Deuil après suicide : 5 conseils

Au fil du temps, pour les survivants, le suicide peut devenir une expérience d'apprentissage et d'autonomisation. Mais au départ, il y a un deuil à traverser.
Deuil après suicide : 5 conseils
Maria Fatima Seppi Vinuales

Rédigé et vérifié par la psychologue Maria Fatima Seppi Vinuales.

Dernière mise à jour : 30 septembre, 2022

Le suicide ne prend pas fin dans la vie qui a été perdue. Au contraire, il a un effet en cascade qui touche tous les membres de la famille et les amis proches. Pour sensibiliser à l’importance du suicide en tant que problème de santé publique, les spécialistes rapportent que le nombre de personnes qui sont directement touchées par un décès par suicide est en moyenne de 7. Il comprend les parents, les grands-parents, les amis, le partenaire, les enfants.

De par le caractère inexplicable et abrupt de la situation, le deuil après suicide a sa propre spécificité. Il dépendra du lien avec la personne décédée et des circonstances. Voyons de quoi il s’agit, et découvrons ensemble quelques conseils pour le surmonter.

Le suicide, une situation complexe

Le suicide est une situation de grand stress et d’angoisse, avec un impact très profond à tous les niveaux. Il est vécu comme un « coup double » : à la fois pour la perte d’une vie et pour ceux qui doivent faire face à cette perte.

Les rescapés, qui sont les proches et les plus proches de la victime, sont mobilisés et émus, en même temps qu’ils se sentent souvent interpellés et « considérés » comme responsables. Mais aussi la communauté en général est sensibilisée à la perte. Le suicide est une triste issue, laissant tout le monde avec un sentiment amer d’impuissance.



5 conseils pour gérer le deuil après un suicide

Tout deuil comporte plusieurs phases avant celle de l’acceptation de la perte. Dans ce processus, certaines réactions et émotions sont attendues, telles que l’angoisse, la culpabilité, la réticence, l’apathie, les difficultés de concentration et d’exécution des tâches habituelles, la perte d’intérêt, les changements d’appétit, les troubles du sommeil, entre autres.

Le deuil après suicide a la particularité que les proches de la victime tentent de comprendre l’acte. Ces derniers recherchent des signes antérieurs, interprètent les faits. Ils ont besoin d’un pourquoi.

Il est très important de comprendre que le suicide est un phénomène multicausal. Peut-être y a-t-il eu une « dernière goutte » qui a fait déborder le vase, mais il en a fallu plusieurs pour le remplir.

En ce sens, il faut comprendre qu’il n’y a pas de raison unique qui puisse expliquer la situation de souffrance qui a conduit quelqu’un à se suicider. Avec le temps, nous pourrons comprendre que notre rôle dans sa prévention était limité, puisque nous ne sommes pas « tout-puissants ».

Voici quelques recommandations pour accompagner une personne en deuil après suicide :

  1. Demandez de l’aide. Le suicide d’un proche est une expérience unique, traversée d’émotions multiples et contradictoires. Ainsi, il est possible de passer de la colère à la culpabilité, de l’incrédulité à la résignation. Lorsque ces émotions ne sont pas gérées et qu’il n’est pas possible de traiter ce qui s’est passé, il est probable que le dueil devienne pathologique. C’est-à-dire qu’il devient chronique et la personne se retrouve enfermée dans l’inconfort. Des maladies physiques ou mentales, une désorganisation familiale, entre autres conséquences, peuvent également apparaître. Il est bon d’avoir des ressources variées “à portée de main”, que ce soit la famille et les amis, faire partie d’un groupe d’entraide, et suivre une thérapie psychologique, entre autres.
  2. Parlez des émotions, acceptez-les, donnez-leur une place. Nier ce que nous ressentons ne fait pas disparaître la douleur. Au contraire, à un moment donné, cela la rend « explosive » et insoutenable. Chacun doit trouver le meilleur moyen de mettre un nom sur ce qu’il ressent, que ce soit en parlant ou en écrivant. Une technique très utile peut être de garder une trace quotidienne des émotions : en les mettant sur papier, nous prenons le temps de ressentir.
  3. Respectez le temps du deuil. Dans un deuil, interviennent de multiples variables personnelles, familiales et sociales qui facilitent ou entravent ce processus. Il est important d’accepter que chacun a ses propres besoins. Par conséquent, nous devons respecter le caractère unique de l’expérience. Il convient de trouver un équilibre entre autoriser la solitude et l’intimité, mais aussi être disponible et écouter activement en cas de besoin.
  4. Petit à petit, il est recommandé de retrouver une routine. La douleur est toujours présente, mais au fil du temps, il est conseillé de commencer à reprendre certaines activités, s’autoriser des visites. Il ne faut pas attendre de  se sentir bien à 100 % : les petits pas sont préférables.
  5. Prenez soin de vous. Manger, se reposer, entretenir son hygiène personnelle, garder son espace en ordre : ces activités quotidiennes peuvent devenir un véritable défi quotidien. Cependant, il est nécessaire de faire un effort pour prendre soin de soi. Les techniques de relaxation sont également utiles ; elles permettent de soulager le stress présent dans tout deuil. En revanche, si nous accompagnons quelqu’un, les premiers jours il est très utile de s’offrir pour des tâches comme les courses, la cuisine, le ménage.



Transformer la douleur en résilience

Avec certaines informations, il est plus ou moins facile pour nous tous de donner un avis sur une situation. Cette situation se répète de nombreuses fois en cas de suicide : les proches se reprochent de ne pas avoir vu les signes, de ne pas avoir interprété quelque chose de « si évident », etc. Ainsi, ils s’enfoncent dans la culpabilité.

Cependant, il n’est pas toujours facile de savoir quand intervenir, quand considérer un signe comme grave. Et la vérité est que se blâmer ne nous ramène pas la personne que nous aimons.

Il existe plusieurs façons : mener des actions de sensibilisation, parler du problème, bannir les mythes et les tabous, offrir de l’aide aux autres familles survivantes, entre autres. Le temps, la compassion et l’acceptation nous permettent de transformer la douleur en une opportunité d’aider quelqu’un dans le besoin.


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  • Echeburúa, Enrique. (2015). Las múltiples caras del suicidio en la clínica psicológica. Terapia psicológica33(2), 117-126. https://dx.doi.org/10.4067/S0718-48082015000200006
  • Imaz, J. A. G. (2013). Familia, suicidio y duelo. Revista colombiana de psiquiatría43, 71-79.

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