Importante leçon de Platon avec l'histoire de l'anneau de Gygès

Et si les gens pouvaient voler, tricher ou violer n'importe quelle norme morale sans être vus et punis ? Auraient-ils encore des raisons d'agir correctement ?
Importante leçon de Platon avec l'histoire de l'anneau de Gygès
Maria Alejandra Morgado Cusati

Rédigé et vérifié par la philosophe et psychologue Maria Alejandra Morgado Cusati.

Dernière mise à jour : 10 août, 2022

L’histoire de l’anneau de Gygès, présentée dans le livre II de l’ouvrage de Platon La République, pose un dilemme éthique assez intéressant : les gens sont-ils bons et justes par nature ? Ou agissons-nous correctement de peur d’être punis ?

Cette histoire est présentée à travers une conversation entre Socrate et Glaucon, le frère de Platon. Là, les deux philosophes discutent de la notion de justice et montrent deux positions opposées autour d’elle.

Socrate, d’une part, défend que c’est un bien en soi et que les justes agiront toujours en conséquence. En revanche, son interlocuteur affirme le contraire et suppose que la justice n’est qu’une mesure utile pour garantir l’égalité dans la société ; par conséquent, quiconque a la possibilité de commettre une injustice sans être puni le fera sans réfléchir.

Voyons en détail en quoi consiste l’histoire et les réflexions éthiques qui peuvent en être extraites.

L’histoire de l’anneau de Gygès

Gygès était un humble berger grec qui servait le roi de Lydie. Un jour, il paissait avec son troupeau dans le champ et a remarqué qu’il y avait une fissure dans le sol de plusieurs mètres de profondeur, qui avait été causée par un tremblement de terre.

Stupéfait par ce qu’il venait de voir, Gygès descendit par la fissure nouvellement ouverte. Là, il a trouvé, entre autres choses merveilleuses, un cheval de bronze creux qui avait à l’intérieur un cadavre plus grand que la taille humaine.

Le cadavre était nu et avait une bague en or à l’un de ses doigts. Gyges l’a pris et est parti.

Plus tard, Gyges a découvert par hasard que s’il tournait la pierre précieuse de la bague vers l’intérieur de son doigt, il pouvait devenir invisible.

Voyant que l’anneau avait un tel pouvoir, il se fit compter parmi les bergers qui devaient aller rendre des comptes au roi. Arrivé au palais, il séduit la reine et avec son aide il se débarrasse du roi, s’emparant ainsi du trône.

Platon.
L’histoire de l’anneau de Gygès nous est parvenue par Platon, qui l’écrit dans le contexte d’un dialogue de Socrate.

L’argument de Glaucon

Avec l’histoire de l’anneau de Gygès, Glaucon veut refléter que, si nous avions tous la possibilité de commettre des actes injustes sans que personne ne nous voie et ne nous punisse pour cela, nous le ferions sans réfléchir. Dans ce cas, nous pourrions commettre des actes odieux, comme abuser de n’importe qui, en tuer quelques-uns, voler… bref, enfreindre la loi en toute impunité.

L’argument de Glaucon soutient que les gens ne sont pas bons par nature. Au contraire, en l’absence de punitions qui règlent notre comportement, nous chercherons à nous procurer des avantages, même si cela implique de nuire à autrui.

De cette façon, il est nécessaire et utile qu’il y ait des lois qui punissent les actes injustes. Ce n’est qu’ainsi que nous pourrons éviter de nuire aux autres pour garantir notre bénéfice personnel.

Glaucon soutient que s’il y avait deux anneaux avec un tel pouvoir, et que l’un était donné à une personne juste et l’autre à une personne injuste, ils seraient impossibles à distinguer. Eh bien, le sentiment d’impunité les ferait tous les deux s’abuser pour obtenir ce qu’ils veulent.

De cette façon, Glaucon suppose que personne n’est juste de son plein gré, mais seulement par nécessité. Et qu’être juste n’est bon pour personne en particulier, puisque toute personne devient injuste dès qu’elle peut le faire sans crainte d’être découverte.

Par conséquent, l’injustice sera toujours plus avantageuse que la justice. Si quelqu’un, ayant reçu un tel pouvoir, ne voulait faire de mal à personne, tout le monde le considérerait comme la personne la plus misérable et la plus stupide.

Contre argument

Il faut noter que Platon ne partageait pas cette vision de Glaucon et défendait que l’homme dûment instruit pouvait être bon et juste en lui-même. Puisqu’il croyait que le Bien existait comme vérité et que, dans la mesure où l’homme le savait, il ne pouvait plus agir d’une autre manière qui ne soit pas cohérente.

De plus, Platon insiste sur le fait qu’il sera toujours dans notre intérêt de faire ce qui est juste, puisque les mauvaises actions endommagent nos âmes ou notre caractère en tant que personnes.

De son côté, au-delà des conceptions de Platon, il est important de garder à l’esprit que la plupart des gens ont une série de préceptes moraux qui régissent notre comportement et nous empêchent d’agir en psychopathes si nous possédions l’anneau de Gygès.

Par exemple, beaucoup d’entre nous seraient incapables de tuer ou d’attaquer les autres, même si nous avions un tel pouvoir entre nos mains. En fait, on pourrait même supposer que beaucoup utiliseraient la bague pour de bon.

En d’autres termes, même si nous ne pouvons pas nier que les êtres humains sont égoïstes (certains plus que d’autres), il est également vrai que beaucoup se soucieraient de faire du bien aux autres dans une certaine mesure.

Solidarité et justice.
Platon supposait que les gens pouvaient faire le bien sans attendre de récompense ni craindre de punition, s’ils savaient que le bien était vrai.

L’anneau de Gygès dans la littérature et le cinéma

L’histoire de l’Anneau de Gygès présente une analogie avec les histoires du Seigneur des Anneaux et de Harry Potter. Eh bien, les auteurs de ces productions présentent leurs personnages principaux comme porteurs de valeurs morales droites et inviolables. Même en possession d’objets qui ont le pouvoir de les rendre invisibles.

De plus, dans les deux œuvres, il y a deux personnages exemplaires (Gandalf et Dumbledore) qui exécutent et protègent le bien à tout prix. Les deux figures, avec leur bonne conduite, nous rappellent la pensée de Platon et ses enseignements éthiques, qui affirment qu’une fois que l’homme connaît le Bien, il agira toujours conformément à celui-ci.

Et vous, que feriez-vous si vous aviez entre les mains l’anneau de Gygès ?


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