Qu'est-ce que la surcompensation en psychologie ?

La surcompensation consiste à ignorer ses faiblesses. Poussée à l'extrême, elle devient un obstacle.
Qu'est-ce que la surcompensation en psychologie ?
Maria Fatima Seppi Vinuales

Rédigé et vérifié par la psychologue Maria Fatima Seppi Vinuales.

Dernière mise à jour : 16 décembre, 2022

Pour parler de surcompensation, il faut d’abord expliquer ce qu’est la compensation. En général, il s’agit de mettre l’accent sur une facette de notre vie pour en cacher une autre que nous n’aimons pas ou qui ne nous met pas en valeur. A priori, cette notion est positive, car il s’agit de mettre en avant les forces pour qu’elles aient plus de poids que les faiblesses.

Cependant, poussée à l’extrême, elle devient ce que nous appelons la “surcompensation”, un mode de défense utilisé pour éviter ou ignorer ces faiblesses. Le grand inconvénient est que la surcompensation devient un obstacle pour grandir et sortir de la zone de confort. Elle nous enferme dans nos doutes. Quel est donc l’origine de ce phénomène ?

Qu’est-ce que la surcompensation ?

Nous utilisons tous des mécanismes de défense. Et ce, parce qu’ils nous servent à faire une transition jusqu’à ce que nous puissions accepter une certaine situation. Autrement dit, nous les activons pour éviter de souffrir, jusqu’à ce que nous atteignions de nouveau un certain équilibre.

Cependant, ceux-ci doivent être temporaires. Leur but devrait être de renforcer notre capacité à faire face à une nouvelle réalité à laquelle nous devons nous adapter. Parmi ces mécanismes, nous pouvons citer la projection, le déni, l’intellectualisation et la surcompensation.

La surcompensation consiste en l’exagération d’un certain aspect dans le but de cacher ou de minimiser une caractéristique qui nous fait honte et nous fait nous sentir inférieurs. En d’autres termes, il s’agit de mettre l’action sur un aspect pour détourner l’attention d’un autre aspect. Ces aspects peuvent être à la fois réels et imaginaires.

L’idée de surcompensation a été développée par Alfred Adler, créateur de la « psychologie individuelle », à partir d’événements survenus dans l’enfance. Adler considère que la situation de dépendance de l’enfant vis-à-vis de l’adulte dans les premières années de vie pouvait générer chez l’enfant un complexe d’infériorité et un sentiment de vulnérabilité.

Ce complexe et ce sentiment seraient renforcés par d’autres facteurs, tels que le style parental autoritaire, le consentement excessif et la surprotection. À l’âge adulte, ces mêmes enfants cherchent à éviter de répéter cette situation d’infériorité et s’en défendent par la surcompensation, c’est-à-dire en exagérant certains traits pour en minimiser d’autres.

Comme on peut le voir, les expériences de l’enfance ont un grand impact sur l’âge adulte, selon Adler, qui s’est intéressé à cette idée sur la base de ce qui avait été proposé par Freud. Voyons maintenant quelques exemples…

La surcompensation cache souvent des sentiments d’insécurité et de honte. Elle devient donc limitative.

Quelques exemples de surcompensation

  • Une personne qui a entendu tout au long de son enfance qu’elle était inutile peut devenir un patron autoritaire, arrogant, incapable de prendre en compte les opinions des autres. Cette infériorité est surcompensée de manière négative, car elle devient devient désagréable.
  • Une personne qui ne se sentait pas aimée cherche à l’âge adulte à plaire à tout le monde à tout prix. Elle accepte d’être la cible de plaisanteries, n’est pas capable de dire ce qui la tracasse de peur d’offenser et fait tout ce que l’on attend d’elle.
  • Quelqu’un qui avait peu d’autonomie et de liberté de décision, essaiera d’être très indépendant dans sa vie d’adulte. Elle fuira toute limite et tout ce qui l’emprisonne.


Que faut-il retenir de la surcompensation ?

La surcompensation se caractérise par une sorte d’équilibrage, qui s’exprime de manière exagérée et extrême. Par conséquent, avec le temps, c’est une mesure qui devient dysfonctionnelle. Toute notion poussée à l’extrême n’est ni positive ni authentique.

Personne ne nie à quel point il peut être positif de se focaliser sur les forces et non sur les défauts. L’inconvénient de la surcompensation est que la personne se trouve dans un équilibre précaire, car elle fournit beaucoup d’énergie pour cacher quelque chose qui peut être révélé au grand jour à tout moment. Ce mécanisme est plus une contre-attaque qu’une ressource résiliente.

Que faut-il retenir de la surcompensation ?
Une surcompensation peut entraîner un gaspillage d’énergie. Il n’est pas bon de pousser à l’extrême la nécessité d’éviter ce que nous n’aimons pas chez nous.

Les émotions sont des signaux

Une surcompensation bien appliquée et dans des situations particulières n’est pas nocive. Bien au contraire, elle peut être très fonctionnelle. En revanche, quand elle devient une défense rigide permanente, elle devient problématique.

Il est important de maintenir le contact avec nos émotions, d’accepter qui nous sommes et nous améliorer. Nier ou cacher quelque chose ne le fait pas disparaître. Réprimer ce que nous n’aimons pas provoque une importante perte d’énergie.

De plus, contrairement à ce que nous pensons, cette stratégie nous laisse à sa merci, dans un rôle passif. La meilleure chose à faire est de faire face à ce qui nous dérange. Bien que cela nécessite des efforts et un soutien professionnel, entamer ce processus de changement vaut la peine.


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