Mordançage à l'acide : quelle est cette procédure dentaire ?

À l'heure de récuperer les fonctions et l'esthétique des dents endommagées, les restaurantions adhésives sont une excellente option. Découvrez ici le mordançage à l'acide, une étape fondamentale dans ce type de traitements.
Mordançage à l'acide : quelle est cette procédure dentaire ?
Vanesa Evangelina Buffa

Rédigé et vérifié par la dentiste Vanesa Evangelina Buffa.

Dernière mise à jour : 28 février, 2023

Le mordançage à l’acide est une procédure dentaire nécessaire lors de la pose de restaurations adhésives sur les dents. Il s’agit d’une étape fondamentale lors de l’assemblage de certains matériaux dentaires avec les surfaces dentaires.

Une couronne, une facette, un bridge, un inlay ou une obturation nécessitent l’utilisation de systèmes adhésifs qui permettent le collage des matériaux aux tissus dentaires. Pour que cette connexion soit réalisée efficacement, il est nécessaire de préparer la structure de la dent et le mordançage à l’acide fait partie de ce processus.

Qu’est-ce que le mordançage à l’acide ?

Le mordançage à l’acide est une procédure utilisée en dentisterie lors de la réalisation de restaurations adhésives. C’est une étape préalable à la mise en place des systèmes qui unissent les matériaux dentaires à la dent.

Lorsqu’il s’agit de réparer une dent endommagée, l’un des plus grands défis consiste à faire adhérer fermement le matériau d’obturation à la structure de la dent. L’humidité de la bouche, les forces masticatoires et les changements de pH et de température sont des obstacles qui doivent être surmontés pour que l’arrangement reste dans la dent, restaurant sa fonctionnalité.

Dans ce processus de rétention des matériaux dentaires sur les tissus dentaires, le mordançage à l’acide joue un rôle fondamental. Soumettre les structures dentaires à l’action de ces produits permet d’obtenir des surfaces plus poreuses qui facilitent l’adhésion.

Selon la surface dentaire à restaurer, deux types d’acides de mordançage peuvent être utilisés :

  • Acide phosphorique : c‘est le matériau le plus populaire dans la technique de mordançage à l’acide, car il peut être utilisé à la fois sur l’émail et la dentine. Il est capable de fournir une surface optimale pour l’adhérence sur les deux tissus.
  • Acide fluorhydrique : il est utilisé pour graver le verre et la céramique, améliorant leur adhérence et leur résistance mécanique.

Il existe également d’autres types d’acides utilisés pour le conditionnement de la dentine, tels que l’acide polyacrylique et les agents de mordançage sans lavage. En général, ces produits sont constitués d’un gel coloré pour le rendre visible. Ils sont vendus en seringues pré-remplies qui facilitent la manipulation en clinique.



Que fait le mordançage à l’acide sur la dent ?

De la même manière qu’avant de peindre un meuble, on ponce sa surface pour enlever les restes de vernis et obtenir un résultat plus soigné. Le mordançage à l’acide prépare les tissus dentaires pour que le système d’adhérence fonctionne mieux. En appliquant des substances acides sur les structures des dents, celles-ci deviennent plus poreuses, augmentant ainsi la rétention des matériaux à placer.

Au niveau microscopique, le mordançage à l’acide génère une érosion contrôlée des surfaces dentaires. Le produit est capable de dissoudre certains des minéraux de l’émail et de la dentine, générant des microporosités.

Ces petites irrégularités à la surface de la dent permettent une meilleure réception des systèmes adhésifs et des matériaux d’obturation. Au fur et à mesure que les produits pénètrent dans ces petits pores, la surface de liaison augmente et, de cette manière, la restauration peut rester fixée et stable sur la dent.

Facettes dentaires nécessitant un mordançage à l'acide.
Pour poser des facettes ou des couronnes, un mordançage à l’acide doit d’abord être effectué sur les dents à traiter.

