Maladie induite par les réseaux sociaux (MSMI) : le syndrome de Gilles de la Tourette peut-il être transmis par vidéo ?
Les intégrés et les apocalyptiques sont les termes métaphoriques utilisés par Umberto Eco pour désigner les différentes positions autour des médias de masse. Nous pouvons recourir à ces expressions pour commenter ce qu’on appelle la maladie induite par les réseaux sociaux (MSMI).
Les intégrés sont ceux qui voient les bienfaits qu’apportent les réseaux sociaux, comme le fait de pouvoir être en contact avec nos proches qui se trouvent loin. De l’autre côté, il y a les apocalyptiques, qui soutiennent que les réseaux sociaux affectent notre santé et génèrent des maladies, comme la MSMI.
La MSMI a été confondue avec le syndrome de Gilles de la Tourette, en raison de la similitude de certains symptômes. Mais non : les réseaux sociaux ne provoquent pas le syndrome de Gilles de la Tourette.
Qu’est-ce que la maladie induite par les médias sociaux (MSMI) ?
Mass Social Media Induced Illness (MSMI) ou maladie induite par les réseaux sociaux est le nom donné à une pathologie d’origine sociale qui se propage par les réseaux sociaux. Le fait qu’elle soit sociogène fait référence au fait que plusieurs personnes, sans raison environnementale ou physique pour la justifier, commencent à ressentir un certain type d’inconfort.
L’accent mis sur les réseaux sociaux permet d’identifier les moyens de contagion. Il s’agit de différencier la MSMI des autres maladies sociogéniques massives.
L’hypothèse publiée dans une étude publiée sur Oxford University Press lie l’augmentation du nombre de patients faisant leur entrée dans une clinique spécialisée en raison du syndrome de Gilles de la Tourette avec la diffusion de vidéos montrant des personnes atteintes dudit syndrome.
À l’origine de cette confusion, se trouve le youtubeur allemand populaire nommé Jan Zimmermann qui souffre de ce syndrome. Ses tics verbaux étaient similaires à ceux des patients de la clinique. Après avoir visionné des vidéos produites par le célèbre influenceur, de nombreux jeunes auraient contracté le syndrome.
Cependant, dans cette publication réalisée par une équipe composée de chercheurs du
Hanovre Medical School en Allemagne, il est clairement indiqué qu’il ne s’agit pas du syndrome de Gilles de la Tourette, mais de tics similaires qui ne sont toutefois pas conformes à ce diagnostic spécifique.
Les chercheurs rapportent même que les patients admis à la clinique avaient été mal diagnostiqués. L’influence des réseaux sociaux n’a jamais été prise en compte à ce moment-là.
En quoi la maladie induite par les réseaux sociaux est-elle différente du syndrome de Gilles de la Tourette ?
À la suite de cette étude, les doutes et les craintes concernant l’utilisation des réseaux sociaux et leurs dommages potentiels se sont multipliés. Cependant, il n’a pas fallu longtemps pour obtenir des éclaircissements de spécialistes qui mentionnent que le syndrome de Gilles de la Tourette ne peut pas être transmis ni induit par les écrans.
À cet égard, diverses sources ont précisé que ce syndrome a ses débuts dans l’enfance, tandis que la MSMI apparaît soudainement et à un âge plus avancé. Dans ce deuxième cas, il s’agit d’un trouble fonctionnel résultant en partie d’une exposition continue et excessive aux réseaux sociaux.
Ils ont également souligné que les tics de la MSMI sont multiples et variés, contrairement à ceux du syndrome de Gilles de la Tourette. À ce propos, chez les patients qui souffrent de MSMI, les chercheurs ont noté des tics complexes et stéréotypés, d’apparition brutale et localisés dans le corps et les bras.
Dans le syndrome de Gilles de la Tourette, les tics apparaissent lentement et affectent les yeux et le visage.
Comment empêcher l’utilisation des réseaux sociaux d’affecter notre santé ?
Les chercheurs ont montré que la MSMI est un nouveau type de maladie qui met l’accent sur les pressions et les demandes auxquelles sont soumis de nombreux jeunes. Ces pressions sous liées au désir d’être unique et exceptionnel. Il convient donc de repenser une vie un peu plus éloignée des écrans au profit du bien-être psychologique.
Par ailleurs, l’échelle des réseaux sociaux est mondiale. Ainsi, les maladies et les troubles liés à ces réseaux ne sont pas localisés. Il faut donc mener une action collective et articulée. Voici quelques conseils pour éviter que la technologie n’affecte notre santé :
- Limiter le temps d’utilisation, notamment aux heures proches du temps de repos ;
- Utiliser des alarmes ou des notifications qui nous alertent sur une utilisation excessive ;
- Ne pas utiliser les réseaux sociaux pendant tous les moments de repos, il faut se déconnecter complètement à certains moments ;
- Dormir avec le téléphone portable éteint ou en mode avion, de manière à ce que les lumières clignotantes ou les notifications vibrantes n’interrompent pas le sommeil.
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Les réseaux sociaux ne sont pas une panacée
Au-delà de l’impact évident que les réseaux sociaux ont sur notre quotidien, il est important d’arrêter de cacher tous les maux de la planète derrière ces médias. Au contraire, il est nécessaire de mettre l’accent sur une gamme de pratiques et de comportements que nous encourageons nous-mêmes.
Nous avons le plein pouvoir d’agir et de changer. Nous pouvons commencer par fixer des limites à la consommation des nouvelles technologies. Il est important de ne pas diaboliser la présence des médias : la clé est dans notre consommation.
Toutes les sources citées ont été examinées en profondeur par notre équipe pour garantir leur qualité, leur fiabilité, leur actualité et leur validité. La bibliographie de cet article a été considérée comme fiable et précise sur le plan académique ou scientifique
- Kirsten R Müller-Vahl, Anna Pisarenko, Ewgeni Jakubovski, Carolin Fremer, Stop that! It’s not Tourette’s but a new type of mass sociogenic illness, Brain, 2021;, awab316, https://doi.org/10.1093/brain/awab316
- Capilla Garrido, Estefanía, & Cubo Delgado, Sixto (2017). PHUBBING. CONECTADOS A LA RED Y DESCONECTADOS DE LA REALIDAD. UN ANÁLISIS EN RELACIÓN AL BIENESTAR PSICOLÓGICO.. Pixel-Bit. Revista de Medios y Educación, (50),173-185.[fecha de Consulta 11 de Octubre de 2021]. ISSN: 1133-8482. Disponible en: https://www.redalyc.org/articulo.oa?id=36849882012