Kintsugi : la philosophie de vie qui revalide les blessures de l'âme

Le Kintsugi nous enseigne que la véritable guérison émotionnelle se produit lorsque nous apprenons à accepter les blessures de l'âme et à nous permettre de les ressentir. Découvrez ici cette philosophie de vie.
Kintsugi : la philosophie de vie qui revalide les blessures de l'âme
Maria Alejandra Morgado Cusati

Rédigé et vérifié par la philosophe et psychologue Maria Alejandra Morgado Cusati.

Dernière mise à jour : 10 août, 2022

Nombreuses sont les personnes qui croient que les blessures émotionnelles sont surmontées en enterrant la douleur et en adoptant une attitude positive envers la vie. Cependant, et comme le kintsugi le reflète très bien, la guérison émotionnelle n’est possible que lorsqu’on se donne la possibilité d’accepter et de ressentir les blessures internes, laissant place à la tristesse, à l’angoisse et à la colère.

Le kintsugi est une technique japonaise séculaire qui consiste à réparer des pièces de céramique cassées. Cependant, elle représente aussi une philosophie de vie qui défend l’idée qu’il ne sert à rien d’ignorer ou de cacher les blessures. La beauté des cicatrices est revalorisée : les cassures font partie de l’objet, le rendent unique et définissent son identité.

Qu’est-ce que le kintsugi ?

Le kintsugi est une technique japonaise qui consiste à prendre les morceaux d’une poterie cassée et à joindre leurs fissures avec une glaçure saupoudrée d’or, afin que leurs cicatrices dorées ressortent. Bien que la céramique retrouve sa forme originale, ces marques transforment son essence en une version plus profonde et plus unique.

Maintenant, d’un point de vue psychologique, le kintsugi a été utilisé comme métaphore pour faire référence à la gestion de situations difficiles, aux blessures émotionnelles qui en découlent et à la capacité des êtres humains à soigner les âmes brisées.

Sous cette prémisse, l’idéal est que nous apprenions à rassembler les morceaux d’un cœur brisé, en acceptant la douleur et les blessures causées par les pertes et les obstacles. Ce sont ces pauses qui nous font grandir en tant que personnes et devenir des individus uniques.



Donner de l’espace à la douleur pour guérir

Dans le domaine émotionnel, le deuil est le processus qui se charge de cicatriser les blessures causées par la perte d’un emploi, d’une personne, d’un projet. Si nous voulons le surmonter, il est vital que nous fassions place à la tristesse, à l’angoisse et à la colère. C’est-à-dire que nous devons permettre à toutes ces émotions d’émerger, en les ressentant au lieu de les dissimuler.

On nous a appris qu’il faut éviter la douleur à tout prix et que l’état idéal de tout être humain est le bonheur. Cependant, cette prétention n’a fait qu’entraver la guérison émotionnelle dans tout processus de deuil.

Au lieu d’affronter la douleur comme il se doit, par l’acceptation et le ressenti, nous l’évitons, nous la refoulons et nous la fuyons comme s’il était possible de simplement la rejeter.

La douleur est inconfortable, non seulement pour ceux qui la subissent, mais aussi pour ceux qui la voient se refléter chez les autres. C’est pourquoi nous insistons sur des solutions rapides, incitant la personne concernée à sortir de son état pitoyable : “Il est temps de tourner la page, amusons-nous car nous n’avons qu’une vie !” ; “Allez, ce n’est pas grave, rassurez-vous, tout ira bien !”

À long terme, ces interventions sont des interruptions qui nous empêchent de guérir complètement. Une guérison complète n’est possible que lorsque nous embrassons la douleur et les blessures émotionnelles.

Poterie cassée.
La poterie cassée qui est ensuite réparée est la métaphore de ces cicatrices qui font de nous des individus uniques, avec une histoire personnelle.

Soigner les blessures émotionnelles par le kintsugi

Céline Santini, dans son livre Kintsugi, L’art de la Résilience, nous montre le chemin qu’il faut emprunter pour soigner les blessures émotionnelles, selon cette technique japonaise.

1. Pause

Cette phase correspond à l’expérience d’événements indésirables, qui brisent nos cœurs et nos âmes. En se référant à la métaphore du kintsugi, au lieu de jeter le morceau cassé, l’idéal est de donner une seconde chance à l’objet, en joignant ses parties.

Appliqué aux humains, cela implique que nous acceptions les situations adverses et la douleur, et que nous récoltions les morceaux de l’âme pour guérir cette dernière et lui donner une autre chance.

