Que sait-on sur le noyau d'abricot ?
La plupart des personnes finissent par jeter le noyau des fruits. Cependant, est-il possible que des nutriments aux propriétés anticancéreuses soient concentrés à l’intérieur d’un noyau ? Il semble que ce soit le cas pour le noyau d’abricot.
Ces dernières années, plusieurs enquêtes ont été menées sur les effets de ces noyaux. Même ainsi, les organismes de réglementation mettent en garde contre les risques d’une consommation excessive. En effet, ils peuvent provoquer un empoisonnement au cyanure. Poursuivez donc votre lecture pour en savoir plus.
Le noyau d’abricot
La composition nutritionnelle et les propriétés des noyaux d’abricot sont différentes de celles fournies par les fruits frais. Les noyaux se distinguent notamment par leur teneur en matières grasses, qui correspond à la moitié de leur poids total.
Pour être plus précis, un noyau d’abricot contient des oméga 3 et 6, 25 % de protéines et 8 % de glucides. Ainsi, ses avantages possibles dans la stabilisation du cholestérol sanguin et l’amélioration des maladies inflammatoires, telles que la colite ulcéreuse ont été discutés.
Sa capacité à protéger et hydrater la peau est également mise en avant. De plus, ces dernières années, il a été étudié pour ses composants à potentiel anticancéreux.
Les premières références remontent à 1920, lorsque le Dr Ernst T. Krebs l’utilisait déjà sous forme d’huile pour soigner les personnes atteintes de cancer. Cependant, lors de ces tests, cette huile s’est avérée trop toxique. C’est pourquoi des doutes subsistent quant à sa sécurité.
Pourquoi le noyau d’abricot est-il considéré comme anticancéreux ?
Des composants qui semblent avoir une activité anticancéreuse ont été trouvés dans les noyaux d’abricot. De plus, il contient des lipides, des protéines, des glucides et de la vitamine B17.
À cet égard, le Dr Krebs a lié une carence de cette vitamine à l’apparition d’un cancer. Il a fait ainsi valoir que l’administrer sous forme de supplément pourrait aider à stopper la croissance des cellules cancéreuses.
Ce nutriment est également connu sous les noms de « amygdaline » ou « laetrile » (nom de marque d’un dérivé). On dit donc que lors de la mastication d’un noyau d’abricot, ledit élément chimique se dégrade et du cyanure d’hydrogène apparaît. L’activité antinéoplasique est ainsi lancée, laquelle semble être un coadjuvant lorsqu’il s’agit d’arrêter la croissance des tumeurs.
Mais que disent les études actuelles ? Est-ce vraiment efficace ? Aujourd’hui, cette proposition n’est pas considérée comme un traitement de premier choix. Bien qu’elle soit appliquée à certaines occasions, le National Cancer Institute des États-Unis ne la considère pas appropriée.
La raison en est que les études ont été faites sur des animaux et n’ont pas donné de résultats positifs chez l’homme. Au contraire, il existe de nombreux doutes sur les risques éventuels. Son utilisation a même été interdite par le gouvernement des États-Unis.
Les problèmes d’empoisonnement au cyanure
Le principal risque pour la santé des noyaux d’abricot est la possibilité d’un empoisonnement au cyanure. Selon l’Agence européenne de sécurité des aliments (EFSA), les noyaux du fruit contiennent de l’amygdaline. Cette substance libère du cyanure et est absorbée par l’organisme.
La cible principale de cet élément chimique est le système nerveux central, ainsi que le rein et la thyroïde. À fortes doses, il peut provoquer un certain nombre de symptômes d’intoxication :
- Nausée
- Fièvre
- Mal de tête
- Soif
- Léthargie.
- Nervosité
- Douleur articulaire.
- Douleur musculaire
- Hypotension
- Mort (dans certains cas)
Les études avec lesquelles travaille l’EFSA indiquent qu’une quantité variable, entre 0,5 et 3,5 milligrammes de cyanure par kilo de poids corporel, peut être mortelle. La quantité considérée comme un apport sûr et acceptable est fixée à 20 microgrammes par kilogramme de poids corporel, ce qui équivaut à un gros noyau ou à trois petits noyaux.
Les études liées au noyau d’abricot
Plusieurs analyses scientifiques et cliniques ont été réalisées sur l’effet de l’amygdaline. La plupart des recherches trouvées ont rejeté les affirmations selon lesquelles les noyaux d’abricot ou le laetrile auraient des effets positifs dans le traitement du cancer.
Pour
Malgré les allégations de santé qui ont été faites à propos de ce composé, les preuves en sa faveur sont rares. Dans cette étude de la revue Life Sciences, un effet positif a été observé contre les cellules tumorales pancréatiques, mais les chercheurs eux-mêmes soulignent la nécessité de poursuivre les recherches.
Bien que le laetrile ait été initialement approuvé par la Food and Drug Administration comme traitement possible du cancer, l’apparition de nombreux effets négatifs, le risque d’empoisonnement et le manque de preuves scientifiques ont mis fin à l’autorisation existante pour son utilisation.
Contre
En revanche, les analyses et les positions scientifiques contre la vitamine B17 sont plus nombreuses. Ou du moins c’est la décision que bon nombre d’organismes officiels ont prise. A l’unanimité, ils ne conseillent pas son usage en raison du danger d’intoxication, et l’interdisent même.
Dans le document sur l’amygdaline publié par le National Cancer Institute, les études réalisées par cet organisme avec le composant laetrile sont citées. Tant chez les animaux que dans les études de laboratoire, aucun effet positif n’a été observé. Ni dans le cas du traitement de l’amygdaline avec d’autres ingrédients actifs.
Le New England Medical Journal a publié un article en 1982 qui résume les résultats d’un essai médical avec des patients atteints de cancer. Selon ce qui a été observé, les patients n’ont pas connu d’amélioration. L’espérance de vie n’a pas non plus été allongée. Leur conclusion est claire : l’amygdaline est un médicament toxique.
En 2006, une revision sur Cochrane a conclu qu’il n’y avait aucune preuve significative des effets de l’amygdaline comme traitement pour les patients atteints de cancer.
Les noyaux d’abricot doivent être utilisés avec prudence
Les avertissements concernant la toxicité du cyanure suite à la consommation de noyaux d’abricots crus sont sérieux et rigoureux. Même ainsi, comme l’indique l’EFSA, il n’y a aucun danger à manger des abricots frais. La consommation d’huile, de boissons alcoolisées, d’arômes, de jus de fruits, de massepain, de biscuits ou de sucreries est également sans danger.
De plus, l’huile est abondante en acides gras polyinsaturés et en vitamine E. Ceux-ci lui confèrent un effet hydratant intéressant qui aide à prendre soin de la barrière cutanée, en particulier pour les peaux sèches et abîmées.
Le médicament laetrile n’est pas approuvé comme traitement valable contre le cancer. Mais, il est tout de même possible de le trouver sur le marché. Il est important d’être vigilant lors de son achat, car il pourrait être contaminé et non exempt d’éventuels effets toxiques.
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