Scepticisme philosophique : bases et représentants

Pour les sceptiques de la Grèce antique, l'être humain ne pourra jamais accéder à la véracité des faits. Ils affirment que nous ne pouvons pas savoir, seulement penser.
Scepticisme philosophique : bases et représentants
Maria Alejandra Morgado Cusati

Rédigé et vérifié par la philosophe et psychologue Maria Alejandra Morgado Cusati.

Dernière mise à jour : 16 décembre, 2022

Le scepticisme philosophique est une théorie de la connaissance qui défend la non-existence de la vérité et qui, dans le cas où cette vérité existe, nie que les êtres humains soient capables de la connaître. L’origine de ce courant se trouve dans la Grèce antique.

Il est attribué au philosophe grec Pyrrhon d’Élis (360 – 270 av. J.-C.), qui a fondé l’école sceptique appelée Pyrrhonisme, à laquelle appartiennent les philosophes Timon le Sillographe (320 – 230 av. J.-C) et Sextus Empiricus (160 – 210 av. J.-C.).

On pense que l’incrédulité des sceptiques était telle que rien n’était vrai ni faux, ni mauvais ni bon, ni hérétique ni sacré. Ils mettaient ainsi en pratique l’épochè ou la suspension du jugement, et pouvaient atteindre l’ataraxie ou paix mentale. Nous détaillons ci-après en quoi consiste ce courant philosophique et nous le distinguons de la notion actuelle du scepticisme.

Les principes du scepticisme philosophique

De manière générale, les postulats défendus par le scepticisme philosophique sont les suivants :

  • L’être humain ne pourra jamais accéder à la vraie connaissance : rien ne peut être affirmé.
  • La réalité ne peut pas s’adapter aux concepts que nous manipulons mentalement.
  • La connaissance acquise par les sens est irréelle.
  • Tout ce que nous savons nous vient par hasard ou par habitude.


Les caractéristiques du scepticisme philosophique

Les principales caractéristiques du scepticisme philosophique sont les suivantes :

  • Le mot sceptique vient de skeptikós, qui dérive de skeptesthai (examiner, enquêter). Ainsi, les skeptikoi sont ceux qui examinent ou qui enquêtent. Ainsi, le scepticisme consiste à aller au-delà de ce qui est accepté comme vrai.
  • Les sceptiques doutaient de toute affirmation ou fait. Ils appliquaient ainsi la suspension de jugement et faisaient preuve d’indifférence face au monde.
  • Ce courant englobait différentes positions et positions philosophiques, selon chaque penseur sceptique. Son poids est devenu important des siècles plus tard, pendant la Renaissance.
  • Les sceptiques étaient impopulaires dans la Grèce antique : ils avaient la réputation de briser les rites, les légendes et les mythes.
  • Le scepticisme a disparu après la chute de la civilisation gréco-romaine. Cependant, il est réapparu des siècles plus tard pendant la Renaissance, quand il est devenu un outil contre le dogmatisme chrétien médiéval.
Les sceptiques soulèvent des doutes pour aller plus loin, rejetant la possibilité d’atteindre la vérité.

Les représentants du scepticisme philosophique

Les représentants les plus éminents du scepticisme philosophique sont au nombre de trois. Ce sont les suivants.

Pyrrhon d’Élis (vers 360 – 270 av. J.-C.)

Il est considéré comme le père du scepticisme. On dit qu’il était un grand voyageur qui a rencontré des cultures lointaines avec l’armée d’Alexandre le Grand. Tous ces antécédents lui ont permis de remettre en question les nombreuses vérités traditionnelles de son peuple.

Son seul témoignage écrit est une ode dédiée à Alexandre le Grand. L’héritage de sa doctrine, recueilli par son disciple Timon le Sillographe, a été transmis à travers Sextus Empiricus. Selon son témoignage, Pyrrhon était si radical dans sa position qu’il niait que les premiers principes de la déduction aristotélicienne puissent être atteints.

Timon le Sillographe (vers 320 – 230 av. J.-C.)

C’était un philosophe grec et poète satirique, disciple de Pyrrhon et de Stilpon de Mégare. Presque tout ce que l’on sait de lui vient de l’œuvre de Diogène Laërce. On dit qu’il était extrêmement éloquent mais pauvre.

Sextus Empiricus (vers 160 – 210)

C’était un médecin et un philosophe romain d’origine grecque, à qui on attribue la plupart des préceptes du scepticisme pyrrhonien . Il a reçu le nom d’Empiricus pour ses conceptions philosophiques, mais surtout pour sa pratique médicale.

Ses écrits, fortement influencés par ceux de Pyrrhon et d’Énésidème, sont dirigés contre la prétention dogmatique de connaître la vérité absolue, à la fois en morale et en science.

Lucien de Samosate (125 – 181)

Écrivain romain d’origine syrienne, il utilisait la langue grecque, qui appartenait à la soi-disant Seconde sophistique. Lui et Sextus Empiricus ont été les derniers sceptiques de l’Antiquité.



Quelques exemples

Pour mieux comprendre ce qu’est le scepticisme philosophique, voici quelques exemples :

  • Si un partisan de l’école sceptique est confronté à deux arguments opposés qui ont tous deux une base suffisamment solide, il ne prendra parti ni pour l’un ni pour l’autre, car cela entraîne la perte de tranquillité.
  • Les affirmations suivantes sont classées comme sceptiques : « J’ai certains arguments et j’en ai d’autres contre, mais je n’en défends aucun. » ;  « Je n’affirme ni ne nie l’existence de Dieu. » ; « Je ne crois pas à une vérité, mais s’il y en a une, ce que je ne nie pas, je n’ai aucun moyen de la connaître. »
  • Quelqu’un de sceptique ne dira pas qu’il fait chaud, mais qu’il a chaud. En effet, il n’osera pas énoncer une vérité absolue.
Femme sceptique.
Dans le scepticisme, il n’y a pas de place pour affirmer quelque chose de manière brutale : il faut douter de tout.

L’acceptation quotidienne du scepticisme

Le scepticisme renvoie à une attitude de doute sur ce que des personnes proclament comme un fait. C’est la tendance à ne pas croire les opinions, croyances ou déclarations de tiers, à moins qu’elles ne soient étayées par les preuves nécessaires. Dans la notion courante de scepticisme, il suffit à la personne de vérifier la véracité des faits par ses propres moyens, généralement par ses propres sens.

En revanche, le scepticisme philosophique est plus extrême, puisque la personne n’affirmera ni ne niera jamais la véracité des faits. Même su elle pouvait la vérifier à travers ses sens. Rappelons que cette position philosophique se méfie du savoir fourni par les sens et nie catégoriquement l’acquisition de la vérité.


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