L'exercice physique et son lien avec notre bonheur

Lorsque nous faisons une activité physique, des changements se produisent dans le cerveau et dans l’humeur qui nous permettent de nous sentir mieux. Pour comprendre pourquoi cela se produit, nous avons consulté la spécialiste Ana Isabel Sanz.
L'exercice physique et son lien avec notre bonheur
Leonardo Biolatto

Rédigé et vérifié par le médecin Leonardo Biolatto.

Dernière mise à jour : 02 août, 2024

À une époque où le souci du bien-être mental gagne en importance, le rôle de l’exercice physique en tant que source de bonheur devient plus évident. De nombreuses personnes recherchent des alternatives pour bouger, être actives, prévenir les maladies et évacuer le stress.

Or, est-il réel que l’activité physique ait des bienfaits sur la santé mentale ? Afin de révéler ce mystère, nous nous sommes entretenus avec Ana Isabel Sanz, psychiatre et psychothérapeute.

Pourquoi l’exercice physique pourrait-il contribuer à notre bonheur?

Selon des recherches, une seule journée d’activité physique par semaine suffit à améliorer le bonheur général. Autrement dit, l’entraînement modifie non seulement le corps. Mais a également des effets directs sur le bien-être émotionnel.

Le Dr Sanz, directeur de l’Institut psychiatrique Ipsias, explique que « l’exercice augmente le flux sanguin qui atteint le cerveau et améliore ainsi ses performances globales et les zones spécifiquement liées à l’humeur ». Parallèlement, selon ce que nous dit l’expert, on sait aussi que l’activité physique stimule la production de neurotransmetteurs bénéfiques pour la santé mentale.

Parmi ces neurotransmetteurs, les endorphines méritent une mention particulière. Ce sont de petites protéines qui régulent l’humeur et bloquent la douleur. C’est-à-dire qu’elles sont analgésiques.

Plus nous faisons de l’exercice, plus la circulation sanguine des endorphines est importante. L’augmentation de sa concentration dans le sang réduit l’anxiété et les symptômes dépressifs.

Mais les effets ne se limitent pas aux neurotransmetteurs déjà mentionnés. Comme le précise Ana Isabel Sanz, “l’augmentation de l’activité cardiaque produit également une augmentation de la noradrénaline, ce qui a une influence positive sur l’énergie et l’humeur”.

À tout cela, selon le spécialiste, il faut ajouter le fait que l’entraînement peut réduire l’inflammation du tissu nerveux. Par conséquent, plus la neuroinflammation est faible, plus le risque de développer des pathologies de santé mentale, comme la dépression, est faible.

Existe-t-il des exercices meilleurs que d’autres pour notre santé mentale ?

Il n’y a pas de réponse unanime sur quel est le sport idéal pour atteindre le bonheur. En effet, la perception du bien-être est très subjective et varie d’une personne à l’autre.

Cependant, le Dr Sanz, directeur du département de psychiatrie du centre de rééducation Dionisia Plaza à Madrid, nous indique quelles activités physiques pourraient être recommandées, selon notre contexte ou notre personnalité :

  • Les sports d’équipe fournissent un élément de sociabilité très utile pour réduire l’isolement et cultiver les compétences sociales.
  • Si nous menons une vie sédentaire et que nous voulons commencer à bouger pour nous sentir mieux, la chose la plus appropriée à faire sera de recourir à un faible impact. La marche, le Pilates, le yoga et la natation sont des options idéales dans ces cas-là.
  • La boxe modifiée ou boxe d’entraînement, par exemple, a la capacité de libérer les colères et les tensions musculaires. Ce n’est pas une discipline adaptée à tout le monde. Mais elle peut débuter après une période de préparation physique.
  • Les activités de plein air, au contact de la nature, compensent l’excès d’expériences numériques. Surtout pour les jeunes générations ou les générations natives du numérique. Revenir à ce que l’on sent, touche et respire contribue à l’équilibre émotionnel et social.

