Qu'est-ce que le syndrome de la vibration fantôme et comment l'éviter ?

Si vous avez déjà eu l'impression avoir reçu une notification sur votre téléphone, mais que lorsque vous avez vérifié il n'y avait rien, alors il s'agissant sans doute d'une vibration fantôme. Nous en parlons ici.
Qu'est-ce que le syndrome de la vibration fantôme et comment l'éviter ?
Elena Sanz

Relu et approuvé par la psychologue Elena Sanz.

Dernière mise à jour : 12 avril, 2023

Le syndrome de la vibration fantôme peut être considéré comme une conséquence supplémentaire de l’utilisation excessive des technologies, en l’occurrence des téléphones portables. Peut-être l’avez-vous déjà ressenti : vous pensez que votre téléphone portable vibre dans votre poche ou votre sac, puis vous vérifiez et constatez que personne ne vous a appelé ou écrit.

Cela a à voir avec la façon dont le cerveau réagit aux stimuli que nous percevons ou croyons percevoir. Cependant, on pense aussi que cela pourrait être lié à certains troubles. Apprenez-en davantage sur les vibrations fantômes et découvrez pourquoi elles se produisent.

Les prédispositions perceptives

La nomophobie est la dépendance à l'utilisation des téléphones portables
L’esprit peut croire qu’il y a un stimulus, comme la vibration du mobile, même si ce n’est pas le cas.

Dans toute situation, qu’il y ait ou non un stimulus, il y a plusieurs possibilités :

  • Le stimulus est présenté, les sens le perçoivent, le cerveau le traite.
  • Il y a un stimulus, mais nous ne le percevons pas.
  • Il n’y a pas de stimulus, il n’y a pas de perception.
  • Il n’y a pas de stimulus, mais le cerveau le pense.

Ce dernier point est lié à ce qu’on appelle les « prédispositions perceptives », un concept qui a été utilisé pour comprendre le processus d’acquisition et de développement du langage chez les enfants.

À cet égard, des études sur le sujet indiquent que les humains naissent avec la capacité de distinguer les sons possibles du langage, qui sont ensuite appris ou non, selon que ce son est utilisé dans la langue parlée dans l’environnement.

Et tout comme nous avons la capacité de le faire, nous n’avons pas la capacité de reconnaître par l’arôme, si une plante est comestible, par exemple. En général, on pense que plus nous sommes prédisposés à un stimulus, plus nous sommes susceptibles de le percevoir.

Cela peut même se produire lorsque ledit stimulus est absent, car même en son absence, les récepteurs sensoriels respectifs sont activés. Il convient de rappeler que, dans une large mesure, la perception ne se produit pas via les sens, mais dans le cerveau.

Tout cela expliquerait le syndrome de la vibration fantôme. Cela permettrait également de comprendre pourquoi avant qu’il n’y ait des téléphones portables, les personnes ne connaissaient pas le phénomène dont nous parlons.

Qu’est-ce que le syndrome de la vibration fantôme ?

Dans le syndrome de vibration fantôme, nous pensons que nous avons reçu une notification sur notre portable, mais après vérification, nous constatons qu’il n’en n’est rien.

Bien entendu, cela nous arrive parce que nous sommes des utilisateurs de téléphones portables, parce que nous avons un téléphone avec nous et qu’il est en contact avec notre corps. Nous avons perçu le stimulus (vibration) plusieurs fois, au point que notre cerveau l’associe déjà à une notification.

La vibration fantôme peut survenir à tout moment, mais la probabilité augmente lorsque nous attendons un appel ou un message important, et vérifions alors notre téléphone à tout moment.

Selon les recherches, c’est un phénomène que la grande majorité des utilisateurs expérimentent. Près de 90 % d’entre eux ont déclaré ressentir une vibration fantôme toutes les deux semaines en moyenne, voire moins.

C’est un autre signe ou manifestation de dépendance à la technologie. Et bien qu’elle ne soit pas à proprement parler considérée comme une pathologie ou un trouble des conduites, elle pourrait bien être liée à des traits obsessionnels ou à l’anxiété, comme nous le verrons plus loin.



Les causes du syndrome de la vibration fantôme

Plusieurs causes peuvent expliquer l’apparition du syndrome de la vibration fantôme. Nous en avons déjà implicitement évoqué l’un : le contact excessif ou l’addiction à la technologie, qui nous hyperstimule et nous prédispose.

Deuxièmement, ce phénomène peut avoir une composante émotionnelle. Par exemple : dans des situations de stress, d’angoisse ou d’anxiété d’anticipation, lorsque nous attendons un appel important.

De telles situations peuvent nous mettre dans un état d’hypervigilance, semblable à celui d’un militaire qui est de garde et qui croit percevoir à tout moment des signes de l’ennemi, ou à celui d’une personne victime d’un crime et qui est surpris lorsqu’il croit entendre le bruit d’une porte qui s’ouvre.

Aussi, cela peut nous arriver lorsque nous traversons une période difficile et que nous éprouvons un sentiment de vulnérabilité, par exemple face à une rupture dans la relation. Il est donc possible que nous cherchions constamment à nous évader ou à nous réfugier dans le téléphone.

