Naissance d'un bébé lotus : détails, risques possibles et avantages

Certaines familles estiment que donner naissance à un bébé lotus respecte le caractère sacré de l'accouchement, mais elles prennent également peut-être un grand risque. Nous vous en parlons dans cet article.
Naissance d'un bébé lotus : détails, risques possibles et avantages
María Irene Benavides Guillém

Rédigé et vérifié par la médecin María Irene Benavides Guillém.

Dernière mise à jour : 10 août, 2022

De nombreuses femmes estiment que l’accouchement a perdu sa signification émotionnelle et spirituelle. Elles cherchent donc des alternatives. C’est le cas de la naissance du bébé lotus. Il est vrai que dorénavant l’accouchement en une procédure hospitalière extrêmement médicalisée, méthodique et contrôlée. Cela vise à réduire la mortalité (c’est à dire le nombre de décès) et la morbidité (c’est à dire le nombre de maladies) des mères et des bébés.

Les soins qu’on apporte aux mères et aux bébés sont une priorité de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). L’application d’interventions sanitaires fondées sur des données scientifiques a permis de réduire les taux de décès des mères au cours de l’accouchement. Ce dernier est ainsi passé de 1 décès pour 73 femmes à 1 pour 180.

C’est pourquoi il est essentiel que les parents soient informés lorsqu’ils décident de la manière dont ils veulent mettre leur enfant au monde. Cela s’applique à toutes les pratiques ne reposant pas sur des données probantes, comme par exemple l’accouchement de bébé lotus.

Qu’est-ce que la naissance de bébé lotus ?

La naissance de bébé lotus consiste à ne pas couper le cordon ombilical après la naissance du bébé. Le bébé reste ainsi attaché au cordon ombilical et au placenta jusqu’à ce qu’il se détache spontanément. Cela survient généralement entre le troisième et le dixième jour après la naissance.

On lave ensuite le placenta pour enlever le sang restant. Puis, on l’enveloppe soigneusement dans un matériau absorbant, comme par exemple un lange. Enfin, on le frotte avec du sel et des herbes aromatiques pour réguler son humidité et éviter les mauvaises odeurs.

Quelle est l’origine de cette pratique ?

La naissance en lotus doit son nom à Clair Lotus Day, qui a observé en 1974 que les chimpanzés nouveau-nés n’étaient pas séparés du placenta, mais que cela se produisait naturellement. Cela a soulevé des questions quant à savoir si couper le cordon après l’accouchement était bien la meilleure chose à faire.

A quoi servent le cordon ombilical et le placenta ?

Sans le placenta, la grossesse ne pourrait pas avoir lieu ni se poursuivre. En effet, ce dernier agit comme une barrière. Il empêche ainsi le système immunitaire maternel d’attaquer le bébé comme s’il s’agissait d’un corps étranger.

D’autre part, l’oxygène et tous les nutriments dont le bébé a besoin pour son développement proviennent de la mère par le biais du placenta et du cordon ombilical. Une fois que le bébé est né, il sera alors capable de faire passer de l’oxygène dans son sang grâce à ses propres poumons.

Un foetus humain.

Quels sont les avantages d’accoucher d’un bébé lotus ?

Le premier effet recherché de la naissance du bébé lotus est d’empêcher le nouveau né de développer une anémie. En effet, de cette manière, le passage du sang du placenta au nourrisson ne sera pas interrompu. On considère également que, puisque le cordon ombilical n’est pas coupé, il n’y a pas de risque d’infection.

Il convient de préciser qu’il ne s’agit là que d’hypothèses. En effet, il n’existe aucune preuve scientifique pour soutenir de telles allégations.

Pourquoi certaines familles choisissent-elles de donner naissance à un bébé lotus ?

La principale raison pour laquelle les parents choisissent la naissance en lotus n’est généralement pas l’une des raisons énoncées plus haut. Ils le font plutôt parce qu’ils y voient une alternative qui donne un sens spirituel à la naissance.

Ainsi, depuis la perspective de la naissance du bébé lotus, le placenta est un organe sacré. C’est un symbole de vie et de fertilité. Il s’agit du lien indéfectible entre la mère et l’enfant. Cette pratique défend donc le droit de la mère et du nouveau-né à choisir les conditions de la naissance.

Quel est son impact supposé sur le bien-être du bébé ?

Du point de vue de la naissance du bébé lotus, le cordon ombilical et le placenta forment une tout avec le nouveau-né. Et le nouveau-né doit décider à quel moment il est prêt à s’en séparer.

On pense aussi que le fait de préserver le placenta et le cordon ombilical évite de soumettre le bébé au traumatisme d’une séparation brutale avec sa mère et avec l’organe qui l’a protégé pendant la grossesse. En outre, comme il est difficile de déplacer le bébé lorsqu’il est encore attaché au placenta, les parents disent passer plus de temps avec lui.

Quels sont les risques de l’accouchement en lotus ?

À ce stade, on peut se demander en quoi la naissance en lotus présente un risque. Cependant, comme nous l’avons déjà mentionné, il n’existe aucune preuve scientifique démontrant qu’il s’agit d’une pratique sûre et bénéfique.

C’est pour cette raison qu’on considère que la naissance du bébé lotus est une pratique risquée et donc déconseillée. Tant qu’il n’y a pas de preuves solides en sa faveur et qu’il existe des signalements de cas où elle présente un danger pour les nouveau-nés, il n’est ni éthique ni acceptable de la recommander.

