Priapisme : caractéristiques, causes et traitement
Le priapisme consiste en une érection permanente, pas toujours complètement rigide, et parfois douloureuse. Il peut être dû à une obstruction de l’écoulement veineux ou à un excès de débit artériel.
Des médicaments pour le traitement de la dysfonction érectile peuvent en être la cause. L’usage de substances (alcool ou drogues), certaines pathologies et certaines blessures en sont d’autres.
Bien que cette maladie soit rare, elle constitue dans certains cas une urgence qui nécessite une attention immédiate. Si elle n’est pas traitée en temps opportun, elle conduit à un dysfonctionnement érectile permanent.
Qu’est-ce que le priapisme ?
Le priapisme est une érection prolongée qui dépasse quatre heures. Il peut être lié à une stimulation sexuelle, mais pas nécessairement.
Ce terme vient d’un dieu de la mythologie grecque : Priape, fils de Dionysos et d’Aphrodite. Selon la légende, Priape est né avec un énorme pénis. Il était considéré comme le symbole de la fertilité et de la sexualité masculine.
Le priapisme n’est pas une affection très courante. Il est plus probable chez les hommes de plus de 30 ans. Mais il peut aussi toucher les enfants souffrant de drépanocytose.
Son incidence est estimée à 1,5 cas pour 100 000 personnes par an. Chez les hommes de plus de 40 ans, la proportion augmente un peu, atteignant 2,9 cas pour 100 000.
Selon certaines enquêtes, ce problème a augmenté ces dernières années, en raison de l’utilisation excessive ou inappropriée de médicaments pour le traitement de la dysfonction érectile, tels que le sildénafil.
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Types et symptômes
Les symptômes du priapisme varient selon le type. Il peut être ischémique ou non ischémique, selon qu’il existe une difficulté à drainer ou à vider les corps caverneux, ou un excès de flux sanguin vers le pénis.
1. Priapisme ischémique
Le priapisme ischémique, aussi appelé priapisme veino -occlusif ou à bas débit, est le plus fréquent. Il est dû à l’incapacité du sang veineux à sortir du pénis, en raison d’une obstruction ou d’un problème de contraction des muscles lisses.
Dans le même temps, l’afflux de sang artériel est également réduit, ce qui peut entraîner une ischémie des corps caverneux, d’où son nom. Et si cette situation se prolonge dans le temps, elle conduit à la fibrose, puisque le sang accumulé perd son oxygénation, et l’acidose est alors plus importante.
Les symptômes du priapisme ischémique sont les suivants :
- Érection prolongée
- Douleur qui s’aggrave
- Tige du pénis rigide et gland mou
2. Priapisme non ischémique
Aussi appelé priapisme à haut débit, ce type est moins fréquent. Contrairement au précédent, il est dû à l’excès de sang qui s’écoule dans les corps caverneux, qui est supérieur à l’écoulement.
Il peut survenir à la suite d’un traumatisme. Comme le sang qui s’accumule est plus riche en oxygène, il n’y a pas de risque d’ischémie.
Ses symptômes sont les suivants :
- Érection prolongée
- Tige du pénis pas complètement rigide
- Moins douloureux
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Les causes du priapisme
Le priapisme est généralement secondaire à une altération des mécanismes hémodynamiques qui contribuent à la diminution du volume sanguin au sein des corps caverneux ou à la détumescence. Ce problème peut être lié aux vaisseaux sanguins, aux muscles ou aux nerfs.
Bien que, dans certains cas, il ne soit pas possible de connaître la cause première, il existe plusieurs facteurs, et même des conditions, qui peuvent avoir un impact sur ce problème. Parmi eux, il convient de mentionner les suivants.
Pathologies
Le priapisme récurrent survient fréquemment chez les hommes atteints de drépanocytose et, dans une moindre mesure, d’autres troubles sanguins : leucémie, myélome multiple et thalassémie.
Parmi les pathologies pouvant être associées au priapisme figurent également les suivantes :
- Cancer du pénis, de la vessie, de la prostate ou du rectum.
