Qu'est-ce que la haine et pourquoi pouvons-nous la ressentir ?

Nous avons tous déjà dit "je te déteste" à un moment donné de notre vie. Mais comprenons-nous vraiment ce que ce sentiment implique ? Voyons cela en détail.
Qu'est-ce que la haine et pourquoi pouvons-nous la ressentir ?

Écrit par Equipo Editorial

Dernière mise à jour : 26 février, 2023

De nombreuses personnes comprennent mal le concept de haine et recourent à ce mot avec désinvolture et de manière erronée dans la vie de tous les jours. Par exemple, quand quelqu’un dit « Je hais mon professeur parce qu’il m’a mis une mauvaise note » ou « Je ais mon ex parce qu’il m’a trompé », il ne le pense pas vraiment.

Contrairement à ce que beaucoup disent, la haine n’est pas le contraire de l’amour ; ce qui s’oppose à l’amour, c’est l’indifférence. Et garder en tête cette distinction est essentiel pour comprendre ce sentiment complexe. Voyons en quoi consiste la haine, quelles sont ses causes et comment nous pouvons la combattre.

Qu’est-ce que la haine ?

La haine est un sentiment relativement stable qui dénote une aversion intense envers une autre personne, entité ou groupe. Elle comprend généralement des émotions négatives comme la colère, le dégoût ou le mépris. Cependant, elle ne doit pas être confondue avec ces derniers, qui sont des émotions situationnelles et de courte durée.

La haine est une émotion plus complexe que celles qui sont vécues de manière réactive dans certaines situations. En plus d’être plus durable elle implique une évaluation rationnelle de l’objet haï et une motivation à l’éliminer. D’où le fait que les crimes de haine impliquent toujours des préjugés négatifs envers les autres et sont froidement calculés.

Qu'est-ce que la haine ?
La haine peut avoir son origine dans des idées préconçues sur l’autre. Or, celles-ci ne correspondent pas toujours à la réalité.



[/atomik -lu-aussi ]

Les différences entre la haine, la colère, le mépris et l’envie

La haine diffère de la colère ; la première implique l’ensemble de l’individu ou du groupe, tandis que la seconde n’en considère qu’un aspect. C’est-à-dire que lorsque nous haïssons, nous répudions l’autre pour ce qu’il est ; lorsque nous nous mettons en colère, nous le faisons parce que cette autre personne a fait quelque chose qui nous a fait du mal.

En somme, nous éprouvons de la colère lorsque les actions de l’autre nous font du mal et nous voulons des excuses ou un changement de comportement, entre autres.

La haine, elle, nous invite à vouloir que l’autre disparaisse. Il n’y a pas d’excuses valables, ni de changements qui fonctionnent, car tout ce qui nous cause de l’aversion est lié à la propre existence de cet autre.

Le mépris serait la version douce de la haine : l’autre est rejeté pour ce qu’il est, mais la personne ne cherche pas à le faire disparaître. En proie à la haine, la personne souhaite éliminer cet autre, que ce soit socialement, mentalement ou physiquement.

Enfin, l’envieux diffère également du haineux : le premier ne souhaite pas directement le mal de l’autre, il aspire seulement à avoir ce que les autres ont et qu’il n’a pas. Le haineux, lui, ne veut rien avoir de ce que l’autre possède.

Malgré cela, n’oublions pas que la colère, le mépris et l’envie peuvent se transformer en haine.

La physiologie de la haine

Contrairement à la colère, il n’y a pas de schéma physiologique caractéristique de la haine, puisque celle-ci implique une expérience à long terme. Malgré cela, les neuroscientifiques ont identifié un modèle dans l’imagerie par résonance magnétique fonctionnelle appelé le « circuit de la haine ».

La haine implique l’activation du gyrus frontal médian, du circuit du putamen droit, du cortex prémoteur et de l’insula, dont beaucoup sont également liés à un comportement agressif. Les mécanismes de la colère, du danger et de la peur suivent des schémas différents de ceux de la haine.

Pour sa part, le neuroscientifique cognitif Emile Bruneau a découvert que les zones du cerveau impliquées dans le jugement et l’évaluation des autres sont souvent activées dans la haine.

