Paradoxe des méfaits de l'alcool : qu'est-ce que c'est et pourquoi cela se produit-il ?

Le paradoxe des méfaits de l'alcool renvoie essentiellement aux inégalités socio-économiques. Davantage de données et recherche sont encore nécessaires pour bien comprendre ce phénomène.
Paradoxe des méfaits de l'alcool : qu'est-ce que c'est et pourquoi cela se produit-il ?
Elena Sanz

Relu et approuvé par la psychologue Elena Sanz.

Écrit par Edith Sánchez

Dernière mise à jour : 15 mai, 2023

Le paradoxe des méfaits de l’alcool est un phénomène social qui met en évidence un fait contradictoire. On a observé que la consommation d’alcool a des effets plus graves dans les groupes et les pays à faible revenu, malgré le fait que ces segments ne sont pas ceux qui consomment le plus la substance.

Les données disponibles indiquent que la consommation d’alcool est plus élevée dans les pays et les secteurs à revenu intermédiaire et élevé. Or, les personnes et les nations les plus pauvres ont des taux plus élevés de méfaits de la substance. C’est à cela que se réfère le paradoxe des méfaits de l’alcool. À quoi est-il dû ?

La consommation d’alcool dans le monde

Actuellement, il y a une forte consommation d’alcool dans le monde. En moyenne, chaque personne ingère 6,2 litres par an. En Europe, la moyenne s’élève à 10,9 litres.

Dans l’ensemble de l’Amérique latine, la moyenne est de 6,3 litres par habitant et par an, bien que ce chiffre varie fortement d’un État à l’autre. On estime qu’au moins 50 % des personnes de plus de 15 ans ont consommé de l’alcool au cours de l’année écoulée.

Les prévisions indiquent que la consommation a tendance à croître et que d’ici 2025, elle aura augmenté de 3 %. 1 décès sur 17 dans le monde est dû à des dommages causés par la consommation d’alcool. Cela représente 5,9 % du total des décès.

Le paradoxe des méfaits de l’alcool

Le phénomène du paradoxe des méfaits de l’alcool montre que les personnes à faible revenu consomment moins d’alcool que celles qui ont plus d’argent, mais ce sont elles qui subissent des dommages plus importants pour leur santé.

Ce paradoxe constitue un défi pour les épidémiologistes et les experts en santé publique. Il n’y a pas de consensus total sur ce que signifie un niveau socio-économique bas.

La plus acceptée est celle qui comprend le revenu, le niveau d’éducation et la profession. Moins il y a de revenus, moins il y a d’éducation et moins il y a d’occupation dans un ménage, plus le niveau socio-économique de ce ménage est bas. Et vice versa.

Sur cette base, au Royaume-Uni, il a été constaté que les personnes ayant un modèle de consommation similaire, mais d’un niveau socio-économique différent, présentaient des effets dissemblables en matière d’atteinte à la santé.

En Ecosse, les personnes les plus pauvres qui boivent modérément souffrent plus de dommages par rapport aux personnes riches qui consomment de manière excessive. Voilà encore une preuve supplémentaire du paradoxe des méfaits de l’alcool.

Consommation d'alcool par une personne à revenu élevé.
Le schéma de consommation est différent chez les personnes aux revenus plus élevés. Les boissons consommées sont donc différentes.

Pourquoi ce phénomène se produit-il ?

Il n’y a pas de réponse définitive quant à la raison pour laquelle le paradoxe des méfaits de l’alcool se produit. Pour l’instant, seules quelques hypothèses tentent d’expliquer le phénomène. Ce sont les suivantes.



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Comportements malsains

Selon cette théorie du paradoxe des méfaits de l’alcool, dans les couches les plus pauvres, la consommation d’alcool s’accompagne d’une autre série de comportements malsains, tels que fumer, avoir une mauvaise alimentation, subir plus de stress et faire moins d’activité physique.

Ainsi, les personnes plus riches auraient un mode de vie plus sain. Cependant, aucune recherche scientifique ne corrobore cela avec certitude. Beaucoup pensent qu’il s’agit d’une vision stéréotypée du problème.



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Habitudes de consommation

Une autre explication possible du phénomène du paradoxe des méfaits de l’alcool pourrait être celle des habitudes de consommation. Dans ce cas, on pense que les personnes à faible revenu ont tendance à consommer de grandes quantités d’alcool en une seule fois, tandis que les plus riches le font dans des proportions plus faibles, mais de façon plus régulière. Le premier de ces modes de consommation serait plus nocif.

Accès aux soins

C’est la théorie la plus acceptée autour du paradoxe des méfaits de l’alcool. Les personnes les plus pauvres recevraient des soins de santé moins bons que les personnes issues des couches moyennes ou supérieures de la société.

Ainsi, leurs problèmes de santé ne sont pas détectés à temps. Par conséquent, ils ne sont pas traités correctement.

Données inexactes

De nombreux chercheurs estiment que les données disponibles ne sont pas suffisantes pour vérifier le paradoxe des méfaits de l’alcool. Ils supposent qu’il existe des rapports inexacts d’utilisation dans des groupes spéciaux, tels que les sans-abri. On ne peut donc pas établir si les plus pauvres subissent effectivement des dommages plus importants, même s’ils consomment moins d’alcool.

Adolescent atteint d'alcoolisme.
La plupart des études scientifiques à ce sujet portent sur des adultes, mais les adolescents seraient également influencés par les mêmes facteurs.

Les perspectives de solution

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a proposé 3 mesures pour réduire la consommation d’alcool. Ce sont les suivantes :

  1. Réduire l’offre : il a été prouvé que la consommation d’alcool est plus élevée dans les endroits où il y a plus de points de vente d’alcool, et ce sont à ces endroits qu’il y a le plus de personnes qui souffrent de problèmes de santé dus à l’alcool.
  2. Réglementer le marketing : réduire la publicité autour des boissons alcoolisées ou la conditionner peut être une mesure efficace pour en décourager la consommation.
  3. Augmenter les prix : cette mesure est controversée, puisqu’elle revient à priver de consommation les plus pauvres, pour la réserver uniquement aux plus riches. Elle pourrait conduire à la consommation d’autres substances moins chères et peut-être plus nocives.

Parmi les causes possibles du paradoxe des méfaits de l’alcool, il y en a deux qui doivent être traitées en profondeur. La première est l’accès aux services de santé. Toutes les personnes, sans distinction sociale, devraient avoir droit à une prise en charge rapide et complète.

La deuxième est la promotion d’un mode de vie sain. Les personnes à faible revenu peuvent également accéder à des pratiques et à des routines saines. Cela réduirait l’écart.


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