La diaboulimie, qu'est ce que c'est ?

La diaboulimie rassemble les facteurs de risque d'une maladie endocrinienne importante et ceux d'un trouble alimentaire. 
La diaboulimie, qu'est ce que c'est ?
Iván Losada

Rédigé et vérifié par le chiropracteur Iván Losada.

Dernière mise à jour : 10 août, 2022

La diaboulimie est une maladie relativement récente. Elle combine deux maladies qui, déjà toutes seules, sont très dangereuses, à savoir le diabète insulinodépendant et la boulimie, d’où le nom de diaboulimie.

Lorsqu’un trouble alimentaire s’associe à un déficit hormonal, les conséquences sont dévastatrices.

Quel est le rôle du diabète dans la diaboulimie ?

Une femme qui vomit dans la cuvette à cause de la diaboulimie

Dans le cas qui nous concerne, nous nous intéresserons au diabète de type 1 qui a besoin d’apports exogènes en insuline, car le pancréas du patient ne parvient pas à synthétiser la quantité nécessaire d’insuline.

Le manque d’insuline influence énormément la perte de poids de ces patients. L’insuline est nécessaire pour transporter le glucose dans les cellules et permettre le bon fonctionnent de ces dernières. S’il n’y a pas d’insuline, le sucre reste dans le flux sanguin jusqu’à ce qu’il soit éliminé, généralement par le rein, ce qui provoque une perte de poids, laquelle est parfois extrême.

Dans des conditions normales, les jeunes patients atteints de diabète de type 1, une fois le diagnostic établi et grâce à un traitement chronique à base d’insuline et à une alimentation contrôlée, parviennent à reprendre du poids. Mais les patients atteints de diaboulimie profitent de l’action de l’insuline sur le métabolisme pour maintenir un poids extrêmement bas plutôt que de retrouver une bonne santé.

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Un patient type

La diaboulimie peut toucher les deux sexes, mais ce sont majoritairement les femmes qui sont touchées par cette affection.

Le patient type atteint de diaboulimie présente généralement les caractéristiques suivantes :

  • diabète de type 1 depuis un très jeune âge
  • bons résultats académiques et perfectionnistes
  • faible estime de soi
  • entourage familial complexe (beaucoup de problèmes non résolus, un niveau d’exigence élevé et un manque de communication émotionnelle)
  • apparition de traits dépressifs sans que l’on sache laquelle des deux maladies est arrivée la première (dépression ou diaboulimie)

Un patient qui souffre de boulimie et qui, qui plus est, souffre de diabète de type 1 commence à remplacer le gavage, le vomissement postérieur et l’excès d’exercice par le recours à l’insuline en vue de perdre du poids.

Ce patient s’injecte alors des doses clairement insuffisantes, lesquelles provoquent parfois des comas hyperglicémiques. Il s’agit d’épisodes très graves qui peuvent mettre en danger la vie du patient. Néanmoins, le désir de rester maigre du patient est généralement plus fort que la peur de mourir.

Ce recours pervers à l’insuline commence comme une sorte de jeu duquel le patient ne parvient pas à sortir au fur et à mesure que l’évolution des symptômes progresse.

Les patients sans trouble boulimique qui contrôlent bien les doses d’insuline veulent à tout prix éviter les pics de sucre, car ces pics sont désagréables et dangereux. Ces patients ont tendance à être en surpoids.

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Les complications de la diaboulimie

Un pied diabétique

Chez les patients qui souffrent de diaboulimie, les effets du diabète insulinodépendant augmentent et s’accélèrent :

  • Le risque de dommage rénal augmente : le patient peut avoir à subir une dyalise
  • La rétine est affectée : le risque de cécité augmente
  • La circulation sanguine péripherique est compromise, ce qui donne lieu au pied diabétique. Dans les cas les plus graves, l’amputation sera nécessair
  • Le retard ou la non apparition des règles
  • La croissance stoppée
  • La chute des cheveux, des problèmes de peau, etc
  • Une acidocétose en raison de l’hyperglycémie maintenue dans le sang qui peut provoquer un dommage cellulaire irréversible et le coma
  • L’apparition de neuropathies est fréquente en raison du facteur toxique de l’acidose métabolique sur les nerfs

Vous l’aurez compris, le pronostic vital de ces patients est très sombre. L’âge moyen de la mort des patients qui souffrent de diaboulimie est de 45 ans.

Les indices pouvant nous faire suspecter un cas de diaboulimie

Nombreux sont les auteurs qui recommandent à l’entourage familial des patients atteints de diabète de type 1 de surveiller d’éventuels indices pouvant faire suspecter un trouble alimentaire.

Ces indices sont notamment les suivants :

  • Traitement du diabète chaotique
  • Perte de poids importante
  • Séjours hospitaliers à cause d’une hypoglycémie ou hyperglycémie
  • Données de contrôle fausses (le médecin s’en rend compte en comparant les résultats des analyses de laboratoire avec les données recueillies par le patient)

La diaboulimie est une maladie très difficile à diagnostiquer et assez méconnue des professionnels de santé non spécialisés. Le pronostic de la maladie est très grave, raison pour laquelle un diagnostic précoce est important.

Le traitement est complexe, car il s’agit d’une maladie endocrinienne qui affecte la sphère émotionnelle et psychique. Par conséquent, cette maladie requiert l’action d’une équipe multidisciplinaire composée, au moins, d’un :

  • Médecin de premier recours
  • Psychologue
  • Nutritionniste
  • Endocrinologue

Tous les professionnels impliqués doivent maintenir une communication fluide entre eux afin d’adapter au mieux les traitements médicaux et psychologiques. Une communication fluide entre les médecins et les proches du patient est également nécessaire pour le plus grand bien du patient.

En somme, la diaboulimie est bien plus qu’un trouble alimentaire et qu’un diabète insulinodépendant.

 


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