Au Moyen Âge, certains philosophes scolastiques se distinguent, comme Saint Augustin et Saint Anselme, ainsi que le sage musulman andalou Averroès.
  • Avec la naissance de la science moderne, de grands noms ont également émergé autour de la réflexion sur la connaissance. À cette époque se distinguent les empiristes anglais : Locke, Hume et Berkeley.
  • Nous ne pouvons pas ne pas mentionner deux penseurs illustres, chacun dans leur domaine, comme Descartes et Kant.
  • Au XXe siècle, les écoles épistémologiques sont représentées par Bertrand Russell et Ludwig Wittgenstein.
  • Plus récemment, les figures de Karl Popper, critique du néopositivisme logique, et des herméneutiques français Hans-Gadamer et Paul Ricœur se démarquent.
René Descartes en épistémologie
René Descartes représente le rationalisme de son temps et la recherche de la méthode qui assure la connaissance scientifique.

L’utilité de l’épistémologie

Nous venons de voir ce qu’étudie l’épistémologie. Concrètement, cette discipline est utile pour :

  • Explorer les relations entre différents domaines de connaissance
  • Aider à comprendre et même à résoudre les conflits d’intérêts
  • Analyser et évaluer la pertinence des méthodes appliquées
  • Discerner quelles connaissances doivent être considérées comme scientifiques
  • Approfondir les différentes manières valables de produire des connaissances
  • Promouvoir le débat autour de ce qui peut être accepté comme éthique en science
  • Déterminer les critères pour valider la force et la portée des résultats obtenus
  • Contribuer au maintien d’une approche critique des limites des connaissances
  • Maintenir une vigilance adéquate sur les idéologies qui influencent le travail scientifique

Validité et actualité de l’épistémologie

L’épistémologie est utile non seulement à ceux qui observent de l’extérieur, mais aussi à ceux qui travaillent dans la science. Le scientifique est un être humain et, en tant que tel, il n’est pas exempt d’encourir des situations qui pourraient aller à l’encontre des postulats.

A l’heure actuelle, avec la production de connaissances par les systèmes d’intelligence artificielle, s’ouvre tout un panorama d’interprétations et de réflexions possibles issues de l’épistémologie. De nombreux défis se présenteront à cet égard. Et bien qu’il reste encore un long chemin à parcourir, l’épistémologie aura quelque chose à apporter.


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