Le choc cytokinique et le coronavirus
Le pire moment de l’épidémie de coronavirus en France semble être passé. Le nombre quotidien de morts diminue et le nombre de personnes guéries est maintenant plus élevé que le nombre des nouvelles personnes infectées. On dirait que notre système de santé commence enfin à respirer un peu. C’est pourquoi le gouvernement est actuellement en train d’organiser le déconfinement graduel. Ce processus se déroulera en plusieurs phases.
Dans ce contexte de pandémie, nombreuses sont les personnes qui n’ont pas encore bien saisi toutes les notions complexes lié à la maladie. L’une de ces notions complexes est le choc cytokinique. Avant d’entrer dans le vif du sujet, il est nécessaire de clarifier au préalable certains points.
Quelques informations à clarifier sur le COVID-19
Au cours du mois de mars, le taux de létalité global du coronavirus s’élevait à 3,7 %. En France, le taux de mortalité récemment estimé est de 35 morts pour 100 000 habitants (sains et malades).
La probabilité d’un dénouement fatal de la maladie varie en fonction de l’âge. Avant l’âge de 40 ans, on estime que moins de 0,2 % des personnes infectées meurent, et chez les personnes les plus vulnérables, à savoir les personnes âgées de plus de 80 ans, le pourcentage s’élève à près de 15 %.
S’il est important de préciser ces informations, c’est parce que le choc cytokinique tant craint concerne seulement un très faible pourcentage des personnes malades. Il n’est donc pas nécessaire de trop s’en faire. Nous souhaitons seulement vous informer sur une réalité liée au coronavirus, et non vous alarmer.
Quand le système immunitaire nous dessert…
Les maladies comme le COVID-19 ou encore la grippe Influenza, dans les cas les plus graves, peuvent être fatales à cause de l’hyperactivation du système immunitaire. Ce processus est connu sous le nom de choc cytokinique.
Les cytokines sont des petites protéines libérées par différentes cellules du corps. Parmi ces cellules, figurent celles qui coordonnent la réponse de notre organisme face aux agents pathogènes en produisant une inflammation.
Les cytokines dirigent les cellules immunitaires telles que les lymphocytes T ou les macrophages vers le foyer de l’infection. Il s’agit d’un processus rétroactif : la libération des cytokines favorise la production d’une plus grande quantité de ces protéines par les cellules immunitaires.
Ce système de protection très efficace peut devenir trop efficace. Prenons un exemple… Lorsque le virus responsable du COVID-19 pénètre dans les poumons, les cytokines dirigent les anticorps vers cette zone du corps afin que ces derniers luttent contre l’agent pathogène en produisant une inflammation locale. Une libération démesurée de cytokines ou un cycle de rétro-alimentation trop puissant peut provoquer une hyper-inflammation du tissu pulmonaire. Cette hyper-inflammation peut gravement endommager l’organisme du patient, voire même mettre fin à ses jours.
Le choc cytokinique est commun chez les personnes âgées, même hors période de pandémie de coronavirus. Ce processus est associé à d’autres infections virales telles que la grippe, le SARS et le MERS, et encore à d’autres maladies telles que la sclérose en plaques ou encore la pancréatite.
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Que faire face au choc cytokinique ?
Pour que les choses restent claires, nous éviterons ici d’utiliser une terminologie confuse à l’heure d’expliquer en quoi consiste l’action pour contrer le choc cytokinique.
Pour faire simple, nous pouvons dire que l’action pour contrer le choc cytokinique consiste à réduire l’efficacité du système immmunitaire. Cette réponse est étonnante, n’est-ce pas ?
Pour cela, les professionnels de santé ont recours aux stéroïdes. On sait que, de manière ponctuelle, ces hormones diminuent l’intensité de la réponse immunitaire. Toutefois, leur efficacité chez les patients qui souffrent du COVID-19 n’a pas encore été clairement prouvée.
Le problème est qu’il est réellement difficile de trouver un équilibre au sein du système immunitaire : le système immunitaire doit être suffisamment fonctionnel pour combattre le virus, mais pas trop afin que la vie du patient ne soit pas en danger.
Il y a tout de même de bonnes nouvelles sur le sujet. Une étude dirigée en Chine a eu recours à un anticorps qui inhibe, dans une certaine mesure, la réponse immunitaire. Cet anticorps est utilisé chez les patients qui souffrent d’arthrite ou d’un cancer et de chocs cytokiniques.
L’anticorps tocilizumab (Actemra) a été administré à 21 patients souffrant d’une forme sévère du COVID-19. Au bout de quelques jours, la fièvre et d’autres symptômes se sont considérablement atténués. Sur ces 21 patients traités, 19 ont survécu et ont pu retourner chez eux au bout de deux semaines.
Certains pays testent à l’heure actuelle cet anticorps et d’autres anticorps similaires. C’est le cas en Italie, par exemple. Néanmoins, comme vous pouvez le constater, les échantillons sont trop petits pour pouvoir garantir une efficacité totale.
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En somme… Le choc cytokinique est-il préoccupant ?
Nous avons exposé ici le pire scénario, une situation exceptionnelle au cours de laquelle le système immunitaire est si efficace qu’il finit par desservir le patient et par mettre sa vie en danger. Cela ne veut pas dire que contracter la maladie mettra votre vie en danger. Nous tenons à rappeler que le choc cytokinique concerne une minorité de cas et qu’il s’agit donc d’un processus exceptionnel.
Néanmoins, c’est une raison de plus pour comprendre l’importance des mesures de distanciation sociale en ces temps de pandémie de coronavirus ainsi que la notion de responsabilité citoyenne. Ce processus est rare, mais il existe. Il ne faut donc pas l’ignorer, et ce, notamment pour protéger les personnes les plus vulnérables face à la maladie.
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