Pour cela, il faut choisir comment réparer la situation et visualiser comment elle peut se terminer. Face à cette idée, Santini souligne que, lorsque nous décidons de réparer quelque chose de cassé, non seulement nous reconnaissons sa valeur, mais nous la multiplions.

Choisir de se réparer n’est rien de plus qu’un acte d’amour-propre.

2. Assemblage

La phase suivante consiste à se mettre au travail, mais avec patience et sans précipitation. En d’autres termes, tout comme le matériel pour le kintsugi est soigneusement et consciemment assemblé, nous devons nous préparer avant de nous lancer dans le processus de durcissement.

Il s’agit de ramasser lentement nos morceaux brisés, comme si nous étions sur le point d’entreprendre quelque chose de sacré : notre propre transformation. Nous devons être clairs sur ce que sont les pièces et comment nous allons les assembler.

Selon Santini, il s’agit de faire les choses différemment, de prendre le temps de s’observer de l’extérieur, de faire prendre conscience de ces comportements que nous reproduisons inconsciemment et qui nous font souffrir.

Ainsi, lorsque nous reprenons nos morceaux, ce ne doit pas être l’obsession qui aide à combler le vide ; nous devons prendre le temps de trouver des alternatives qui nous calment, et qui nous font nous sentir mieux dans notre peau (danser, peindre, jouer sport, écrire, lire).

3. Patience

Dans le kintsugi, l’étape de séchage est la clé de la recomposition de l’objet. C’est ce qui garantit sa solidité et sa durabilité.

Pour que la recomposition de l’âme soit efficace, il faut du temps. Une fois les pièces assemblées, il faudra aussi s’assurer qu’elles ne bougent pas.

Cela implique de laisser les choses reposer. Il s’agit de laisser la psyché travailler à son rythme pendant sa guérison. Dans cette phase, il est important d’être patient et d’éviter d’accélérer la guérison.

4. Réparation

Une fois les pièces assemblées, il sera temps de peaufiner le résultat. Nous devons nous concentrer sur la manière d’améliorer les irrégularités et les défauts encore visibles.

Appliqué à la reconstruction personnelle, cela signifie apprendre des erreurs du passé et modifier les aspects qui ne nous permettent pas de vivre pleinement.

5. Révélation

Dans la technique du kintsugi, cette étape correspond à l’application de poudre d’or sur les cicatrices de l’objet, lui donnant un éclat pour se rapprocher du résultat final.

Dans le processus de reconstruction personnelle, cela signifie se donner la permission d’être à nouveau heureux, de briller de nouveau. Une fois que nous atteignons ce point, nous réalisons à quel point il a été difficile de se remettre sur pied. C’est pourquoi nous commençons à faire de prudence.

Libération de la douleur dans le kintsugi.
La libération de la douleur n’est pas synonyme d’oubli, il s’agit d’assumer ses cicatrices pour se sentir libre.

6. Sublimation

À ce stade, la réparation est déjà effectuée. Il est temps de profiter d’un travail bien fait.

Il s’agit d’admirer et de contempler notre transformation, de prendre le temps de ressentir le résultat, d’assumer avec fierté les cicatrices visibles et d’exposer la création aux personnes qui nous sont chères.

Santini souligne l’importance de partager cette expérience avec les autres, car chacun doit faire face à l’adversité à tout moment de sa vie. Les autres seront fiers de nos progrès, de la beauté de nos imperfections et de notre cheminement vers la guérison.



Le kintsugi, une philosophie pour retrouver l’espoir

La métaphore du kintsugi véhicule un message d’espoir, car elle nous rappelle que les choses cassées peuvent être réparées. De plus, il nous apprend que la recomposition finit par être une meilleure version de ce qu’était l’objet avant, dans la mesure où il apparaît unique.

Pourquoi ne pas appliquer cette philosophie de vie pour commencer à soigner nos blessures internes ?


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  • Meza E, García S, Torres A, Castillo L, Sauri S, Martínez B. El proceso del duelo. Un mecanismo humano para el manejo de las pérdidas emocionales. Revista de Especialidades Médico-Quirúrgicas [Internet]. 2008 [consultado el 7 de julio de 2022]; 13(1): 28-31. Disponible en: https://www.redalyc.org/pdf/473/47316103007.pdf
  • Santini C. Kintsugi. El arte de la resiliencia. España: Libros Cúpula; 2019.

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