Haptophobie : comment surmonter la phobie d'être touché ?

Pour les êtres humains, nous lier à d'autres personnes est vital. Mais que se passe-t-il quand ce contact avec les autres génère une peur intense et irrationnelle ?
Haptophobie : comment surmonter la phobie d'être touché ?
Elena Sanz

Rédigé et vérifié par la psychologue Elena Sanz.

Dernière mise à jour : 10 août, 2022

Nous pouvons tous nous sentir gênés quand un inconnu nous prend dans ses bras ou quand les autres envahissent notre espace vital. Il existe généralement une distance interpersonnelle adéquate en fonction du type de lien que nous maintenons avec les autres et, si elle n’est pas respectée, nous pouvons nous sentir envahis. Néanmoins, pour ceux qui souffrent d’haptophobie, le fait de se serrer la main ou le baiser d’un proche sont source d’un profond mal-être.

L’haptophobie se caractérise par une peur irrationnelle et pathologique de toucher les autres ou d’être touché par ces derniers. L’anxiété déclenchée par le contact physique est si grande que la personne peut finir par s’isoler presque complètement afin d’éviter ce type de situations. Étant donné que les humains sont des êtres sociaux, cette phobie peut sérieusement interférer dans le quotidien de l’individu.

Quels sont les symptômes liés ?

Les symptômes de l haptophobie.

N’importe qui peut être atteint de tachycardie. En fait, son origine peut aussi bien être pathologique que psychologique.

L’haptophobie fait partie de la catégorie des phobies spécifiques : elle partage donc ses symptômes avec ces dernières. Voici les principaux :

  • Peur intense et disproportionnée de toucher d’autres personnes ou que celles-ci nous touchent.
  • L’exposition à la situation crainte (dans ce cas, le contact physique) déclenche une forte réaction d’anxiété.
  • L’individu est sûrement conscient que sa peur est irrationnelle mais il ne peut pas la contrôler.
  • Il évite à tout prix les situations qui impliquent le contact physique avec d’autres et, si ce n’est pas possible, il les supporte en ressentant un immense mal-être.
  • Le trouble se prolonge dans le temps et génère une interférence dans la vie quotidienne de la personne (sur le plan personnel, social, professionnel…).
  • Face à l’idée de contact physique avec d’autres personnes, des symptômes physiologiques apparaissent, tels que la tachycardie, des sueurs, une sensation d’étouffement ou de tension musculaire. Il est aussi probable qu’il y ait des pensées et des croyances irrationnelles par rapport à la dangerosité du contact.

Causes et origines de l’haptophobie

On n’a pas encore établi pleinement la cause de l’haptophobie et il est probable que différents facteurs confluent vers son origine. Il est possible qu’il y ait un certain composant biologique lié à des peurs ancestrales héritées de nos ancêtres.

En général, les phobies spécifiques s’acquièrent après avoir vécu des événements traumatiques, que ce soit à la première personne ou après avoir été témoin de la façon dont les autres vivent les conséquences négatives de ce qui, postérieurement, génère de la crainte.

Ainsi, par exemple, avoir été victime d’abus sexuels pendant son enfance peut conduire à souffrir d’haptophobie. De la même façon, savoir que certaines personnes ont attrapé un virus après être entrées en contact avec d’autres peut faire naître cette peur extrême d’être touché par les autres.

Facteurs de risque de l’haptophobie

Nous ne réagissons pas tous de la même façon devant les mêmes événements. Par conséquent, ce qui, pour une personne, peut être l’origine d’une haptophobie n’aura pas forcément d’impact chez une autre. Malgré tout, il existe plusieurs facteurs qui augmentent le risque de développer ce trouble :

  • Présenter des antécédents familiaux d’haptophobie ou d’autres troubles anxieux. Dans un premier temps, à cause du possible composant génétique hérité mais aussi parce qu’on a grandi en voyant des personnes proches réagir avec crainte face à ces situations.
  • Avoir un tempérament inhibé et une personnalité névrotique ou anxieuse.
  • Être une femme double le risque de souffrir d’une phobie situationnelle comme celle-ci.
  • Être atteint d’autres troubles psychologiques comme une phobie des germes, une peur de la foule ou une anxiété sociale.

Poursuivez votre lecture : Comment vaincre ses peurs

Comment la diagnostique-t-on ?

La thérapie psychologique.

La consultation psychologique est fondamentale pour obtenir un diagnostic et un traitement opportuns.

Le diagnostic de l’haptophobie se réalise sur la base des critères établis. En d’autres termes, un psychologue ou psychiatre doit évaluer les symptômes (pensées, émotions, sensations et comportements) que la personne affiche face au contact social.

Ceci peut se faire à travers un entretien clinique ou l’utilisation de certains tests et examens appropriés. Cette information ne permettra pas seulement d’identifier l’haptophobie mais aidera aussi à établir le plan de traitement individualisé le plus adéquat.

Comment peut-on surmonter l’haptophobie ?

Par chance, les phobies spécifiques répondent très bien aux traitements cognitivo-comportementaux. Ceux-ci se basent, principalement, sur trois objectifs :

  • Doter la personne de stratégies pour réguler ou réduire son niveau d’anxiété. Les techniques de relaxation et la désensibilisation systématique sont les options les plus utilisées.
  • Identifier les pensées irrationnelles qui apparaissent face à la peur et aider le patient à les réévaluer. En d’autres termes, on remet leur véracité en question et on les remplace par d’autres plus fonctionnelles et ajustées à la réalité.
  • Réussir à ce que la personne s’expose graduellement aux situations qu’elle craint. En mettant fin à l’évitement, on peut voir que le stimulus est en fait inoffensif et les niveaux d’anxiété associés diminuent.

D’autres alternatives comme le mindfulness ou la thérapie d’acceptation et d’engagement montrent aussi de bons résultats. Par ailleurs, il est parfois recommandé de prendre des médicaments pour renforcer l’intervention psychologique.

L’haptophobie affecte la vie quotidienne

Certaines phobies ne génèrent pas un grand problème dans la vie quotidienne car il est simple d’éviter les stimulus craints. Or, dans ce cas, l’haptophobie peut limiter la vie au niveau personnel, social, professionnel et affectif et causer un grand mal-être.

Ainsi, pour toutes ces raisons et pour les bons résultats obtenus avec la psychothérapie, il est recommandé de chercher une aide professionnelle. Il s’agit sans aucun doute de la meilleure option pour gagner en qualité de vie.


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