Trypophobie : caractéristiques et traitement

Comme c'est généralement le cas avec toutes les peurs irrationnelles, la trypophobie est une maladie incomprise par les personnes qui n'en souffrent pas. Bien qu'elle ne figure pas dans le Manuel DSM-V, il y a des recherches sur le sujet.
Trypophobie : caractéristiques et traitement
Elena Sanz

Relu et approuvé par la psychologue Elena Sanz.

Écrit par Edith Sánchez

Dernière mise à jour : 13 février, 2023

La trypophobie est la peur exagérée d’objets ou d’images qui ont ou représentent des trous. Cette peur est accrue face à un groupe de trous de taille similaire proches les uns des autres, comme dans une ruche.

Les personnes atteintes de trypophobie ressentent un inconfort très intense face à un objet qui présente cette caractéristique. Dans les cas les plus graves, elles peuvent avoir une attaque de panique.

Bien que cela puisse paraître étrange, il s’agit d’une phobie plus courante qu’on ne le croit. Cependant, l’intensité de la peur varie d’une personne à une autre.

Qu’est-ce que la trypophobie ?

Le terme trypophobie vient de la racine grecque trypa, qui signifie trou, et du suffixe phobie, qui désigne peur. Ainsi, en termes étymologiques, il signifie peur des trous. En pratique, cette peur s’étend à toutes les figures géométriques.

La nature regorge d’objets et de figures dans lesquels ces motifs sont présentés. Les nids de guêpes et les fourmilières en sont un exemple. La peau humaine elle-même suit cette séquence de petits trous agglomérés.

Bien que cette phobie ne soit pas une maladie au sens strict, elle peut affecter ou altérer les activités quotidiennes d’une personne. Par conséquent, il est recommandé de la faire traiter par un spécialiste.



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Les types de trypophobie

La trypophobie peut être extrême ou par voie cutanée. Voyons les caractéristiques de chacune de ces variantes.

Attaque de panique à la trypophobie.
Les attaques de panique sont la dernière et la plus grave expression des tableaux cliniques phobiques.

1. Trypophobie extrême

La personne est extrêmement sensible à tout motif composé de figures géométriques ou de trous. Il y a une grande intolérance à l’exposition d’images ou d’objets qui présentent ces caractéristiques.

2. Trypophobie par voie cutanée 

Dans ce cas, le motif qui n’est pas toléré est celui présenté par la peau. Cette peur est similaire à celle qui caractérise la dermatopathophobie, qui est une forte anxiété face à la possibilité de souffrir d’affections cutanées. La personne ne craint pas tous les modèles de trous symétriques, mais seulement ceux liés à la peau.

Les symptômes

Les symptômes de la trypophobie sont similaires à ceux de tout type de phobie. Les principaux symptômes sont une anxiété extrême et la difficulté à contrôler ses émotions face à l’objet de sa peur.

Les personnes concernées par ce problème sont incapables de regarder ou de toucher des images ou des objets présentant des trous. Le simple fait d’imaginer des trous leur donne un sentiment de répulsion. Une situation qui entraîne des tremblements, de la transpiration, de la tachycardie et même des nausées, des vomissements et des picotements généralisés.

La trypophobie provoque également des réactions de fuite. Ceux qui en souffrent veulent éviter tout stimulus qui génère des symptômes anxieux. Dans certains cas, il peut y avoir une hyperventilation, une sensation de faiblesse et des maux de tête.



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Les causes

Il existe différentes théories sur l’origine de la trypophobie, mais la plus acceptée est qu’il s’agit d’une peur ancestrale. Une étude publiée dans la revue Psychological Science a indiqué que les motifs géométriques réguliers renvoient aux espèces les plus meurtrières de la planète.

Les animaux les plus venimeux présentent généralement des formes géométriques régulières sur leur peau. Le cobra en est un exemple. D’autres animaux, tels que la pieuvre à anneaux bleus, l’escargot à cône de marbre blanc, la grenouille à flèches empoisonnées et diverses araignées en sont d’autres exemples.

Cette théorie indique quela trypophobie serait la réminiscence des mécanismes de défense que nos ancêtres ont développés pour se protéger de tous ces animaux. Il s’agirait donc un rejet instinctif.

Il est possible qu’aujourd’hui cette phobie soit plus reconnue, en raison de la facilité du partage d’images sur les réseaux sociaux et des moyens similaires.

Une autre théorie, développée par Wilkins et Cole en 2013, souligne que la trypophobie est causée par la peur de la maladie ou des blessures. Les auteurs à l’origine de étude soulignent que plusieurs pathologies et blessures présentent une structure de ce type.

Honeycomb génère la trypophobie.
Les nids d’abeilles suivent un schéma caractéristique capable de provoquer de l’anxiété chez les patients atteints de trypophobie.

Le traitement de la trypophobie

Typiquement, les symptômes de la trypophobie n’apparaissent qu’en présence d’une image ou d’un objet présentant les caractéristiques mentionnées. Cependant, il y a aussi des personnes qui, lorsqu’elles ferment les yeux, visualisent des trous, et cela affecte considérablement leur vie quotidienne.

Si la peur exagérée ne cause pas de problèmes dans la réalisation des activités quotidiennes, elle peut ne pas nécessiter d’approche. En revanche, si la peur est très intense et entrave quotidien, le mieux est de consulter un spécialiste.

Thérapie d’exposition

Ce type de psychothérapie consiste à exposer la personne affectée au stimulus provoquant une peur irrationnelle, en l’occurrence des objets ou des images aux motifs géométriques réguliers et agglomérés.

Celle-ci s’effectue progressivement et en compagnie du psychothérapeute. Elle aide à gérer l’anxiété et à gagner en contrôle.

La condition essentielle est que la personne atteinte de trypophobie veuille suivre une telle thérapie. Elle ne doit en aucun cas y être contrainte.

Thérapie de désensibilisation systématique

Elle est similaire à la thérapie d’exposition, mais nécessite plus de temps, d’efforts et d’engagement de la part du patient. La peur se travaille petit à petit, ainsi que la gestion des symptômes. L’objectif est de créer un contre-conditionnement : le stimulus qui a provoqué l’anxiété doit être associé à un état de relaxation.

Le processus est très lent et progressif. On attend du patient qu’il soit capable de s’exposer à l’image ou à l’objet qui provoque sa peur irrationnelle.

Drogues

Le traitement pharmacologique s’est avéré moins efficace que la psychothérapie. En général, il ne sert qu’à réduire superficiellement les symptômes.

Des anxiolytiques et des antidépresseurs sont généralement utilisés. Ils sont souvent accompagnés d’une psychothérapie.

La trypophobie est plus courante qu’on ne le pense

La trypophobie est une phobie peu connue, mais qui touche en même temps un grand nombre de personnes. Idéalement, si une personne pense souffrir de cette condition, elle devrait consulter un médecin dès que possible. Plus le traitement est commencé tard, plus il sera difficile d’obtenir des résultats efficaces.

Il est important d’être compréhensif avec ceux qui en souffrent.


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