Est-il possible de développer une dépendance au spray nasal ?

Est-il possible de développer une dépendance au spray nasal ? Ce type de médicaments contiennent généralement des décongestionnants qui aident à réduire l'inflammation et la congestion des voies nasales. Ces dernières sont souvent affectés par la dilatation des vaisseaux sanguins présents dans la zone.
Est-il possible de développer une dépendance au spray nasal ?
Diego Pereira

Rédigé et vérifié par le médecin Diego Pereira.

Dernière mise à jour : 10 août, 2022

Le problème est que les sprays sont faciles à utiliser et produisent un effet calmant qui amène de nombreuses personnes à abuser de leur utilisation. Cela conduit alors à un syndrome appelé rhinite médicamenteuse ou chimique, dans lequel des doses de plus en plus fréquentes et abondantes sont nécessaires pour générer les effets escomptés.

Il est courant de le confondre avec une addiction, même s’il s’agit de termes différents. Vous souhaitez en savoir un peu plus sur le sujet ? Poursuivez donc votre lecture, nous clarifierons de nombreux points dans le présent article.

Types de décongestionnants nasaux

Il existe de nombreux médicaments capables de diminuer les sécrétions nasales. Ceux-ci peuvent s’administrer par voie topique (c’est-à-dire sur la zone affectée) ou par voie orale. Les gouttes et les sprays sont les formules les plus courantes.

Nous nous référons à des médicaments capables de provoquer une vasoconstriction de la muqueuse nasale lorsque nous parlons de décongestionnants nasaux Cela diminue la libération de liquide et la production de mucus.

D’autres médicaments sont les stéroïdes et les antihistaminiques. Ils sont également très efficaces. Nous nous pencherons ci-après sur certains des décongestionnants nasaux les plus courants sur le marché.

spray nasal
Le spray nasal contient généralement des médicaments pour soulager la congestion et l’irritation des voies nasales.

Naphazoline

Il s’agit généralement d’un médicament sûr à utiliser. Il présente en effet peu d’effets indésirables, à condition qu’il soit administré aux doses appropriées. Ce médicament est indiqué en cas de rhinite allergique ou de toute situation provoquant une congestion nasale, comme un traumatisme ou une inflammation.

Il est disponible en gouttes et en spray. Il peut s’appliquer directement ou dans la préparation d’une nébulisation, notamment pour les enfants. L’activation des récepteurs du système cardiovasculaire doit toutefois se réaliser avec prudence lorsqu’il existe certaines conditions telles que l’insuffisance cardiaque, les arythmies, l’hypertension artérielle et des antécédents de crises cardiaques.

C es complications n’existent néanmoins généralement que lorsque l’absorption systémique est importante. Il s’agit d’événements qui se produisent rarement dès lors que nous respectons les consignes d’administration.

Phényléphrine

Selon l’Association espagnole de pédiatrie, ce médicament a également d’autres utilisations pour des affections plus graves. L’une d’elle est l’hypotension sévère, dans laquelle la phényléphrine a des effets favorables sur le système cardiovasculaire.

Mais son utilisation la plus commerciale et la plus répandue reste celle de décongestionnant nasal, soit en gouttessoit en sprayIl existe par ailleurs des collyres qui permettent la dilatation pupillaire, ce dont le médecin peut avoir besoin pour certaines évaluations ou interventions cliniques.

Ce médicament est contre-indiqué en cas d’hypersensibilité, d’asthme sévère, de pancréatite ou d’hépatite. Cela est davantage lié à l’administration intraveineuse qu’aux préparations nasales, qui sont généralement assez sûres.

Oxymétazoline

Bien qu’il ait le même mécanisme d’action que les médicaments précédents, son effet est plus durable. Il agit en effet entre 8 à 12 heures. Les autres médicaments, comme la phényléphrine ou la naphazoline, ne durent généralement pas plus de 6 heures.

La durée des effets ne tient pas uniquement à la facilité de dosage. Elle évite en effet aussi l’effet rebond et les addictions, comme nous le mentionnerons dans les prochaines sections.

Il peut s’utiliser chez les enfants et les adultes, bien qu’il convienne de prendre les mêmes précautions qu’avec les médicaments susmentionnés. Il a parfois été associé à l’apparition d’insomnie. De sorte qu’il est préférable d’éviter de se l’administrer le soir.

Rhinite médicamenteuse et tolérance aux médicaments

La rhinite aiguë peut avoir plusieurs causes. Les infections des voies respiratoires supérieures et les allergies sont les plus courantes dans la plupart des pays. En effet, le froid – typique de l’hiver – tend à augmenter le risque de développer des formes modérées à sévères de rhinite.

En raison du soulagement presque immédiat que procurent les décongestionnants nasaux et dans la mesure où ils se vendent sans ordonnance, certaines personnes tendent à abuser de ces substances dans la population générale.

Nous savons que ces médicaments perdent de leur efficacité avec le temps , de sorte que nous nécessitons des doses plus importantes pour obtenir le même soulagement. Ce phénomène tend à se confondre avec la dépendance, mais il s’agit d’une condition très différente.

Qu’est-ce qu’une dépendance ?

Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), une dépendance est une affection ou une maladie dont le substrat anatomique est le cerveau, et qui génère le besoin et la recherche compulsive d’un médicament, quels que soient les effets indésirables qu’il pourrait engendrer.

On sait que le développement d’une dépendance à une certaine drogue nécessite une exposition prolongée et une série de changements neurochimiques importants pour que le cerveau développe ce besoin pathologique. Cela compromet généralement la qualité de vie. En effet, le manque de médicament peut provoquer un syndrome de sevrage, avec des conséquences plus graves.

