La nouvelle pilule contraceptive masculine montre des résultats positifs en laboratoire : comment fonctionnelle-t-elle ?


Rédigé et vérifié par le médecin Leonardo Biolatto
L’idée d’une pilule contraceptive masculine n’est pas nouvelle. Cependant, il n’a pas été facile d’obtenir un résultat positif en laboratoire. Du moins, jusqu’à maintenant.
Buck et Levin, deux professeurs de pharmacologie à la Weill Cornell School of Medicine de New York, ont récemment publié un article scientifique dans Nature et ouvert les portes de la découverte. Via une expérimentation avec des souris, ils sont parvenus à immobiliser le sperme pendant 3 heures, empêchant ainsi les animaux d’être fertiles pendant cette période de temps.
Serait-il possible de créer une pilule contraceptive masculine qui fonctionne chez l’homme ? Les spécialistes estiment que oui.
Si les essais sur des souris peuvent être reproduits chez l’homme avec le même degré d’efficacité, cela pourrait être l’approche contraceptive masculine que nous recherchions.[/atomik-quote ]
Sur quoi portait l’étude ?
Depuis l’avènement des contraceptifs hormonaux féminins, le domaine de la contraception humaine chez la femme s’est considérablement développé. Tant en savoir-faire qu’en produits disponibles en pharmacie. Cependant, il n’en était pas de même pour les hommes.
Compte tenu de l’inquiétude, Buck et Levin ont commencé à chercher des alternatives valables qui évitaient l’hormone. En d’autres termes, ils voulaient une méthode fiable pour les hommes, mais sans avoir recours au blocage de la testostérone.
Connaissant l’existence d’une protéine appelée adényl cyclase soluble ou sAC, Levin a demandé à Buck de la trouver et de l’isoler en laboratoire. Et Buck l’a fait. Le sAC est fondamental pour la maturation des spermatozoïdes et pour une motilité adéquate qui leur permet d’atteindre l’ovule et de féconder.
Dans le laboratoire de Cornell, lorsque des souris ont été génétiquement modifiées pour être déficientes en cette protéine, elles sont devenues stériles. Mais il y avait encore plus à faire. En 2018, Melanie Balbach s’est jointe à l’étude en tant que postdoc et a bloqué le sAC chez les souris avec une substance spéciale. Résultat : les spermatozoïdes des animaux ne pouvaient plus être propulsé vers l’avant.
Est ainsi apparu le germe de ce qui serait aujourd’hui la première pilule contraceptive masculine non hormonale. Son nom technique est TDI-11861.
[caption id="attachment_702705" align="aligncenter" width="2508"]
Pour l’instant, il n’y a pas eu de tests chez l’homme.[/caption]Le test a été effectué sur des souris
Le rapport publié dans Nature rend compte de la démonstration qui a été faite avec la TDI-11861. Une série de souris mâles ont été médicamentées avec la substance et un autre groupe a travaillé comme témoins, médicamenté avec un placebo.
Les animaux traités ont fait 52 tentatives d’accouplement avec des souris femelles et n’ont pas réussi à les féconder pendant 3 heures. En revanche, le groupe ayant reçu un placebo a fécondé environ 30 % des femelles.
Après 24 heures, les spermatozoïdes ont retrouvé leur mobilité. Et il faut compter 30 minutes après la prise pour l’immobilisation initiale du sperme.
[atomik-quote author="Allan Pacey"]L’approche décrite ici, qui consiste à éliminer une enzyme clé dans le sperme pour le mouvement des spermatozoïdes, est une idée nouvelle. Le fait que cette situation puisse être inversée est excitant.
[/atomik -lu-aussi ]
La pilule contraceptive masculine n’est pas la seule
La recherche d’une pilule contraceptive masculine compte des décennies de recherch. La nouveauté de cette découverte récente est la voie non hormonale.
Cependant, il existe déjà une option basée sur l’utilisation d’hormones : la marque Nestorone ®. Il s’agit d’un progestatif de synthèse utilisé sous forme de gel, et appliqué sur les épaules. Après son absorption, il bloquerait la production de sperme.
Les difficultés avec ce gel résident dans la nécessité de l’utiliser régulièrement pour obtenir l’effet recherché. De plus, si l’application est suspendue, le gel perd son action à court, moyen et long terme. Il existe également des doutes quant à ses conséquences hormonales, car il pourrait affecter d’autres mécanismes de fonctionnement du corps.
Malgré cela, Nestorone® fait déjà l’objet d’essais sur l’homme. Nous aurons sans doute des nouvelles de son approbation gouvernementale pour la commercialisation. Après les échecs passés avec les pilules masculines qui avaient un taux élevé d’effets indésirables, il semble qu’une nouvelle ère approche.

[/atomik -lu-aussi ]
Une pilule contraceptive masculine est un changement de paradigme
Pour l’Organisation mondiale de la santé (OMS), les méthodes contraceptives masculines sont la vasectomie et les préservatifs. Les autres méthodes sont réservées aux femmes. Enfin, le préservatif est la seule contraception pouvant prévenir les infections sexuellement transmissibles.
La révolution de la contraception féminine a changé le monde. Aujourd’hui encore, nous ressentons les effets dérivés de la liberté acquise par les femmes de décider quand concevoir.
L’existence d’une pilule contraceptive masculine avec les caractéristiques de la TDI-11861 est une autre révolution. Si l’on y réfléchit bien, on a affaire à une méthode à la demande et réversible. L’homme pouvait prendre la pilule avant d’avoir des rapports sexuels et retrouver sa fertilité le lendemain.
Sur le plan social, un nouveau paradigme s’annonce. Les essais sur l’homme approchent à grands pas et le développement commercial pour rendre cette option disponible est déjà un avenir possible.
Toutes les sources citées ont été examinées en profondeur par notre équipe pour garantir leur qualité, leur fiabilité, leur actualité et leur validité. La bibliographie de cet article a été considérée comme fiable et précise sur le plan académique ou scientifique
- Balbach, M., Rossetti, T., Ferreira, J., Ghanem, L., Ritagliati, C., Myers, R. W., … & Levin, L. R. (2023). On-demand male contraception via acute inhibition of soluble adenylyl cyclase. Nature Communications, 14(1), 637.
- Kjærgaard, N., Kjærgaard, B., & Lauritsen, J. G. (1988). Prazosin, an adrenergic blocking agent inadequate as male contraceptive pill. Contraception, 37(6), 621-629.
- Kumar, N., Fagart, J., Liere, P., Mitchell, S. J., Knibb, A. R., Petit-Topin, I., … & Sitruk-Ware, R. (2017). Nestorone® as a novel progestin for nonoral contraception: structure-activity relationships and brain metabolism studies. Endocrinology, 158(1), 170-182.
- Lue, Y., Swerdloff, R., Pak, Y., Nguyen, B. T., Yuen, F., Liu, P. Y., … & Wang, C. (2023). Male contraception development: monitoring effective spermatogenesis suppression utilizing a user-controlled sperm concentration test compared with standard semen analysis. Fertility and Sterility, 119(2), 208-217.
- Olivera, M., Ruiz, T., Tarazona, A., & Giraldo, C. (2006). El espermatozoide, desde la eyaculación hasta la fertilización. Revista Colombiana de Ciencias Pecuarias, 19(4), 426-436.
Ce texte est fourni à des fins d'information uniquement et ne remplace pas la consultation d'un professionnel. En cas de doute, consultez votre spécialiste.