Les techniques de mordançage à l’acide

En fonction du type de restauration à réaliser, du matériau et de l’étendue de la lésion, le dentiste choisit le type d’acide. De plus, lors de l’exécution de la procédure, il peut choisir entre les trois techniques de base suivantes.

1. Mordançage à l’acide totale

La technique de mordançage total à l’acide est l’intervention qui est réalisée à la fois sur l’émail et la dentine. Le même produit est utilisé sur les deux tissus, couvrant une grande partie de la cavité à combler.

Cette technique est utilisée dans les cavités qui nécessitent beaucoup de remplissage et où l’adhérence pourrait être un problème. Lorsque la préparation dentaire n’est ni profonde ni proche de la pulpe, le mordançage total à l’acide est la procédure la plus efficace.

Placer l’acide sur l’émail crée un motif de gravure qui crée des rétentions micromécaniques. Dans la dentine, parce qu’elle a une structure tubulaire et une composition majoritairement organique, l’effet est d’exposer sa matrice collagénique, afin que les monomères hydrophiles du matériau adhésif puissent pénétrer à l’intérieur.

Lors de la réalisation de cette technique, il est important de se rappeler que le temps de mordançage de la dentine est inférieur à celui de l’émail : seulement 15 secondes. De plus, il est important de ne pas dessécher sa surface et de conserver une partie de son humidité, c’est pourquoi le séchage à l’air comprimé ne prend que 5 secondes.

Pour cette technique, un gel d’acide orthophosphorique à 30 % ou 40 % est utilisé pour préparer à la fois l’émail et la dentine pour les procédures adhésives. Il a l’avantage d’obtenir une force de liaison élevée et de ne pas interférer avec la polymérisation des résines à double durcissement, son utilisation est donc assez universelle.

2. Mordançage sélectif

Ce type de mordançage dentaire consiste en l’application d’acide phosphorique uniquement sur la surface de l’émail. Dans ce cas, on veille à ce que le produit n’atteigne pas la zone dentinaire.

Il est utile pour les patients qui ont tendance à souffrir de sensibilité dans les zones profondes de la dent. Avec ce type de procédure, ces inconforts ultérieurs peuvent être évités.

3. Auto-mordançage

Il existe des systèmes adhésifs qui incluent le décapant dans leur composition. Ainsi, avec un seul produit et une même application, la dent est gravée et collée.

Le liquide est appliqué sur l’émail et la dentine sans les avoir préalablement mordancés. Il est important de suivre les recommandations du fabricant.

Cette technique est très efficace pour les préparations déjà rétentives et la nouvelle restauration ne risque pas de sortir. De plus, ces types de produits ont le grand avantage de prévenir la sensibilité postopératoire.

D’autre part, compte tenu de la facilité et de la rapidité de sa mise en place, c’est un système qui devient de plus en plus populaire dans le milieu dentaire.

Les caractéristiques des acides de mordançage

Le dentiste a le choix entre différents produits, marques, présentations et concentrations. Ce sera toujours lui qui choisira celui qui convient le mieux à chaque cas clinique particulier.

Pour faire son choix, il tient compte de multiples caractéristiques. Ce sont les suivantes :

  • Types d’acides : l’acide phosphorique sera le choix si l’émail ou la dentine doit être mordancé. Le fluorhydrique est utilisé pour préparer des matériaux tels que la porcelaine.
  • Concentration : le pourcentage de produit varie selon qu’il s’agit d’acide phosphorique ou fluorhydrique. Dans le premier cas, les concentrations disponibles sur le marché varient entre 30 % et 40 %, son utilisation étant plus courante à 37 %. L’acide fluorhydrique est utilisé à des concentrations de 5 %  ou 10 %.
  • Présentation : La présentation la plus courante des acides de mordançage est constituée de seringues préremplies de différentes tailles, de 1,2 ml à 50 ml. On les trouve aussi en flacons de 5 ml ou 15 ml. Il est courant qu’ils soient accompagnés de conseils d’application facilitant leur prise en main.
  • Viscosité de la solution : la consistance du produit doit faciliter son application, permettre une grande précision et pouvoir rester à l’endroit où il a été déposé. Ainsi, en général, on les trouve sous la forme d’un gel thixotrope, c’est-à-dire capable de couler à l’application, mais visqueux et sans glisser des surfaces dentaires.
  • Liquide/Gel : les acides de mordançage peuvent se présenter sous forme de liquide ou de gel, ce dernier étant le plus courant.
  • Couleur : pour pouvoir distinguer le produit de la dent et savoir où il se trouve et quelles surfaces il a atteintes, les acides sont colorés. L’acide peut être vert, violet, jaune ou bleu.
  • Temps d’application, de lavage et de séchage : les temps d’application, de lavage et de séchage varient si le produit est appliqué sur l’émail ou la dentine. De plus, chaque fabricant indique le nombre de secondes spécifique pour son propre produit, il est donc essentiel de suivre les recommandations de chaque marque.