Quels problèmes de santé mentale bénéficient le plus de l’activité physique ?

Comme l’explique Ana Isabel Sanz, “l’exercice est l’un des éléments de base généralement inclus dans les programmes psychothérapeutiques”. Pour l’Association européenne de psychiatrie, par exemple, l’activité physique devrait faire partie du traitement de problèmes de santé mentale graves, comme la schizophrénie ou le trouble bipolaire.

Cependant, les problèmes les plus étudiés à cet égard sont la dépression et l’anxiété. Cependant, comme le souligne l’expert, le déficit d’attention et différents types de psychoses pourraient également en bénéficier.

L’exercice stimule la plasticité des neurones, réduit l’inflammation du système nerveux et bloque l’oxydation des cellules due au stress. Tous ces effets contribueraient à réduire les symptômes dépressifs.

Concernant l’anxiété, faire du sport n’est pas seulement un moyen de traiter les symptômes. Cela pourrait également fonctionner à titre préventif.

L’exercice physique comporte-t-il des risques ?

L’exercice physique nous procure du bonheur et nous fait nous sentir mieux. Mais l’obsession de sa pratique ou la recherche d’une forme corporelle spécifique pourrait jouer en notre défaveur. Malheureusement, nous dit le Dr Sanz, “l’époque actuelle est sujette à certains conflits personnels centrés sur l’aspect du corps”.

Selon l’expert, “il existe des situations dans lesquelles il y a des problèmes émotionnels et on n’atteint jamais un état suffisamment satisfaisant. Vous pouvez même vous lancer dans une course autodestructrice sans fin, basée sur l’atteinte d’une marque sur la balance”. Dans ce contexte, la recherche du bonheur par l’exercice est non seulement superficielle, mais malsaine. Nous courons le risque de nous isoler et de nous sentir en détresse. Au lieu de connaître davantage de bien-être.

D’un autre côté, dans le sport de compétition, il existe également des menaces pour la santé mentale si l’on ne sait pas digérer les frustrations. Pour le psychiatre, en réalité, les compétitions devraient être des opportunités dans lesquelles on développe la capacité à faire face aux défaites.

La clé est de comprendre l’activité physique comme un autre aspect des soins personnels. Elle doit être source de satisfaction, au même titre que les loisirs ou les relations sociales.

L’exercice physique, source de bonheur et de bien-être mental

Le confinement dû à la pandémie de covid-19 a entraîné une diminution notable de la quantité d’activité physique. Dans le même temps, les sentiments d’angoisse, d’anxiété et de stress ont augmenté. Cette combinaison était délétère pour la santé mentale.

L’exercice est apparu, après la fin des restrictions, comme un facteur de protection et comme un moyen de retrouver bonheur et bien-être. Mais ses effets bénéfiques ne se limitent pas à surmonter l’isolement obligatoire et ses conséquences.

“Pour beaucoup d’individus”, analyse Ana Isabel Sanz , “le sport est un moyen d’évacuer les tensions de la journée de travail, les inquiétudes, la colère et la déconnexion du rythme frénétique du quotidien”. Faire de l’exercice est une option valable pour améliorer votre physique, prévenir les maladies et protéger la santé mentale.

Selon l’expert, plus que la recherche du bonheur, l’activité physique “est un moyen d’équilibrer une existence trop axée sur la performance, avec un excès d’incertitudes et une usure élevée”. C’est pourquoi elle ne peut pas être considérée comme une habitude supplémentaire à mettre en pratique. Mais comme un élément constitutif du mode de vie.

L’exercice nous rend plus heureux, mais il nous donne aussi des outils. Avec une pratique régulière, nous apprenons « à nous relever quand nous tombons, à ne pas abandonner face aux difficultés, à réduire notre vulnérabilité et à accroître notre résilience », conclut le Dr Sanz.


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