Gélotophobie ou peur des moqueries : comment la surmonter ?
Vous vous êtes sûrement retrouvé plus d’une fois dans une situation où un groupe d’amis s’est moqué de vous à cause d’une chute ou une erreur. Cela vous a peut-être causé un profond inconfort et vous avez même perdu l’envie de voir ce groupe d’amis. Si c’est le cas, vous souffrez alors sans doute de gélotophobie.
Une personne qui souffre de gélotophobie est terriblement anxieuse à l’idée que l’on se moque d’elle, au point qu’elle se retire du monde social. Vous reconnaissez-vous ? Reconnaissez-vous l’un de vos proches ? Approfondissons.
Qu’est-ce que la gélotophobie ?
La gélotophobie est la peur excessive, irrationnelle et incontrôlable d’être victime de moqueries. Le grand inconvénient de ceux qui souffrent de gélotophobie est que, pour eux, le rire n’est généralement pas quelque chose de positif. Dans de nombreux cas, lorsqu’ils entendent un groupe de personnes rire, ils supposent automatiquement que ces personnes se moquent d’eux.
Autrement dit, il ne leur vient pas à l’esprit qu’ils pourraient rire parce que quelqu’un vient de raconter une blague ou parce qu’ils se remémorent une vieille anecdote. La gélotophobie pousse donc la personne qui en souffre à adopter des comportements ou des pensées de type paranoïaque.
Enfin, il convient de préciser que pour déterminer qu’il s’agit de gélotophobie et non d’un autre tableau clinique, un diagnostic différentiel doit être posé. Cette peur est souvent confondue avec le trouble de la personnalité évitante ou le trouble de la personnalité schizoïde.
Les symptômes de la gélotophobie
Lorsque la situation phobique survient, la personne ressent de l’anxiété, une sensation d’essoufflement, une envie de fuir, un malaise très intense, de la nervosité, et a des sueurs, entre autres. Parmi les symptômes les plus courants de la gélotophobie, figurent les suivants :
- Peur excessive de se ridiculiser ou d’être le centre de moqueries ;
- Angoisse et malaise face aux rires des autres ;
- Timidité et gêne ; ces personnes sont introverties et cherchent à passer inaperçues ;
- Raideur musculaire, détournement du regard, mouvements maladroits. C’est ce qu’on appelle le syndrome de Pinocchio.
Causes et origine
Comme de nombreuses phobies, la gélotophobie peut être le résultat d’une expérience traumatisante antérieure. Prenons comme exemple une personne qui marche dans la rue et dont les vêtements sont transparents (elle ne s’est pas rendu compte), et qui fait l’objet de rires, de moqueries et de regards tout le long du chemin.
Cette personne a commencé à se sentir observée et s’est sentie mal à l’aise et embarrassée sans savoir ce qui se passait. Ce n’est qu’à son retour chez elle qu’elle a pu identifier la raison de cette situation. La contrariété est telle que cette expérience la marque profondément.
Les causes de la gélotophobie sont liées à la peur du ridicule, une peur qui a pu survenir dans l’enfance ou l’adolescence, au moment de la formation de l’identité. Ceux qui vivent avec cette peur développent une personnalité méfiante et défensive. Pour eux, toute occasion est potentiellement propice aux moqueries et taquineries.
Le fait d’avoir été victime d’intimidation crée les conditions propices au développement de cette phobie particulière.
Les conséquences de la gélotophobie
Parmi les phobies qui causent la plus grande détérioration au niveau social, la gélotophobie pourrait être l’une d’entre elles. Ce n’est pas la même chose d’avoir peur des avions (un moyen de transport que nous utilisons à des occasions très précises) que d’avoir peur de situations où des personnes peuvent rire de nous.
Une personne qui a la phobie du ridicule choisira de rester à la maison et d’éviter les sorties pour éviter d’être éventuellement l’objet de ridicule. Voici d’autres conséquences fréquentes :
- L’estime de soi est endommagée, car la personne se sent méprisée et peu valorisée ;
- La personne fait preuve de timidité ;
- Elle stresse face à des rires, elle passe donc pour une personne qui n’a pas le sens de l’humour ;
- Elle renvoie une image froide et distante d’elle-même.
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Comment gérer la peur des moqueries ?
Tout d’abord, il est important de comprendre qu’une phobie n’est pas une simple peur. C’est une peur intense qui provoque un réel malaise chez la personne qui en souffre, et qui détériore différents domaines de sa vie. Une personne qui souffre d’une phobie a besoin d’aide.
Comme toutes les phobies, l’approche de la gélotophobie implique des techniques d’exposition. D’abord, l’exposition est imaginaire : le patient visualise la scène redoutée, pendant que le thérapeute l’accompagne. La dernière étape du processus d’exposition sera l’exposition à une situation sociale réelle.
D’autre part, nous avons la restructuration cognitive, qui permet d’identifier quelles sont les pensées qui sont à la base de la peur. L’idée est de les remplacer par d’autres plus fonctionnelles.
Les jeux de rôle sont également recommandés. Par exemple, le patient doit être capable d’identifier ce qui l’embarrasse, puis de le mettre en scène, afin de saisir sa faiblesse et d’en faire une véritable risée du public. Grâce à un rôle actif, il sera en mesure de voir la situation différemment. Cet exercice implique une série d’instructions et d’être guidé.
Enfin, il est essentiel d’avoir recours à diverses techniques de relaxation, afin que le patient soit capable de faire face au stimulus phobique. Ainsi, il ne cherchera pas à fuir la situation.
Les personnes atteintes de cette phobie peuvent apprendre des techniques de relaxation qui réduisent le stress face à des situations sociales qui les mettent mal à l’aise.
Quand tout est vécu comme une attaque personnelle
Tout au long de ce voyage, nous avons pu corroborer que l’une des plus grandes difficultés de la gélotophobie réside dans le fait que les personnes qui en font l’expérience se sentent au centre de la moquerie. Tout rire, regard ou murmure autour d’elles représentent une véritable source de torture pour ces personnes.
Les réactions communes sont la fuite et l’évitement. Bien qu’il y ait aussi des cas de violence et de ressentiment.
Une vie dans laquelle le rire représente un problème ou une menace est difficile. C’est pourquoi il est important de solliciter de l’aide. Le soutien et la compréhension de l’entourage sont aussi essentiels. En tant que société, il est important de faire en sorte que les enfants et adolescents développent une solide estime de soi et une tolérance à la frustration.
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- Sevilla Moreno, Antonio; López Martínez, Olivia. GELOTOFOBIA: EVALUACIÓN DEL MIEDO AL RIDÍCULO EN ALUMNOS UNIVERSITARIOS. International Journal of Developmental and Educational Psychology, vol. 1, núm. 1, 2010, pp. 289-298 Asociación Nacional de Psicología Evolutiva y Educativa de la Infancia, Adolescencia y Mayores Badajoz, España