Phagophobie ou peur d'avaler : 9 signes et quelques conseils pour la surmonter

Avoir été témoin d'une situation traumatisante ou grave d'étouffement peut être un facteur de développement de la phagophobie. Nous vous en disons plus ci-dessous.
Phagophobie ou peur d'avaler : 9 signes et quelques conseils pour la surmonter
Maria Fatima Seppi Vinuales

Rédigé et vérifié par la psychologue Maria Fatima Seppi Vinuales.

Dernière mise à jour : 16 décembre, 2022

Si pour certains goûter un aliment est un plaisir, pour d’autres cela peut devenir un vrai problème. On parle de phagophobie, également connue sous le nom de “peur d’avaler”.

Imaginez qu’un tel acte quotidien, comme mettre un morceau de votre nourriture préférée dans votre bouche, devienne une mission impossible. Approfondissons.

Les 9 signes de phagophobie, la peur d’avaler

Tout d’abord, il faut souligner que la principale composante de la phobie est une peur irrationnelle et disproportionnée. Pour cette raison, la personne commence par éviter le stimulus aversif, ou le tolère mais avec un grand inconfort.

Concernant la manière dont se développe une phobie, Bados (2009) en cite 3 principales, qui ne sont pas exclusives : le conditionnement classique, l’apprentissage vicariant (être témoin d’une situation traumatisante) et la transmission d’informations.

Dans le cas de la phagophobie, une personne peut avoir peur de manger parce qu’elle s’est étouffée avec un os ou parce qu’elle a vu un membre de sa famille dans une situation similaire. Dans ce dernier cas, plus les conséquences ont été graves ou complexes, plus il est probable que la phobie se développe.

Parmi les signes qui la caractérisent, figurent les suivants :

  1. Rumination ou mastication d’aliments pendant une longue période
  2. Pensées anxieuses et anticipées sur le moment où la nourriture doit être consommée
  3. Peur de s’étouffer, de perdre le contrôle de la situation
  4. Transpiration
  5. Tachycardie et palpitations
  6. Augmentation de la pression artérielle
  7. Sensation de nausée et de vomissements
  8. Respiration rapide
  9. Tension musculaire dans la région du cou et des épaules
Les signes et les symptômes sont similaires à ceux des états de grande anxiété et de stress ou de crises de panique.



Comment vaincre la phagophobie ou la peur d’avaler ?

Tout d’abord, il est important de considérer que la phagophobie représente une difficulté supplémentaire par rapport aux autres types de phobies, dont le stimulus aversif est moins fréquent. Cet obstacle est lié au fait qu’il s’agit d’un acte quotidien, comme avaler de la nourriture.

Cette phobie conditionne donc non seulement la nutrition, mais aussi les activités sociales. Voyons quelques-unes des suggestions pour faire face à la phagophobie.

Psychoéducation

C’est l’une des premières ressources travaillées lors d’un processus psychothérapeutique. Elle consiste à informer le patient sur l’inconfort qui l’afflige.

En comprenant ce qui lui arrive, le patient peut identifier les signes et déterminer leur durée. C’est une mesure qui permet au patient de rationaliser sa peur et de sentir qu’il a une sorte de contrôle.

Utilisation de techniques de relaxation et d’adaptation

Ils cherchent à apporter au patient des ressources pour qu’il puisse se détendre et rester serein face à la situation redoutée. On essaie ainsi d’empêcher le déclenchement de la peur et de l’anxiété, qui alimentent une spirale sans issue.

Parmi les techniques d’application les plus simples, la respiration et la relaxation musculaire progressive sont suggérées. De nos jours, en particulier dans les cas où les patients sont bloqués, des guides audio, avec des exercices et des directives enregistrés sur un appareil mobile peuvent être recommandés,

Utilisation des techniques de visualisation

C’est une des étapes préalables à l’exposition à la situation redoutée. Elle consiste à guider le patient à imaginer ce qui se passe au moment où il consomme de la nourriture, comment il se sent physiquement, quelles sont ses émotions. Ensuite, il doit réfléchir à des solutions pour résoudre le conflit.

Exposition

Graduellement et progressivement, le patient est exposé au stimulus phobique. Le but est qu’il s’habitue progressivement à la nourriture.

Par exemple, il s’installe d’abord confortablement à table comme s’il allait manger. Ensuite, différents aliments sont servis dans une assiette. Enfin, on lui demande d’essayer de manger ; des aliments plus liquides (comme de la purée) peuvent être offerts.

Actuellement, et grâce à l’utilisation de la technologie, il existe une variante de l’exposition grâce à la réalité virtuelle. Cette dernière permet au patient d’affronter une situation comme s’il y était.

Femme qui souffre de phagophobie.
La peur d’avaler interrompt une fonction de base de la vie, elle nécessite donc une approche pour être résolue.

Collaboration par l’environnement

Puisque manger est un acte quotidien, il est possible que les personnes avec qui vit le patient soient également concernées. Par exemple, à cause de la résistance à manger ou à cause de tout le temps perdu à table.

Cependant, il est nécessaire que les membres de la famille reçoivent des informations sur la phobie et puissent aider à mettre en œuvre des stratégies. La pression ou la colère face à l’impossibilité de manger de la personne concernée doivent être évitées, car ces situations bouleversantes provoquent encore plus d’anxiété, ce qui perpétue le problème.



La recherche de diagnostics précis

La phagophobie n’est pas une phobie qui survient régulièrement. Cependant, elle est souvent confondue avec d’autres situations, ce qui complique le diagnostic.

Lorsque le patient mentionne qu’il n’a pas faim, c’est en réalité une excuse pour justifier le fait de ne pas manger. Une excuse qui, en d’autres circonstances, n’aurait rien d’inhabituel.

Aussi, il est important de distinguer la peur de manger du refus de manger. Ceux qui souffrent de phagophobie manifestent le désir de goûter à la nourriture ; ils aimeraient pouvoir manger en paix et en profiter, mais la peur est plus intense.

En cas de phagophobie, le report de la consultation avec un professionnel peut entraîner des complications ou des cas plus graves, tels que la malnutrition et même l’anorexie.


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    • Bados, A. (2009). Fobias específicas. Departament de personalitat, Avaluacio y Tractament Psicologics: Universidad de Barcelona.
    • Delgado RAC, Sánchez LJV. Miedo, fobias y sus tratamientos. Rev Elec Psic Izt. 2019;22(2):798-833.

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