La santé intestinale de la femme enceinte influence le cerveau du futur bébé

La grossesse est une période fondamentale pour le développement du fœtus. Quelles sont les éventuelles maladies pouvant influencer le cerveau du futur bébé ?
La santé intestinale de la femme enceinte influence le cerveau du futur bébé
Raquel Marín

Rédigé et vérifié par la neuroscientifique Raquel Marín.

Dernière mise à jour : 22 août, 2022

Depuis toujours, nous savons que la grossesse est un moment critique pour le développement du fœtus et de sa santé. Mais ce que l’on sait moins, c’est qu’il existe des maladies qui peuvent apparaître plus tard dans sa vie. Ces dernières peuvent également être liées à ce que la mère mange ou fait pendant sa grossesse. En effet, saviez-vous que la santé intestinale de la femme enceinte pouvait influencer sur le cerveau du futur bébé ?

La formation du cerveau du futur bébé est énergivore

Au cours de son développement, la formation du cerveau du futur bébé génère un coût métabolique élevé. Dès le premier mois de gestation, les neurones prolifèrent frénétiquement. Ils prennent place dans ce qui sera le futur cerveau, en suivant un programme parfaitement défini.

Le taux de division des neurones atteint à ce stade un record de 250.000 cellules par minute! Le développement du cerveau du fœtus représente une grande partie de l’énergie totale que la mère effectue dans le développement du fœtus.

A la fin de la grossesse, le coût énergétique total pour former un nouveau cerveau est d’environ 40.000 kilocalories. Cela représente plus de la moitié de la dépense énergétique de la grossesse. C’est ce que confirment des recherches comme celle publiée en 1981 par le journal Progress in Lipid Research .

Par conséquent, avant même la naissance, le cerveau du futur bébé est déjà très dépendant de ce que la mère mange et réalise pendant la grossesse. L’un des organes alliés du développement du cerveau foetal pourrait être l’intestin de la maman.

Une femme enceinte assise dans son lit pour le cerveau de son futur bébé.

Infections intestinales de la femme enceinte et le cerveau du futur bébé

Bien que cela reste à confirmer, on pense que les infections intestinales lors des premiers six mois de grossesse augmentent le risque de dysfonctionnement cérébral chez le futur bébé. Des études telles que celle publiée en 2018 dans The American Journal of Maternal/Child Nursing en sont la preuve.

Si cela se confirme, des stratégies visant à réduire le risque d’infections pendant la grossesse pourraient être envisagées. Notamment dans le contrôle des bactéries peuplant l’intestin à travers une alimentation spécifique, des prébiotiques et probiotiques. Autrement dit, des aliments qui aident à maintenir la flore intestinale.

Diabète gestationnel : comment peut-il affecter le cerveau du futur bébé ?

D’autres études comme celle de 2018 publiée dans le journal JAMA ont révélé que le développement du diabète (type 1 ou 2) est un facteur de risque d’autisme chez le bébé.

Les chercheurs ont mené une étude sur des enfants qui ont été suivis durant les premières années de vie. Il a été constaté que ceux qui présentaient le spectre de l’autisme étaient les enfants de mères qui avaient souffert du diabète de type 1 ou 2 pendant la grossesse.

Par ailleurs, les résultats ont démontré que, pendant la grossesse des mères diabétiques, le risque d’autisme augmentait de 62 % chez leurs enfants. Néanmoins, nous ne savons pas encore pourquoi le diabète augmente ce risque.

Bien qu’il existe des diabètes inévitables, comme le diabète de type 1, le diabète de type 2 augmente son incidence en raison de la mauvaise alimentation et de la malbouffe.

Ventre d'une femme enceinte avec une salade.

Proportion adéquate d’acides gras oméga et risque de TDAH

Une étude menée par des chercheurs espagnols et publiée en 2019 a démontré que l’alimentation pendant la grossesse pouvait influencer le risque de symptômes du TDAH (trouble du déficit de l’attention et de l’hyperactivité) chez les enfants à partir de 7 ans.

La recherche a analysé la proportion d’acides gras oméga-6 que les mères ingèrent pendant leur grossesse par rapport aux oméga-3. Même si les deux acides gras sont essentiels pour le développement et le fonctionnement du cerveau tout au long de la vie, la quantité adéquate de ces graisses est particulièrement cruciale durant la grossesse.

Les acides gras oméga-6 et oméga-3 doivent être consommés dans une proportion adéquate. Les oméga-6 sont particulièrement abondants dans les huiles végétales. Nous les trouvons également dans les graines ainsi que dans les céréales et les viandes. D’autre part, les oméga-3 se trouvent dans les huiles de poisson et les produits de la mer.

Les résultats ont indiqué qu’il existait une corrélation entre la disproportion d’oméga-3/oméga-6 et le risque accru de présenter des symptômes de TDAH à partir de 7 ans.

Par conséquent, les chercheurs ont pu conclure que l’alimentation de la mère pendant la grossesse pouvait moduler le risque de développer des symptômes de TDAH à long terme chez les enfants.

Manger des fruits secs pendant les 3 premiers mois de grossesse

Selon une recherche publiée dans le journal European Journal of Epidemiology, manger des fruits secs (noix, amandes, noisettes, cacahuètes et pignons) pendant les trois premiers mois de grossesse améliore l’attention, la mémoire et l’apprentissage des futurs enfants.

Les bienfaits des fruits secs (noix de cajou, noix de Macadamia, pistaches et autres) s’expliquent par leur teneur en acides gras essentiels de type oméga-6 et oméga-3, leur teneur élevée en microminéraux et en vitamine B9. Ces derniers contribuent au développement du cerveau du fœtus au moment où il en a le plus besoin.

Ce qui est étrange, c’est que les mêmes effets bénéfiques sur le développement neuropsychologique des enfants n’ont pas été observés lorsque les mères avaient consommé des fruits secs en abondance au cours des trois derniers mois de grossesse.

Une femme enceinte qui mange des fruits secs.

La césarienne n’est pas idéale pour le nouveau-né

Les développements historiques et les progrès des techniques et de la logistique de la césarienne ont réduit les risques maternels et néonatals associés à l’accouchement. Tout en augmentant le nombre de grossesses menées à terme chirurgicalement pour des raisons médicalement injustifiées.

Cependant, le problème est que la césarienne peut avoir des conséquences pour la santé des bébés naissants. C’est ce que confirme une recherche publiée en 2013 dans le journal Medical Archives .

Selon cette étude, les enfants nés par césarienne manquent de bactéries maternelles “saines”. Ces dernières se trouvent normalement dans le canal de naissance et le rectum de la mère. En revanche, en cas de césarienne, les “mauvaises” bactéries sont souvent présentes et mettent en danger le système immunitaire de l’enfant.

Tandis que chez les enfants nés par voie naturelle, les bactéries maternelles “saines” stimulent les globules blancs et autres composants du système immunitaire du nouveau-né. C’est ce qui a servi de base pour les hypothèses qui expliquent l’association évidente entre morbidité et accouchement par césarienne.

Enfin, les femmes sont généralement très soigneuses et prudentes pendant la grossesse afin de donner le meilleur d’elles-mêmes à leurs enfants. Il ne fait aucun doute qu’un grand allié de ces soins réside dans les bactéries qui vivent dans l’intestin. Prenons soin de nos intestins pour qu’ils prennent soin de nous toute la vie !


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