D’autre part, il existe des études dans lesquelles il a été observé que les notifications émises par les applications téléphoniques peuvent activer des neurotransmetteurs comme la dopamine, celles-ci sont ainsi liées à une dynamique de plaisir ou de déplaisir. Ainsi, le syndrome de vibration fantôme fonctionnerait comme une forme d’anticipation face à un désir.

Les complications possibles

Il n'est jamais trop tard pour réaliser que vous méritez mieux.
Une dépendance au téléphone portable peut faire apparaître le syndrome des vibrations fantômes.

Bien qu’il ait été souligné que le syndrome des vibrations fantômes n’est pas une pathologie, il peut être associé à certains problèmes, tels qu’une dépendance accrue à l’utilisation du téléphone portable et une faible stabilité émotionnelle, comme l’a révélé une étude.

De même, une enquête menée à Taïwan a révélé que ce phénomène survient plus fréquemment chez les travailleurs présentant des niveaux élevés de fatigue personnelle et professionnelle, c’est pourquoi on pense qu’il pourrait être un signe de stress ou de syndrome d’épuisement (burnout).

D’autre part, une étude réalisée en Inde en 2017 suggère que le syndrome de la vibration fantôme, en plus d’être un symptôme de dépendance au téléphone portable, pourrait montrer des changements psychologiques ou neurologiques, pouvant entraîner de l’anxiété, de la dépression et d’autres troubles affectifs.

Dans d’autres recherches, il est souligné que ce syndrome affecte même la qualité du sommeil. En effet, parmi les sujets participants, plus de la moitié a affirmé s’être réveillés la nuit en croyant que le téléphone vibrait.

En général, ces fausses alertes ne sont pas une complication pour la plupart. Mais le fait qu’il se manifeste plus souvent chez les personnes présentant des traits d’anxiété d’attachement et de dépendance émotionnelle reste préoccupant.

Comment éviter le syndrome de la vibration fantôme ?

Puisqu’il s’agit d’un phénomène émergent, qui est étroitement associé au mode de vie de la personne, certains changements d’habitudes peuvent aider à gérer le problème et à éviter des maux plus graves.

Dans ce sens, les recommandations suivantes peuvent être prises en compte :

  • Activer le son sur son téléphone, plutôt que de le laisser en mode vibration
  • Désactiver les notifications des réseaux sociaux, et ne laisser que les notifications d’appel
  • Réduire le temps d’utilisation du téléphone portable
  • Activer le mode “Ne pas déranger” aux heures des repas et le soir



Quand demander de l’aide ?

Au début, le syndrome de la vibration fantôme peut être considéré comme une perception erronée et même amusante. Cependant, cela peut devenir récurrent, provoquant des réactions bouleversées chez la personne, comme la déception ou la colère.

Si tel est votre cas, et si l’utilisation du téléphone vous cause de l’anxiété ou du stress, ou si vous ne pouvez pas vous en passer, même un instant, il est important de prendre des mesures, comme consulter un psychologue et, en complément, participer à un groupe de soutien.


Toutes les sources citées ont été examinées en profondeur par notre équipe pour garantir leur qualité, leur fiabilité, leur actualité et leur validité. La bibliographie de cet article a été considérée comme fiable et précise sur le plan académique ou scientifique


  • Serniclaes W. On the Invariance of Speech Percepts. ZAS Papers in Linguistics. 2005; 40: 177-194. https://doi.org/10.21248/zaspil.40.2005.265.
  • Rollman G. Perspectives on hypervigilance. Pain. 2009; 141(3): 183-184. Doi: 10.1016/j.pain.2008.12.030
  • Rothberg M, Arora A, Hermann J, et al. Phantom vibration syndrome among medical staff: a cross sectional survey. BMJ, 2010; 341: c6914. Doi:10.1136/bmj.c6914
  • Rosenberg R. An experiential account of phantom vibration syndrome. Computers in Human Behavior. 2015; 52: 124-131.
  • Alam M, Qureshi M, Sarwat A. Prevalence of phantom vibration syndrome and phantom ringing syndrome (ringxiety): risk of sleep disorders and infertility among medical students. International Journal of Advanced Research. 2014; 2(12): 688-693.
  • Drouin M, Kaiser D, Miller D. Phantom vibrations among undergraduates: Prevalence and associated psychological characteristics. Computers in Human Behavior. 2012; 28(4): 1490-1496.
  • Kruger D, Djerf J. Bad vibrations? Cell phone dependency predicts phantom communication experiences. Computers in Human Behavior. 2017; 70: 360-364.
  • Pareek S. Phantom Vibration Syndrome: An Emerging Phenomenon. Asian Journal of Nursing Education and Research. 2017; 7(4):596. DOI:10.5958/2349-2996.2017.00116.1
  • Chen C, Wu C, Chang L, Lin Y. Possible association between phantom vibration syndrome and occupational burnout. Neuropsychiatric Disease and Treatment; 2014. DOI:10.2147/NDT.S73038

Ce texte est fourni à des fins d'information uniquement et ne remplace pas la consultation d'un professionnel. En cas de doute, consultez votre spécialiste.