Décembre, la fin du monde ? Le syndrome de la comète de Halley

Décembre arrive et avec lui, le bilan annuel de nos objectifs et de nos rêves. Comment nous en sortons-nous ? Qu'impliquent nos résultats ? Le psychologue Marcelo Ceberio nous invite à y réfléchir.
Décembre, la fin du monde ? Le syndrome de la comète de Halley
Marcelo R. Ceberio

Rédigé et vérifié par le psychologue Marcelo R. Ceberio.

Dernière mise à jour : 09 août, 2022

Décembre est un mois clé. Il résume toutes les activités de l’année et concentre toute la fatigue accumulée résultant du rythme hyperkinétique auquel nous sommes soumis.

Cependant, afin de supporter ce contexte difficile et de faire face à nos responsabilités, nous activons régulièrement notre axe endocrinien et expulsons une dose supplémentaire de cortisol dans notre circulation sanguine.

Puis, lorsque nous arrivons en décembre, à la fin de l’année, en prélude aux vacances, nous ressentons tout dans notre corps. Les anciennes contractures non soignées, les vices posturaux et certains symptômes de stress. Citons, entre autres, certaines intolérances, susceptibilités, colère ou mauvaise humeur.

Parallèlement à ces signes comportementaux, il apparaît aussi un besoin urgent de vouloir réaliser certaines choses. Il peut s’agir d’un projet inachevé, abandonné pour laisser la place à un autre. Il est fort possible que nous l’ayons aussi laissé tomber pour cause de procrastination

Tout ce panorama est marqué par l’anxiété, à laquelle s’ajoute la culpabilité et l’angoisse conséquente pour ce que nous aurions dû faire et n’avons pas fait. Le mois de décembre est plein d’anxiété.

Et ainsi, éjectés par la triade culpabilité/anxiété/angoisse, nous générons une série de pensées négatives. Celles-ci se reproduisent alors comme des bactéries dans un bouillon de reproches.

  • J’aurais dû le faire
  • J’aurais pu le commencer…
  • Que vont-ils penser de moi si je n’ai pas fait ça
  • Je ne suis pas bon à ça
  • Je n’en ai pas la capacité…

Ce qui se passe, c’est que ces pensées affectent fortement notre estime de soi. Nous nous disqualifions ainsi progressivement. Si nous n’arrêtons pas rapidement, nous sommes capables d’aboutir à une image extrêmement déformée de nous-mêmes. Une image dans laquelle nous sommes vils, laids, incapables ou encore nuls en tout.

Une femme stressée par le mois de décembre

Les catastrophiques affaires en cours

Pas étonnant que nous nous regardions dans le miroir et que nous abusions des glucides et des lipides tout au long de l’année. Les chocolats d’hiver, les bons dîners, les vins, les glaces crémeuses nous viennent à l’esprit de façon intempestive chaque fois que nous nous regardons dans le miroir après une douche.

Parfois, nous prions pour que le miroir soit suffisamment embué pour ne pas nous regarder. D’autres fois, la serviette fait son travail pour cacher la cellulite sur nos hanches ou nos abdominaux fondus. Dans la même veine, nous oublions les soins médicaux parce que nous n’avons pas eu le temps.

Et la psychothérapie ? Le déni pendant l’année a bien fonctionné pour nous. Nous avons couvert nos problèmes avec des activités, nous avons cherché de petites distractions, nous avons trouvé des gratifications momentanées, des réponses rationnelles ou des justifications que nous avons tendues encore et encore pour résoudre des conflits.

Parmi la liste des questions en suspens, il y a la conversation avec cette amie à qui nous n’avons pas osé dire ce qui nous dérangeait de peur de détruire le lien affectif ou la conversation avec cette sœur à qui nous avons essayé d’exprimer beaucoup de choses que nous ressentions et que nous n’avons pas réussi à clarifier de peur de sa réaction. Un grand nombre de communications que nous avons répétées et qui n’ont pas abouti.

Décembre est comme un mois de dettes personnelles. Projets non réalisés, tâches inachevées à mi-parcours, conflits non résolus, report des analyses cliniques, relégation de la marche, de la course, des cours de gym… Et ainsi, nous nous transformons en victimes. Nos critiques frappent le bilan de l’année, car les résultats sont toujours négatifs.

Pour beaucoup, décembre est un mois d’anxiété et de dettes personnelles.

Décembre : le paradoxe d’une force cachée

Surgissant des cendres fumantes, nous sommes là : essayant de rattraper le temps perdu. Nous allons essayer de résoudre en un mois ce que nous n’avons pas fait au cours des onze précédents. Nous essayons, nous essayons et… nous essayons.

