Effet Benjamin Button : ils parviennent à inverser le vieillissement chez des souris et ils veulent en faire autant chez les humains

Des scientifiques de Harvard sont parvenus à rajeunir des souris de laboratoire. Découvrez ici comment ils sont parvenus à créer l'effet Benjamin Button tant recherché.

Rédigé et vérifié par le médecin Leonardo Biolatto.

Dernière mise à jour : 01 mars, 2023

L’Étrange Histoire de Benjamin Button est l’histoire fictive d’un homme qui est né vieux et qui, due à une étrange altération, rajeunit au fil du temps. Jusqu’à ce qu’il finisse ses jours en tant que bébé.

David Sinclair, chercheur à Harvard, a utilisé le nom de ce personnage pour décrire les dernières avancées de son équipe sur les souris de laboratoire. Chez certains d’entre elles, ils ont fait du rajeunissement de leurs cellules une réalité.

Et si l’effet Benjamin Button était également possible chez l’homme ? À quel point sommes-nous proches de modifier nos cellules pour arrêter le vieillissement ? Le scientifique dit que c’est notre avenir immédiat et que nous ne tarderons pas à obtenir l’élixir de vie éternelle.

En quoi a consisté l’étude scientifique avec les souris ?

L’équipe de Sinclair a voulu tester et approfondir une théorie plus ancienne qui avait déjà été publiée. Certains chercheurs, auparavant, avaient réussi à modifier l’expression génétique de certaines cellules animales.

Autrement dit, ils étaient parvenus à modifier le comportement de l’ADN pour favoriser une sorte d’inversion. Mais ces expériences précédentes ont toujours été marquées par un échec :

• L’une d’elles a transformé des cellules cutanées adultes en cellules souches. En d’autres termes, elles revenaient à l’état initial, l’état pendant lequel une cellule est capable de devenir n’importe quel tissu. Pour cette découverte, le scientifique Yamanaka a remporté le prix Nobel de médecine. Le problème sous-jacent était que les cellules perdaient leur mémoire. En devenant des cellules souches, elles ont oublié ce qu’elles étaient au départ. Par conséquent, ce rajeunissement ne pourrait pas être appliqué sur des patients humains.
• Plus tard, en 2016, l’Institut Salk a modifié les conditions de Yamanaka et a obtenu une régression prometteuse des cellules. Là, le problème fut que les souris de laboratoire développaient diverses tumeurs en raison de la modification génétique. Cette expérience ne peut donc pas non plus être appliquée aux humains.

Après cela, est apparue la publication de Sinclair et de son équipe en 2020 dans la revue Nature, dans laquelle les chercheurs rapportent comment ils ont amélioré la vision perdue de souris de laboratoire grâce à une technique de rajeunissement des cellules rétiniennes. Ce serait la première fois que l’effet Benjamin Button est exécuté en toute sécurité et avec une certaine praticité au point qu’il peut être envisagé comme une option pour les humains.

Les souris de l’expérience, qui avaient perdu la vue, l’ont récupérée après la modification génétique. Elles ont même construit de nouvelles connexions neuronales et régénéré des axones nerveux endommagés.

Comment l’effet Benjamin Button a-t-il été obtenu chez ces rats ?

Ce que les chercheurs de l’équipe de Sinclair ont peaufiné, c’est l’épigénétique. Ce nom fait référence à des substances qui fonctionnent avec l’ADN, sans être spécifiquement de l’ADN. On parle notamment de protéines.

Les protéines épigénétiques régulent quels gènes sont activés et lesquels sont désactivés. À la naissance et en grandissant, le corps est programmé pour activer les gènes qui nous font nous développer. Cependant, à mesure que nous vieillissons, plusieurs de ces gènes sont bloqués et nous perdons la capacité de fabriquer de nouveaux tissus ou de réparer ceux qui sont endommagés.

En conclusion, nous tombons souvent malades parce que l’âge nous enlève notre capacité à répondre aux problèmes du corps. Les gènes de la jeunesse sont encore dans les cellules ; ils restent simplement inactifs. L’équipe de cette recherche a fait les a réactivés chez les souris.

La théorie de l’information sur le vieillissement ou le bouton de réinitialisation

David Sinclair postule qu’il existe un stockage d’informations dans les cellules des mammifères. Ces données stockées sur la jeunesse et sur la façon de se développer sainement seraient bloquées. Avec la science, nous pourrions les libérer.

Pour la libération de gènes bénéfiques à mesure que nous vieillissons, l’option consiste à modifier les protéines qui les inhibent. Au lieu de les annuler, avec le génie génétique, nous les inciterions à agir. Avec l’effet Benjamin Button, il s’agit d’avoir un corps qui fonctionne à 60 ans comme il le faisait dans la vingtaine.

En termes plus simples, les scientifiques pensent que les cellules oublient comment fonctionner correctement, mais que l’information est toujours là. Il faut alors simplement stimuler leur mémoire.

Existe-t-il une réelle application de l’effet Benjamin Button ?

Pour que les découvertes chez ces souris deviennent une réalité humaine, il faudra traverser des décennies. Ce n’est que le début et l’effet Benjamin Button. Pour l’instant, cet effet renvoie seulement à Brad Pitt devenant un enfant.

Mais nous savons que l’épigénétique – les protéines qui modifient le comportement de l’ADN – peut être influencée par les habitudes de vie. Une alimentation saine, certains protocoles de restriction calorique, de l’exercice physique pour éviter de perdre de la masse musculaire et un repos adéquat sont les clés pour que les cellules maintiennent leur métabolisme jeune, malgré le processus de vieillissement.