Comme l’explique la Clinique Mayo, il est très rare de devenir dépendant au spray nasal. L’apparition d’une tolérance ou d’une tachyphylaxie à ces médicaments est ce qui se produit généralement.

Tachyphylaxie par décongestionnants naseaux

La perte de réponse à un certain médicament, après administration prolongée de celui-ci, est connue sous le nom de « tachyphylaxie ». Le terme tolérance peut également s’utiliser comme équivalent à des fins pratiques, bien que les deux aient des explications moléculaires plus complexes.

Les médicaments ne sont rien de plus que des substances qui interagissent avec divers points de l’organisme. Ces zones d’interaction se nomment récepteurs, qui sont généralement des protéines. U n ensemble de réactions biochimiques se déclench e lorsque le contact se produit, générant un effet souhaité.

Le corps produira davantage de récepteurs au fil du temps si le corps reçoit trop de médicaments et que les récepteurs se saturent. Cela implique alors le besoin d’administrer une dose plus importante pour provoquer les mêmes effets que généraient auparavant moins de substances.

Les décongestionnants nasaux tendent à produire ce phénomène plus fréquemment. C e ci résulte des facteurs suivants :

  • Faible coût.
  • Se vendent sans ordonnance.
  • Peu d’effets indésirables.
  • Facilité d’administration.

Qu’en est-il des autres médicaments ?

Un peu plus haut nous vous disions que les stéroïdes font partie de l’arsenal thérapeutique de la rhinite, quelque soit sa forme. Ceux-ci ont la capacité de réduire l’inflammation locale, de la même manière que les crèmes pour la peau.

Leur capacité à produire une tolérance ou une addiction est faible. Ils sont généralement réservés aux cas chroniques de rhinite, notamment lorsque les phénomènes vasomoteurs prédominent dans les artères du nez. Dans la mesure où la rhinite médicamenteuse peut s’avérer chronique, nous pouvons les utiliser pour traiter cette condition.

Certains des médicaments les plus largement utilisés dans ce groupe sont la triamcinolone, la fluticasone et le budésonide. Les principaux effets secondaires incluent une sensation de brûlure ou des démangeaisons du nez, ainsi que des éternuements fréquents.

Symptômes de la rhinite médicamenteuse

Comme les autres formes de rhinite, elle se caractérise par un écoulement nasal hyalin modéré à abondant. Cela produit généralement des obstructions capables de provoquer des problèmes respiratoires, mais qui se résolvent par la ventilation buccale.

Des démangeaisons et une sensation de tiraillement sont également des symptômes courants. Des infections virales ou bactériennes peuvent survenir avec pour conséquence l’apparition d’une rhinosinusite si la zone n’est pas décongestionnée. Il existe une forme chronique de la maladie, également appelée « rhinite chimique ».

En quoi est-elle différente des autres formes de rhinite ?

Bien qu’ayant les mêmes caractéristiques, la rhinite médicamenteuse se caractérise par des antécédents médicaux d’usage intensif de décongestionnants nasaux.  Il peut s’agir de n’importe le quel des médicament susmentionnés. L’effet rebond provoque également les altérations suivantes :

  • Diminution de l’efficacité des médicaments.
  • Production exagérée de mucus quelques heures après la prise des médicaments.
  • Augmentation des effets indésirables dans les cas où l’on dépasse la dose recommandée.
spray nasal
L’abus de décongestionnants nasaux peut réduire leur efficacité. Cela provoque des réactions contraires, telles qu’une production excessive de mucus.

Traitements et recommandations

Le développement d’une tachyphylaxie ou d’une tolérance au médicament est potentiellement réversible, notamment s’il est diagnostiqué et traité tôt. Il n’existe pas de médicaments spécifiques provoquant cela mais la combinaison de changements de comportement avec l’utilisation de nouveaux médicaments peut avoir d’excellents résultats.

Le médecin ORL doit évaluer les cas les plus complexes. Il convient également de consulter le médecin de famille, l’interniste ou même le pédiatre, car de nombreux enfants peuvent en souffrir.

Les premières mesures comprennent généralement la réduction progressive de la dose. Il est préférable de ne pas arrêter brutalement le médicament en raison des conséquences que l’effet rebond peut engendrer.

L’utilisation concomitante de médicaments ayant un effet moins addictif ou capables de développer une tolérance est par ailleurs importante. Cela permet de soulager les symptômes lors de la diminution progressive des décongestionnants topiques.

Les stéroïdes et le sérum physiologique sont d’excellentes alternatives pour commencer le traitement. Selon la gravité du cas clinique, le spécialiste peut prescrire des médicaments par voie orale.

Utilisation correcte du spray nasal

Pour éviter le développement d’une tolérance ou d’une éventuelle dépendance à l’avenir, il convient de suivre les instructions inscrites sur les gouttes ou les sprays. Étant en vente libre, beaucoup possèdent un dosage spécifique pour les patients qui ne ressentent pas le besoin d’aller chez le médecin.

Il est toutefois préférable de ne pas prolonger son utilisation plus de 2 ou 3 fois par jour pendant 3 jours consécutifs. Si aucun soulagement symptomatique ne se produit, il convient alors de consulter un médecin de confiance.

Que retenir de la dépendance au spray nasal ?

La dépendance au spray nasal est rare, mais elle peut survenir. Bien que de nombreux médicaments semblent inoffensifs, leur utilisation disproportionnée peut entraîner des problèmes médicaux importants et difficiles à gérer.

Il convient donc de suivre les instructions qui sont jointes aux médicaments en vente libre pour éviter cela. Se rendre chez un médecin, même à distance, est une option valable et recommandée.

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