Ainsi, le fait de ne pas couper le cordon ombilical semble présenter un risque d’infection pour le bébé. En effet, le placenta en décomposition peut devenir une source de bactéries. On a ainsi signalé des cas d’omphalite (infection de l’ombilic) et de septicémie (infection du sang).

De plus, un flux sanguin incontrôlé et permanent en provenance du placenta peut entraîner une jaunisse (jaunissement des yeux et de la peau), une polyglobulie (trop de globules rouges entraînant une augmentation de la viscosité du sang) et une thrombose.

“Des soins de qualité avant, pendant et après l’accouchement peuvent sauver des vies de femmes enceintes et de nouveau-nés.”

– L’Organisation mondiale de la santé –

Finalement, qu’est-ce qui est recommandé ?

Lorsqu’il s’agit de décider dans quelles circonstances vous souhaitez donner naissance à votre enfant, gardez à l’esprit ce qui suit :

  • S’informer auprès de sources fiables. Il est toujours conseillé de faire part de ses doutes et de ses préoccupations à un médecin en qui vous avez confiance.
  • La voie d’accouchement (vaginale ou césarienne) dépendra de vos antécédents médicaux, de l’évolution de la grossesse et du bien-être du bébé. La décision sera plus facile à prendre si la femme enceinte respecte un suivi de grossesse judicieux et si tous les examens recommandés sont effectués.
  • La question de l’accouchement à la maison ou à l’hôpital ne devrait être envisagée que si la grossesse présente un faible risque. C’est-à-dire s’il n’y a aucune indication que la mère ou l’enfant soit en danger.
  • Il est essentiel de pouvoir accéder facilement à un centre de santé en cas de besoin. Le fonctionnement du système de santé n’est pas le même dans tous les pays et près de 40% des grossesses considérées comme à faible risque peuvent se compliquer au moment de l’accouchement.
  • On recommande fortement de préparer à l’accouchement. Cela inclut le plan de naissance et les cours prénataux.

La gestion active de l’accouchement

L’hémorragie du post-partum reste la cause la plus fréquente de décès de la mère. La gestion active du travail ou du troisième stade du travail est une aspect vitale pour prévenir cette complication.

Lorsque nous parlons de gestion active, nous faisons essentiellement référence à 3 éléments :

  1. Utiliser un médicament qui favorise la contraction de l’utérus. Le médicament privilégié est l’ocytocine. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), il s’agit là de l’acte principal.
  2. La traction contrôlée du cordon.
  3. Le massage utérin.

Le clampage tardif du cordon ombilical

L’OMS recommande également de retarder le clampage du cordon ombilical. Cela consiste à ne pas clamper ou couper le cordon immédiatement, mais à attendre au moins une minute après la naissance du bébé.

À l’exception des nouveau-nés qui connaissent une mauvaise naissance et qui ont besoin d’une assistance respiratoire, le clampage tardif du cordon prévient l’anémie mais aussi d’autres maladies graves qui peuvent affecter le nourrisson.

Des soins maternels respectueux

Les recommandations des organisations internationales en matière de soins pendant la grossesse et l’accouchement visent à traiter la mère avec dignité et respect, en protégeant sa vie privée, sa confidentialité et son intégrité.

Ainsi, l’objectif est non seulement de prévenir la morbidité et les décès maternels, mais aussi de responsabiliser les femmes et de faire valoir leurs droits. Ce processus commence avant la conception et se poursuit après la naissance du bébé.

Un accouchement humanisé

Après la naissance, lorsque la mère va bien et que le bébé est né sans complications, il est conseillé de préserver le contact peau à peau pendant la première heure afin de faciliter l’allaitement.

Une fois bien séché, on place alors le nouveau-né sur l’abdomen de la mère. On contrôle ensuite sa respiration. On attend alors entre 1 à 3 minutes avant de couper le cordon. Le bébé sera ensuite revêtu d’un bonnet et d’une couverture sèche.

Il ne faut pas omettre les autres soins de routine du bébé, mais il convient de les reporter après cette première heure de contact étroit avec la mère.

Accouchement à l'hôpital.

L’accouchement du bébé lotus n’est pas recommandé

On ne peut ignorer le fait que, malgré l’absence de toute preuve scientifique à l’appui, les parents qui ont vécue une naissance de bébé lotus la considèrent généralement comme une expérience positive qu’ils renouvelleraient.

C’est en partie parce que les sentiments, les croyances, les pensées, les émotions et la spiritualité d’un être humain sont une partie essentielle de la vie. Les connaissances médicales se concentrent souvent sur l’aspect biologique et physique, négligeant ainsi les autres besoins humains.

Cependant, les soins médicaux ne doivent pas nécessairement impliquer un accouchement froid, déshumanisé ou traumatisant. Il existe ainsi des moyens de concilier les besoins holistiques de la mère, du père et de l’enfant sans mettre l’un ou l’autre en danger.

Dans le cadre de la préparation à l’accouchement, les soins prodigués doivent être bien réfléchis et vérifiées. Même si l’accouchement du bébé lotus n’est pas recommandé, il existe des alternatives humanisantes que de nombreux établissements de santé mettent en oeuvre.


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