C’est pourquoi nous avons entassé notre pauvre programme d’activités inachevées .En pensant pouvoir tout faire, un jour, dans l’empressement le plus total. Voilà comment nous sommes entrés dans ce dernier mois de l’année, en croyant que le 31 décembre tout s’arrête. Comme cette croyance que la comète de Halley allait entrer en collision avec la terre et la faire exploser en millions de particules.

La preuve de cette hypothèse tacite s’exprime par le langage dans notre phrase-prototype de cette époque : “On se voit avant la fin de l’année“. Son sous-titre pourrait être “On se voit avant, parce qu’après, nous cesserons d’exister. Il n’y aura pas de 2020“.

Ainsi, nous voguons du gastroentérologue aux coloscopies, des analyses gynécologiques, dont le spéculum, aux laboratoires cliniques. Nous nous réveillons à jeun avec le flacon contenant les premières urines du matin. Nous rencontrons le psychologue. Durant la première séance nous régurgitons une salve de douleurs non travaillées. Et le psychologue de nous préciser qu’il faudra du temps, qu’il est psychologue, pas le magicien David Cooperfield.

Les salles de sport se remplissent de nouveaux membres. La proposition de courir sans contrôle, les exercices avec des appareils ou le vélo fixe, tout devient bon pour augmenter la musculature et être en bonne forme dans les 30 jours de décembre.

Cependant, cette formule ne réduit pas l’anxiété, au contraire, elle l’augmente. Elle est basée sur la triade de l’anxiété, de l’angoisse et de la culpabilité. Les activités proposées génèrent et stimulent davantage cette triade.

En outre, à ce panorama, il faut ajouter les fêtes et la difficile question : “Avec qui les passons-nous ?“. Une question qui met sur le doigt sur les dysfonctionnements familiaux, le report des entretiens explicatifs pour résoudre les problèmes intra ou inter-familiaux.

Je veux les dépenser avec tonton André mais il se bat avec mon beau-père pour un problème d’argent”.Tante Martine vient seule, mais elle est vieille. Qui va la chercher ?”. “Mes sœurs ne se parlent même plus, avec qui allons-nous passer le 24 ?“…

C’est une logistique stratégique qui démontre le jeu de chaises musicales nécessaire pour sortir vivant des fêtes. Cela doit nous inviter à la réflexion suivante :

Si nous pensons que tout va bien dans notre famille… est-ce que les fêtes de fin d’année le démontrent ?

Un repas de famille en décembre

Tout n’est pas perdu

En fin de compte, tout  ceci n’est qu’illusion. Le monde continue de tourner et les dates sont des cadres de référence socioculturels qui organisent notre vie à travers certains événements.

Détendez-vous. En 1910, la comète de Halley a semé la terreur car on pensait qu’elle allait entrer en collision avec la Terre. Rien de tout cela ne s’est produit et son passage a été repéré depuis l’an 374 tous les 70 ans. Ceci est comparable aux épinards de Popeye. A cause d’une erreur dans une publicité – dans laquelle un zéro supplémentaire était ajouté dans la proportion de fer – la croyance que les épinards contiennent beaucoup de fer, qui est fausse, ne pourrait jamais être renversée.

La fin de l’année est un rituel de la fin d’une étape et du début d’une autre. Et les rituels sont trop importants pour être ruinés par l’anxiété, la culpabilité et l’angoisse.

Nous devons toujours faire un bilan, mais nous devons être bienveillants avec nous-mêmes dans l’appréciation des résultats. Nous avons fait ce que nous pouvions pour survivre dans un environnement aussi entropique et désordonné que notre contexte.

Il y a toujours des contingences, des défis et des activités que nous aimons plus et d’autres moins. Le fait est que nous devons nous valoriser et valoriser la vie, valider ce que nous avons bien fait et rectifier les reports et les erreurs en apportant des modifications pour le prochain cycle.

Ce que nous vivons est le résultat de nos actions, de nos émotions et de nos réflexions. C’est ainsi que nous construisons la réalité, la douleur est que plus tard nous l’extériorisons et disons :  “c’est la vie que j’ai envie de vivre“.

Je propose de changer la phrase et d’assumer la responsabilité : “C’est la vie que je construis“. Être heureux sera toujours notre objectif.

Enfin, nous profitons de cette occasion pour vous souhaiter une heureuse année 2020, à la recherche de la force, de la passion et du respect de la vie dans vos ressources personnelles.

 


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