Honjok : l'art de vivre seul

Le terme honjok renvoie à une solitude choisie. La personne décide de vivre dans la solitude pour se connaître et cultiver son monde intérieur authentique.
Honjok : l'art de vivre seul
Maria Alejandra Morgado Cusati

Rédigé et vérifié par la philosophe et psychologue Maria Alejandra Morgado Cusati.

Dernière mise à jour : 10 août, 2022

Honjok est un mode de vie solitaire qui est né en Corée du Sud au cours de la dernière décennie comme un moyen de faire face aux pressions et aux normes sociales sud-coréennes. Celles-ci conduisent les jeunes à se marier et à fonder une famille.

Ces normes dictent que les hommes doivent être des professionnels performants, dont le travail leur permet de soutenir leur groupe. Alors que les femmes devraient, elles, accorder la priorité à la famille, malgré une formation académique approfondie et des compétences pour performer dans le monde du travail.

Dans ce contexte, de plus en plus de jeunes Sud-Coréens (majoritairement des femmes) choisissent d’échapper à ces schémas culturels machistes et optent pour la solitude comme mode de vie. Voyons en quoi le honjok consiste.

Que signifie honjok ?

Le terme honjok est un jeu de mots composé de deux concepts : hon, qui signifie « seul », et jok, qui fait référence à « tribu ». En ce sens, la traduction est “tribu d’un”.

Le mouvement a émergé à la fin de la dernière décennie en Corée du Sud, en réponse aux pressions culturelles sexistes qui déterminent à l’avance les rôles que les hommes et les femmes doivent remplir. Le concept renvoie à une solitude choisie : la personne décide consciemment de vivre dans la solitude pour se connaître et cultiver son monde intérieur authentique.

Pour les partisans de ce mouvement, la solitude dérivée du honjok n’a pas les connotations négatives souvent attribuées à la solitude. C’est une solitude choisie : la personne apprécie de mener sa vie seule.

De plus, cette solitude apporte certains avantages :

  • Possibilité d’avoir plus d’argent disponible
  • Possibilité de découvrir en profondeur ses propres préférences et intérêts
  • Alternatives au modèle traditionnel sud-coréen, dans lequel le concept de tribu est le bien suprême



Être seul et se sentir seul sont deux choses différentes

La solitude est un phénomène auquel on attribue généralement une connotation négative. Cependant, il faut apprendre à distinguer la solitude imposée – on se sent seul malgré le fait d’être entouré ou on est rejeté par les autres – de la solitude choisie – on décide d’être seul pour cultiver son monde intérieur et jouir de l’individualité.

À cet égard, la psychothérapeute américaine Francie Healey, auteur du livre Honjok : Le secret des Coréens pour vivre heureux dans la solitude, affirme que la solitude peut être vue comme une opportunité d’être avec soi-même et d’explorer le sens de nos vies. Bien qu’il puisse s’agir d’une expérience inconfortable au début, l’auteure considère le honjok comme un chemin vers la conscience de soi.

Femme seule au bord d'une rivière.
La vie en solitaire n’est pas négative si la personne a opté pour ce chemin après une décision réfléchie.

Les différents types de honjok : différentes façons de profiter de la solitude choisie

La croissance du mouvement honjok est devenue de plus en plus populaire en Corée du Sud, au point que 3 typologies ont émergé :

  1. Hon-bap : plaisir de manger seul dans un restaurant, sans prêter attention au regard ou à l’opinion des autres ;
  2. Hon-nol : satisfaction de réaliser des activités seul, comme aller au théâtre, au cinéma, faire du shopping ou voyager ;
  3. Hon-sul : l’acte de boire seul (les Coréens le pratiquent généralement à la maison).

Les bienfaits du honjok

Lorsque nous apprenons à être seuls et que nous commençons à profiter de cette expérience, nous pouvons ressentir les avantages suivants.

Une plus grande connaissance de soi

Une excellente façon d’apprendre à nous connaître est d’être seul. C’est dans ces moments que nous pouvons tourner notre regard vers l’intérieur et plonger dans nos dons, nos peurs, nos limites et nos ressources.

Une plus grande autonomie

La vie en solo nous apprend aussi à être plus autonome. Nous apprenons à prendre en charge des tâches et des responsabilités sans dépendre des autres. Cette prise en charge génère de la satisfaction et un sentiment d’accomplissement.

Renforcement de l’estime de soi

Vivre seul nous permet également d’améliorer notre estime de soi, puisque nous cessons de dépendre de l’opinion des autres et commençons à agir en faveur de nos véritables préférences et besoins. En d’autres termes, nous faisons de nous-mêmes une priorité.

L’estime de soi ne signifie pas se laisser emporter par l’arrogance. Une bonne estime de soi, c’est mieux s’entendre avec soi-même et avec les autres.

Une vie sociale plus saine

Francie Healey a eu l’occasion de parler avec des jeunes qui pratiquaient le honjok et beaucoup d’entre eux ont déclaré avoir des relations plus fructueuses et positives.

La solitude choisie nous aide à valoriser notre propre individualité et celle des autres. Cela est essentiel pour établir des relations saines.

Créativité accrue

La solitude favorise l’apparition d’idées et l’épanouissement. Aussi, lorsque nous nous connectons à nous-mêmes, nous pouvons exprimer le monde intérieur. Par exemple, à travers la peinture, l’écriture ou la musique.

Peindre seul.
La solitude peut favoriser la créativité et nous permettre de nous connecter avec les émotions les plus profondes.

Comment appliquer le honjok dans nos vies ?

La solitude choisie peut être difficile, même pour ceux qui ne veulent pas céder aux attentes sociales. Francie Healey recommande de commencer petit à petit, en consacrant quelques minutes par jour à des choses simples, comme faire attention à sa respiration, cultiver la créativité et développer différentes habitudes qui nous offrent plus de diversité (méditation ou pleine conscience).

Elle recommande également de tenir un journal ou d’écrire ses pensées. Celles-ci nous aident à être plus réflexifs et à travailler sur la conscience de soi, notamment lorsque nous souffrons de stress ou d’anxiété.

Healey conclut que, idéalement, ces activités ne devraient pas seulement être un passe-temps, mais devraient devenir une priorité.



Le besoin de solitude

Avant de conclure, il est pertinent de garder à l’esprit que, tout comme il est nécessaire d’être en relation avec les autres, il est également essentiel d’avoir un espace pour soi. Même dans le cadre d’une vie de couple ou d’une vie de famille.

En somme, que nous ayons envie ou non de fonder une famille, il est essentiel que nous apprenions à être seuls. C’est un chemin qui garantit la connaissance de soi, l’amour de soi et des relations saines.


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  • Healey F. Honjok. El arte de vivir en soledad. Barcelona: Timun Mas; 2020.
  • Bavoleo B, Chaure D, Benítez M. Corea ante un nuevo cambio de época: aproximaciones desde el Sur Global. Argentina: Universidad nacional de la Plata; 2022.

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