- Maladies neurologiques : encéphalopathie, sclérose en plaques.
- Pathologies infectieuses : oreillons, paludisme.
- Inflammations : prostatite et thrombophlébite.
- Autres troubles : goutte, amylose, maladie de Fabry.
Médicaments
Un épisode de priapisme peut être l’effet secondaire de certains médicaments utilisés pour traiter diverses pathologies et troubles. Ce sont les suivants :
- Anticoagulants, tels que la warfarine et l’héparine
- Autres médicaments utilisés dans le traitement de la dysfonction érectile
- Anxiolytiques, antidépresseurs et médicaments pour les troubles psychotiques
- Androgènes et autres hormones, comme la testostérone et la gonadolibérine
- Injection de substances vasoactives
- Cette injection est présententée dans les études comme l’une des premières causes de priapisme.
- Les antihypertenseurs, y compris les antagonistes calciques, peuvent provoquer un effet veino-occlusif, ainsi que les alpha-bloquants.
Blessures
Les blessures et lésions au niveau du pénis, du périnée ou du bassin provoquent dans certains cas des fistules, ce qui entraîne un afflux anormal de sang artériel vers les corps caverneux. De même, les lésions de la moelle épinière peuvent affecter les mécanismes de l’érection, entraînant la perte du réflexe bulbocavernosus.
Autres causes
- Consommation excessive d’alcool
- Consommation de drogues, comme la cocaïne et l’héroïne
- Morsures d’araignées et autres arachnides, comme les scorpions
Diagnostic et traitement
Pour diagnostiquer le priapisme, le médecin recherchera des différences de symptômes. Par exemple, dans le priapisme ischémique, l’érection est douloureuse. De plus, le patient peut sembler agité. En revanche, chez le patient non ischémique, le pénis apparaît dans un état d’érection incomplète.
D’autres études viendront compléter le diagnostic. Une gazométrie permettra de savoir si l’espace caverneux est rempli de sang artériel ou veineux, et s’il y a ou non hypoxie et acidose. Une échographie Doppler et une artériographie sélective peuvent également être réalisées.
Bien que le but du traitement pour l’un ou l’autre type de priapisme puisse être similaire, les mécanismes d’action diffèrent. Même l’urgence de l’attention. Le priapisme ischémique nécessite une action immédiate et des mesures un peu plus invasives.
Pour favoriser la circulation sanguine des corps caverneux, un analgésique puissant peut être administré, en plus de l’application d’un froid local. La terbutaline sous-cutanée est également administrée.
Si la tumescence persiste, une aspiration sera pratiquée, avec une ponction dans la partie distale d’un corps caverneux. Celui-ci est drainé jusqu’à ce que du sang artériel rouge vif sorte.
Si le sang ne sort pas du fait de son épaisseur, des lavages au sérum physiologique seront effectués. Et si l’érection réapparaît, en plus d’une nouvelle aspiration, un agoniste alpha-adrénergique sera injecté par voie intra-caverneuse. Lorsque l’érection dure depuis longtemps, il est recommandé d’ouvrir des fistules qui permettent le drainage.
Dans certains cas de priapisme non ischémique, le traitement peut ne pas être nécessaire, car il n’entraîne généralement pas de complications. Tout au plus, il faudra réduire le débit par embolisation sélective ou autres procédés, afin d’obtenir une détumescence.
Quand consulter un médecin ?
Parfois, un épisode de priapisme se résout de lui-même. Mais cela peut aussi constituer une urgence. Selon la gravité, il laissera des séquelles, comme une dysfonction érectile permanente.
Lorsqu’une érection dure plusieurs heures, il est essentiel de se rendre immédiatement dans un centre de soins d’urgence. Le médecin déterminera le type de priapisme et les actions nécessaires.
Si ces épisodes sont récurrents, un traitement doit être instauré pour les prévenir. Le médecin peut conseiller l’arrêt de la prise de certains médicaments. Le patient doit également éviter de consommer des drogues ou des substances pouvant l’affecter.
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