La négation dans l'addiction

Bien souvent, la personne qui souffre d'une addiction n'est pas consciente de ce qui se passe et nie la situation, en essayant d'échapper à la réalité. Découvrez-en plus à ce sujet.
La négation dans l'addiction
Leonardo Biolatto

Rédigé et vérifié par le médecin Leonardo Biolatto.

Dernière mise à jour : 27 mai, 2022

La négation dans l’addiction est l’une des caractéristiques les plus communes chez les personnes qui souffrent de ce problème. En fait, bien souvent, il faut que la famille, les amis et le/la conjoint-e fassent pression sur la personne pour qu’elle demande de l’aide car celle-ci ne pense pas que quelque chose ne va pas.

Ce processus, même s’il est frustrant, a un côté positif : une fois que le patient se rendra compte de sa situation et l’acceptera, il sera prêt à commencer le processus de réhabilitation.

Il est important de souligner qu’être accro n’est pas forcément lié à la consommation de stupéfiants. Certaines personnes souffrent de problèmes liés à l’abus de travail, aux jeux de hasard ou à l’ingestion de nourriture.

Nous allons donc approfondir ce sujet et étudier quelques aspects de base.

Les formes de négation dans l’addiction

L'addiction à la drogue.

Les patients avec une négation de leur addiction ne sont pas conscients de leur problème.

La négation dans l’addiction peut prendre différentes formes d’expression : il ne s’agit pas seulement du mécanisme de mensonge par rapport à la réalité. Nous pouvons vous assurer que c’est une chose beaucoup plus compliquée que ce que nous pouvons imaginer et c’est pour cela que les dépendances sont si difficiles à traiter.

Parmi les formes de négation, nous retrouvons les suivantes :

  • Négation simple : il s’agit de la modalité que nous identifions le plus facilement. Elle consiste à nier l’existence des conséquences négatives de l’addiction sur la vie quotidienne.
  • Justification : en se justifiant, la personne accro trouve une explication argumentative pour l’addiction. En se basant sur des faits ou des situations, elle s’auto-convainc que la dépendance est le seul chemin possible.
  • Rationalisation : elle va de pair avec la justification et consiste à donner des arguments qui rendent la dépendance logique alors qu’elle ne l’est pas.
  • Minimisation : il s’agit simplement d’ôter de l’importance aux conséquences négatives de l’addiction, comme si elles n’avaient pas de répercussion réelle.
  • Futurisation : c’est la négation de fuite. La personne accro voit le futur comme une voie pour ne pas penser ou analyser le présent. Elle laisse pour un jour qui n’arrivera jamais la possibilité d’échapper à cette addiction.
  • Projection : cette forme de négation dans l’addiction est bien expliquée dans la science psychologique. Projeter signifie attribuer à un tiers des points négatifs qui nous correspondent. Nous ramenons le problème à l’autre, alors qu’il s’agit de notre problème.

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La négation dans la famille

La personne accro n’est pas la seule à souffrir de ce mécanisme de négation. Bien souvent, la famille et le cercle intime de la personne traversent une période de négation de la réalité. Ceci complique encore plus les possibilités d’entamer un traitement.

N’importe quelle famille avec une personne accro devient dysfonctionnelle. L’équilibre familial se brise et les rôles changent, avec le risque que tout ce réseau de soutien éclate complètement.

Des processus dysfonctionnels apparaissent donc, et les proches, peut-être parce qu’ils ne comprennent pas la maladie de la dépendance, aiment et haïssent en même temps. Au milieu de cette confusion, la communication disparaît et on ne parle pas de ce dont on devrait parler.

Traitement de la négation dans l’addiction

Une consultation psychologique.

La psychothérapie est l’une des mesures que l’on peut envisager pour faire face à la négation dans l’addiction. L’éducation associée à la santé est également essentielle.

La négation dans l’addiction n’est pas seulement présente avant un traitement de désintoxication : elle se prolonge pendant presque toute la vie de la personne accro, comme un fantôme qui la poursuit.

Parfois, le temps qui passe et la spirale de conséquences négatives font que cette personne finit par reconnaître son problème. Ce sont des situations limites qui peuvent déboucher sur un traitement tardif.

Pour éviter d’en arriver à ces extrêmes, il existe des alternatives :

  • Psychothérapie : les sessions de psychothérapie font partie du processus d’accompagnement de désintoxication. Les psychologues ont les outils pour essayer de faire disparaître cette négation.
  • Journal de comportements : pour les personnes accros qui ont déjà entamé leur désintoxication, un journal peut être utile. Elles y notent leurs situations quotidiennes pour ensuite analyser à quel moment la négation est apparue.
  • Éducation pour la santé : les discussions, les brochures, les publicités, les événements qui mettent en avant le problème de l’addiction peuvent éveiller, chez ces personnes, un besoin de reconsidérer leurs comportements. Il peut s’agit du premier pas pour sortir de la négation.

Se cacher n’est jamais la solution

La personne accro a souvent peur et a tendance à se réfugier dans la négation pour éviter d’affronter une situation déterminée. Son estime de soi se retrouve abimée et elle pense qu’en fuyant la réalité, tout va s’améliorer. Or, les choses ne marchent pas comme cela.

Le plus important pour aider ces personnes est le soutien. Il faut leur apporter toute la compréhension, le respect et le support possible. Ce sera difficile, mais il est possible de guérir et de surmonter le problème, tant que le malade y met du sien et bénéficie des outils nécessaires.


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