Allégorie de la caverne de Platon : sens et enseignements

L'allégorie de la caverne est un texte qui a marqué la pensée occidentale. Ses enseignements sont toujours valables aujourd'hui.
Allégorie de la caverne de Platon : sens et enseignements
Maria Alejandra Morgado Cusati

Rédigé et vérifié par la philosophe et psychologue Maria Alejandra Morgado Cusati.

Dernière mise à jour : 10 août, 2022

L’allégorie de la caverne est l’une des plus importantes allégories de la philosophie. Elle a marqué de son empreinte la pensée des cultures occidentales. Dans ce document, Platon aborde l’origine de la connaissance et la nature de la réalité, sur la base de sa théorie des idées.

Cette allégorie a été largement étudiée et débattue à travers l’histoire. Et ses enseignements sont encore valables aujourd’hui. Voyons en quoi elle consiste.

De quoi parle l’allégorie de la caverne de Platon ?

L’allégorie de la caverne apparaît dans le livre VII de La République, l’une des œuvres les plus importantes de Platon. Écrite sous forme de dialogue, elle s’appuie sur une conversation entre Socrate et Glaucon sur la connaissance.

Socrate demande à son interlocuteur d’imaginer un groupe d’hommes qui, depuis leur naissance, sont enchaînés au fond d’une caverne. Ces hommes n’ont aucun moyen de connaître la raison à l’origine de cette situation.

Cette grotte est divisée en deux par un mur. D’un côté se trouve la salle des prisonniers enchaînés, qui ne peuvent que regarder le mur du fond. Et dans l’autre, derrière le mur et caché à la vue des prisonniers, se trouvent d’autres personnes portant diverses figures (animaux, arbres, montagnes).

Derrière ces personnes, brûle un feu de camp qui projette les ombres de ces figures sur le mur contemplé par les prisonniers. Par conséquent, les enchaînés ne peuvent voir que la silhouette de ces figures reflétée par la lumière du feu.

Aussi, les porteurs des figures parlent entre eux, provoquant un écho qui résonne à l’intérieur de la grotte. Les prisonniers entendent donc également l’écho déformé des voix. Ce qu’ils perçoivent est la seule réalité.

Statue de Socrate.
L’allégorie de la caverne est basée sur une supposée reproduction d’un dialogue de Socrate écrit par Platon.



Sortie d’un des prisonniers

À un moment donné, l’un des prisonniers ose se retourner et regarder au-delà. Au début, il est étourdi et agacé par la lumière émise par le feu de joie. Mais il décide de se diriger vers la sortie.

Au fur et à mesure qu’il avance, les doutes, la peur et l’inconfort de la lumière lui font envisager la possibilité de retourner dans l’ombre au fond de la caverne. Cependant, petit à petit, il s’y habitue et continue d’avancer.

Une fois dehors et ajustant sa vue à la lumière du soleil, il commence à voir les vrais objets qui composent la réalité. Le fugitif partage cette expérience avec ses compagnons. Ces derniers réagissent avec moquerie, incrédulité et mépris.

La théorie des idées

L’allégorie de la caverne est une allégorie de la théorie des idées de Platon, qui affirme l’existence de deux mondes : l’un sensible et l’autre intelligible. Le premier est composé de tout ce que nous pouvons expérimenter par les sens. Il se caractérise par la multiplicité, en étant pure apparence et en constante évolution. Il est donc faux et trompeur.

Le second est le monde des idées : un monde vrai, incorruptible et immuable. Là, se trouvent les idées universelles et nécessaires, qui sont l’essence de tout ce qui existe. Ainsi, les objets et les corps du monde physique ne sont qu’un reflet imparfait de ce monde.

L’allégorie de la caverne est une fiction qui reflète et aide à comprendre la manière dont Platon a conçu la relation entre le physique et le monde des idées, et comment les êtres humains se déplacent à travers eux.

La caverne représente le monde sensible, les prisonniers sont des êtres humains et l’extérieur est le monde intelligible, où se trouvent l’essence des choses et la vraie connaissance.

Les enseignements de l’allégorie de la caverne

De manière générale, l’allégorie de la caverne renvoie à plusieurs idées :

  • L’existence d’une vérité qui existe indépendamment des croyances ou des opinions des gens.
  • La présence de la tromperie dans le monde sensible, conduisant les gens à s’éloigner de la vraie connaissance.
  • L’inconfort, la peur, le doute et l’inconfort ressentis par l’individu lorsqu’il se rend compte qu’il existe une réalité jusqu’alors ignorée.
  • Le changement qualitatif qui s’opère chez l’individu une fois qu’il accède à la vérité, car lorsqu’il la connaît, il n’y a pas de retour en arrière.
  • Le scepticisme des gens qui sont absorbés par leurs croyances et leurs dogmes.

Les enseignements de l’allégorie de la caverne ont une grande validité de nos jours. Ceux-ci peuvent être reflétés de la manière suivante.

Des connaissances déformées

Actuellement, il est courant que les médias et réseaux sociaux diffusent des informations déformées sur les faits. Ils créent de la désinformation dans la population générale. Si nous faisons une analogie avec l’allégorie de la caverne, nous serions les prisonniers, tandis que ces médias seraient les diffuseurs de fausses informations.

Aussi, avec la théorie des idées, Platon met l’accent sur la facilité à entretenir la tromperie par l’apparence. Aujourd’hui, une grande partie de la désinformation est répandue parce que les preuves sont déformées ou mal exécutées, limitant les questions ou allant au-delà de ce qui est exposé.



La sortie

De son côté, l’auto-libération d’un des prisonniers s’apparenterait à une révolution personnelle, qui peut être de toute nature : laisser derrière soi une personne, une situation, une idéologie ou une religion nuisible.

De plus, le fait de se libérer des chaînes peut également représenter un changement de paradigme, ce qui implique une manière différente de connaître et d’aborder la réalité.

Brisez les chaînes.
Briser les chaînes est une métaphore de la liberté.

L’ascension vers la vérité

Dans l’allégorie, l’ascension du prisonnier vers le monde extérieur produit de l’insécurité, de l’inconfort et de la peur. Cette image reflète parfaitement ce que signifie se débarrasser de croyances ou de dogmes profondément enracinés en nous.

Abandonner les vieilles certitudes et s’ouvrir aux vérités représente un processus psychologique coûteux et inconfortable, que tout le monde n’est pas prêt à traverser.

Le retour

Enfin, le retour de l’ancien prisonnier à la grotte et l’incrédulité de ses compagnons témoignent de la diffusion d’idées nouvelles dans la société, qui sont généralement assumées, au début, avec confusion, mépris ou haine. La raison en est que ce sont des idées qui remettent en question les dogmes qui ont structuré la société.

Selon Platon, l’individu qui parvient à accéder à la vérité a l’obligation morale de sortir les autres de l’ignorance et de diffuser leur savoir.

L’allégorie de la caverne, un mythe actuel

L’allégorie de la caverne est l’un des grands trésors que la philosophie antique a légué à la pensée occidentale. Même s’il s’agit d’un texte très ancien, il met en avant sans aucun doute des idées qui nous permettent de réfléchir sur la réalité.


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  • Partenie C. Plato’s Myths [Internet]. California: Stanford Encyclopedia of Philosophy; 2018 [consultado 06 may 2022]. Disponible en: https://plato.stanford.edu/entries/plato-myths/
  • Platón. República, Libro VII. Traducción de C. Eggers Lan. Madrid: Editorial Gredos; 1992.

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