Pourquoi détestons-nous ?

Les sentiments haineux se développent souvent pour diverses raisons. Les plus courantes sont les suivantes :

  • Ressentir de l’envie ou vouloir ce qu’une autre personne a. La personne croit qu’il est injuste que quelqu’un ait ce qu’elle n’a pas.
  • Par apprentissage. Les parents, la culture ou d’autres groupes sociaux inculquent ce sentiment à travers des préjugés ou des croyances mal fondées sur un groupe de personnes. Le racisme, la xénophobie et l’homophobie sont des cas typiques de haine apprise.
  • Avoir été victime d’humiliation ou de maltraitance. L’impuissance engendrée par l’impossibilité de se défendre tend à cultiver progressivement la haine.
  • Déshumanisation. La personne croit que les autres sont inférieurs, non civilisés ou de simples animaux.
femmes avec envie
La haine, la colère et l’envie sont liées, mais elles ne signifient pas la même chose. La haine est un sentiment plus nocif et difficile à surmonter.



[/atomik -lu-aussi ]

Comment combattre la haine ?

Selon Emile Bruneau, il est important de découvrir l’incompréhension derrière la haine. En effet, dans toutes les manifestations de haine, il y a généralement des idées préconçues erronées sur l’autre, plus précisément sur sa manière d’être, sur ses préférences, sur ses pensées, entre autres.

Pour le neuroscientifique, la meilleure façon d’aborder et de surmonter la haine n’est pas de faire en sorte que les deux parties s’apprécient, car cela n’a jamais fonctionné. Au lieu de cela, il faut reconnaître ces idées fausses, les révéler et comprendre que l’animosité est basée sur des préjugés infondés.

Cette façon de vaincre la haine a été vérifiée par Bruneau lui-même dans une expérience menée après les attentats terroristes de l’État islamiste à Paris, en 2015. Dans cette étude, Bruneau a analysé la haine envers les musulmans développée par les musulmans américains.

Pour ce faire, il a diffusé une vidéo d’une femme musulmane dans laquelle il a déclaré que blâmer tous les musulmans pour les actions terroristes de l’État islamique revenait à blâmer tous les Américains blancs pour les actions du Ku Klux Klan.

Cette affirmation a pu changer la vision que de nombreux groupes analysés avaient sur les musulmans. Exposer les personnes aux incohérences derrière leur haine s’est avéré efficace.

L’importance de savoir identifier les émotions

Comme nous l’avons dit au début, il y a beaucoup de confusion au sujet de la haine et de ce qu’elle signifie vraiment. Si les personnes réalisaient que ce sentiment est quelque chose de beaucoup plus grand et nocif, elles éviteraient sans doute d’utiliser ce mot à tout-va.

Il est nécessaire de faire la disctinction entre les différents sentiments, une composante essentielle de l’intelligence émotionnelle. Si vous en faites l’expérience, il est pertinent de questionner ces croyances à l’origine de votre haine, et de les reformuler. Une assistance professionnelle peut être nécessaire. Il faut se rappeler que la haine ne laisse jamais rien de bon.


Toutes les sources citées ont été examinées en profondeur par notre équipe pour garantir leur qualité, leur fiabilité, leur actualité et leur validité. La bibliographie de cet article a été considérée comme fiable et précise sur le plan académique ou scientifique


  • Bruneau E, Kteily N, Falk E. Interventions Highlighting Hypocrisy Reduce Collective Blame of Muslims for Individual Acts of Violence and Assuage Anti-Muslim Hostility. Personality and Social Psychology Bulletin [Internet] 2017 [consultado 28 mar 2022]; 44(3):430-448. Disponible en: https://journals.sagepub.com/doi/full/10.1177/0146167217744197
  • Navarro J , Marchena E, Menacho I. The Psychology of Hatred. The Open Criminology Journal [Internet] 2013 [consultado 28 mar 2022]; 6: 10-17. Disponible en: https://benthamopen.com/ABSTRACT/TOCRIJ-6-10

Ce texte est fourni à des fins d'information uniquement et ne remplace pas la consultation d'un professionnel. En cas de doute, consultez votre spécialiste.