Qu'est-ce que la thérapie cognitive basée sur la pleine conscience ?

La thérapie cognitive basée sur la pleine conscience utilise des techniques qui permettent de focaliser les états émotionnels sur l'ici et le maintenant afin d'interrompre la chaîne des pensées négatives et des ruminations. Voulez-vous en savoir davantage ?
Qu'est-ce que la thérapie cognitive basée sur la pleine conscience ?
Maria Fatima Seppi Vinuales

Rédigé et vérifié par la psychologue Maria Fatima Seppi Vinuales.

Dernière mise à jour : 10 août, 2022

La thérapie cognitive basée sur la pleine conscience correspond à un type de psychothérapie pour les patients souffrant de troubles dépressifs. Elle intègre des aspects de la thérapie cognitivo-comportementale pour la dépression avec le programme de réduction du stress axé sur la pleine conscience.

En quoi consiste-t-elle exactement ? Dans quelles situations est-elle recommandée ? Tout d’abord, il faut rappeler qu’elle englobe deux approches thérapeutiques aux origines similaires, mais avec certaines différences. Afin de mieux comprendre de quoi il s’agit, nous allons détailler les caractéristiques de chacune.

Thérapie cognitivo-comportementale et mindfulness

Pour commencer, la thérapie cognitivo-comportementale appartient aux fameuses “thérapies de la deuxième vague”. Son approche se concentre sur le rôle des cognitions dans l’origine et le maintien des problèmes.

L’un de ses plus éminents représentants, le psychiatre Aaron T. Beck, explique la dépression en termes de “triade cognitive”. Le patient a une vision négative de lui-même, des événements et du futur.

Par conséquent, les symptômes dépressifs seraient le résultat de schémas de pensée négatifs. En ce sens, la thérapie cognitive cherche à intervenir sur ces schémas (biais cognitifs) dans le but de les remplacer par d’autres plus sains et plus adaptatifs.

Quant aux thérapies de troisième génération, elles se basent sur les aspects contextuels et l’analyse fonctionnelle du comportement. Autrement dit, dans quel contexte le comportement fonctionne, quelle est son utilité et comment l’adapter vers une tendance plus saine, au lieu de l’éliminer.

La pleine conscience, ou mindfulness, entre dans cette catégorie. Son créateur, Jon Kabat Zinn, la définit comme une attention pleine. Le moment présent (ici et maintenant) des expériences telles qu’elles se présentent, sans les juger.

Un jeune homme en thérapie cognitive.

“La thérapie cognitivo-comportementale et le mindfulness ont des effets positifs sur la régulation des émotions.”

Applications de la pleine conscience ou mindfulness

La pleine conscience s’applique dans différentes situations qui ne sont pas forcément liées à des maladies. Plus concrètement, elle est utile en cas de troubles dépressifs, d’anxiété généralisée, de phobies, de troubles du comportement alimentaire, entre autres. On a également constaté qu’elle contribue au traitement des addictions et des compulsions.

Son champ d’application est assez large, et comprend aussi bien les adultes que les enfants. Etant donné qu’elle travaille la relaxation, la méditation et la respiration consciente, elle permet d’améliorer les performances, la concentration ainsi que la capacité à faire face aux situations difficiles.

Elle aide, entre autres, à :

  • Prendre de la distance avec les pensées négatives.
  • Se concentrer sur l’auto-compassion.
  • Réguler les émotions.
  • Prendre conscience de ses propres pensées et sentiments.
  • Eviter de culpabiliser.
  • Améliorer l’humeur.
  • Renforcer l’estime de soi.

Comme fonctionne la thérapie cognitive basée sur la pleine conscience ?

La thérapie cognitive basée sur la pleine conscience a vu le jour à partir du programme de réduction du stress du mindfulness de Jon Kabat-Zinn. Il s’agit d’une proposition de Segal, Williams et Teasdale, visant à prévenir les rechutes chez les patients dépressifs. Sa durée est précisément de huit semaines.

Elle combine la relaxation et la méditation avec le body scan, une technique qui aide à prendre conscience des sensations corporelles. Elle attache également une importance à la psychoéducation afin que les personnes disposent d’outils pour se connecter différemment à leurs pensées.

Par ailleurs, la thérapie cognitive met l’accent sur la connexion entre les pensées et les sentiments. A cette fin, le programme possède deux parties principales.

Première partie

Les quatre premières séances sont orientées vers la connaissance de soi et la conscience. Le rythme effréné du quotidien fait que de nombreux individus ne sont pas conscients de ce qui leur arrive et pourquoi ils traversent ces situations. Les patients sont donc amenés à pratiquer des techniques de relaxation et de respiration afin de reconnaître chaque partie de leur corps.

Une fois ce travail effectué, ils passent à l’exploration des états d’humeur. L’objectif est alors d’apprendre à se concentrer sur soi-même. Cette démarche s’accompagne d’un auto-enregistrement pendant la journée pour identifier les moments agréables et les sensations relatives.

Deuxième partie

Les trois dernières séances constituent la seconde phase du traitement. Une fois que la personne est consciente de ses sentiments et de ses pensées, le thérapeute lui suggère de chercher des moyens d’adaptation positifs.

Cela s’obtient à travers la respiration et l’élaboration de divers plans d’action en cas de mal-être. Il est donc possible de trouver des chemins alternatifs pour ne plus perpétuer ce qui afflige les patients.

Une femme triste à son balcon.

“La thérapie cognitive basée sur la pleine conscience a eu des effets positifs sur la réduction des rechutes des patients dépressifs.”

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Thérapie cognitive basée sur la pleine conscience : comment aide-t-elle les patients souffrant de dépression ?

La thérapie cognitive basée sur la pleine conscience se concentre sur l’identification et la reconnaissance des pensées dans l’ici et le maintenant. Ainsi, grâce à la pratique de la méditation, il est possible d’interrompre petit à petit les ruminations. Un aspect essentiel de la dépression.

En outre, les pensées de culpabilité et d’autocritique diminuent car le mindfulness travaille sur la suspension des jugements. Le patient apprend à prêter davantage attention à ses pensées et à identifier ses émotions. Cela lui permet de découvrir que les pensées et les sensations se renforcent et s’alimentent mutuellement.

D’autre part, il faut préciser que la dépression conduit parfois à l’évitement de certaines situations, notamment les situations sociales. La thérapie cognitive amoindrit cet évitement car elle augmente la conscience des sensations et la personne cherche d’autres moyens de gérer ces situations.

Que retenir de la thérapie cognitive basée sur la pleine conscience ?

La dépression est une préoccupation mondiale majeure en raison de ses taux de prévalence élevée. Le facteur aggravant est qu’il existe des risques de rechute, même avec un traitement. Heureusement, l’approche du point de vue de la thérapie cognitive basée sur la pleine conscience offre des résultats positifs et prometteurs.

Le travail par le biais de la psychoéducation, de la relaxation et de la conscience, permet non seulement au patient de “penser d’une nouvelle manière”, mais également de disposer de ressources d’adaptation positives. Il s’agit d’un exercice métacognitif efficace pour recentrer et réduire les pensées ruminantes.

Enfin, la pleine conscience ouvre une porte et permet de réfléchir au moment présent. Elle suspend les solutions routinières et automatiques qui empêchent souvent de sortir de la boucle infernale. Le développement de l’auto-observation fonctionne dans le même sens puisqu’il oriente vers un chemin plus créatif, adaptatif et moins stéréotypé.


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