Effet McGurk : entendre des mots avec les yeux ?
Voir un grain de peau et sentir la douceur du corps. Voir une assiette de nourriture et être capable de sentir la saveur, sentir que nous goûtons cette nourriture. Dans me ême ordre d’idées, l’effet McGurk nous dit qu’il serait possible d’entendre avec les yeux.
À travers ce phénomène, s’établit une association des sens. L’un anticipe l’autre. Voyons de quoi il s’agit.
Qu’est-ce que l’effet McGurk ?
L’effet McGurk correspond à l’intégration des stimuli auditifs et visuels dans le langage oral. Pour comprendre de quoi il s’agit, prenons un exemple.
Nous sommes face à une personne qui répète sans cesse la syllabe “pa”. C’est le son qui parvient à notre cerveau, accompagné d’un mouvement des lèvres. Ensuite, la personne continue de répéter la syllabe “pa”. Cependant, notre cerveau comprend le mot “fa”. Pour quelle raison ?
L’effet McGurk s’est produit. La personne qui interprète voit désormais un autre mouvement des lèvres qui correspond à la deuxième syllabe, alors que la personne continue de dire la première. Si nous fermions les yeux, nous entendrions la bonne syllabe.
L’effet McGurk montre qu’une hiérarchie est donnée à ce que nous voyons.
Dans l’exemple, la personne lit sur les lèvres. Le son final serait donné ou guidé par un mélange de lecture labiale et d’expérience antérieure.
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Pourquoi ce nom ?
L’effet McGurk reçoit ce nom, car il a été évoqué pour la première fois en 1976 par les psychologues Harry McGurk et John MacDonald, dans le cadre de différentes expériences. Ces chercheurs ont étudié les schémas d’imitation que les enfants suivaient lors de l’apprentissage de la parole.
La conclusion à laquelle ils sont parvenus, c’est que, parfois, l’information visuelle prévaut dans l’interprétation, ignorant l’information qui arrivait par les voies auditives. En d’autres termes, ce que nous voyons influence ce que nous entendons.
Par ailleurs, de nombreuses recherches ont mis en évidence le fait que le cerveau, dans certaines circonstances, est géré selon un principe d’inférence causale. C’est-à-dire interpréter les signaux contextuels (savoir ou associer qu’un certain mouvement des lèvres correspond à un certain son), calculer les probabilités que certains messages soient présentés ensemble.
Les caractéristiques de l’effet McGurk
Parmi les caractéristiques de l’effet McGurk, figure celle de l’anticipation, qui nous permet une certaine économie de pensée. Autrement dit, le cerveau met à disposition ses expériences visuelles précédentes pour comprendre ce dont on parle et ce qui est entendu.
Parfois, la lecture labiale peut être utile ; notamment dans les environnements bruyants. Cependant, elle peut aussi prêter à confusion, car le cerveau nous tromperait en nous faisant croire que nous écoutons quelque chose uniquement guidé par le mouvement des lèvres.
Beaucoup de ces phénomènes perceptuels ou tromperies se produisent également dans les illusions d’optique.
Une autre donnée connue est la suivante : en ce qui concerne la perception audiovisuelle, l’effet McGurk diminue tout au long du développement. Par exemple, étant donné que la région du cerveau qui traite les informations auditives se développe plus tôt que celle qui traite de la perception visuelle, les enfants dépendent davantage des sons que les adultes.
Par conséquent, les enfants sont moins sujets à la tromperie ou à la confusion de l’effet en question. Autrement dit, tout au long de la croissance, la manière de traiter les informations sensorielles varie.
En outre, certains des facteurs d’influence sont les distractions visuelles, la familiarité et la structure des syllabes. Certaines maladies peuvent également participer de manière négative, comme l’aphasie, la maladie d’Alzheimer et les troubles spécifiques du langage.
Enfin, parmi les autres curiosités, figure le lien entre l’effet McGurk et les langues. L’occurrence de cet effet varie en fonction de la langue.
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Le visuel et l’auditif travaillent ensemble
Grâce à l’étude du cerveau, il est possible de savoir que les systèmes visuel et auditif ont évolué main dans la main pour faciliter le développement de la parole. Au-delà de son importance en soi, le système visuel est un allié et médiateur important du système auditif, en collaborant à la compréhension des messages.
Par exemple, il prend en charge la reconnaissance des sons qui pourraient être difficiles à distinguer. De même, il permet de compléter les informations reçues, offrant une plus grande sécurité et confiance par rapport à ce que nous entendons.
L’auditif et le visuel sont des systèmes qui fonctionnent en équipe. L’un renforce et soutient l’action de l’autre.
L’importance de savoir comment fonctionne le cerveau est clé pour favoriser son utilisation, pour pouvoir communiquer et s’adapter à certains contextes et pour faire face à des phénomènes qui affectent la perception, comme le vieillissement.
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