Des acides aux caractéristiques exceptionnelles

Les progrès dans le domaine de la dentisterie permettent de trouver des matériaux de plus en plus pratiques et performants. Il est ainsi aujourd’hui possible de trouver de nouveaux produits aux propriétés innovantes.

L’une des nouvelles capacités que certains systèmes adhésifs de pointe ont atteint est l’auto-limitation. Cela signifie que le produit décalcifie la dentine jusqu’à une certaine profondeur, puis cesse d’agir. Le risque d’user les tissus en excès et de provoquer des complications telles que la sensibilité est ainsi évité.

La compatibilité avec tous les matériaux de remplissage est une autre caractéristique nouvelle que divers systèmes de mordançage cherchent à atteindre. Le professionnel peut ainsi compter sur un seul produit pour tous les types de restaurations qu’il effectue.

Patient subissant un traitement dentaire de mordançage à l'acide.
Lors d’un mordançage à l’acide, le professionnel choisit le produit qui convient le mieux au patient.

Comment se déroule la procédure ?

La méthode de mordançage à l’acide d’une dent dépend de la technique à utiliser et des recommandations du fabricant du produit. Ainsi, la durée de chaque étape varient d’une marque à l’autre.

La procédure est très simple et rapide. Elle ne prend généralement pas plus d’une minute. Bien qu’il existe des variations selon la technique et la marque, les étapes sont généralement les suivantes :

  1. Préparation de la dent : la dent doit déjà être exempte de caries et prête à recevoir la restauration.
  2. Pose du produit sur la dent : l’acide est appliqué à l’aide d’un doseur qui vient avec le produit. Il faut le laisser agir pendant le temps stipulé par le fabricant et selon le type de tissu. La pose ne doit pas dépasser 60 secondes.
  3. Rinçage : le matériau est retiré avec un jet d’eau sur la surface dentaire jusqu’à ce qu’il n’y ait plus de résidus.
  4. Séchage : la zone est légèrement séchée, ce qui permet à une certaine humidité de rester dans la dentine.

Les surfaces dentaires sont déjà ainsi mordancées et prêtes à recevoir le système adhésif qui a été choisi. Il faut ensuite procéder à la restauration dentaire.

Les risques

S’il est vrai que cette procédure augmente la fixation des restaurations à la dent, elle peut également entraîner certaines complications, telles que la sensibilité postopératoire. Certaines pièces traitées peuvent présenter une gêne au froid ou à la chaleur pendant quelques jours voire quelques semaines selon la profondeur de la restauration.

Cependant, avec une bonne isolation, le respect de la durée de chaque étape et l’ajout d’un agent désensibilisant dans la préparation, le risque de sensibilité diminue.



Une procédure pour retrouver le sourire

Le mordançage à l’acide génère des microporosités et ouvre les tubules dentinaires sur les surfaces dentaires. Cela, en combinaison avec des systèmes adhésifs, améliore la liaison et la rétention des matériaux d’obturation sur les dents. Cette procédure permet de réparer les dents endommagées et d’obtenir des finitions à la fois fonctionnelles et belles.


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