La prévention quaternaire : de quoi s'agit-il ?

Parler de prévention quaternaire est difficile pour les médecins. C'est aussi un sujet souvent méconnu des patients. Il s'agit, pour le dire simplement, d'être prudents et conscients dans l'utilisation des ressources médicales.
La prévention quaternaire : de quoi s'agit-il ?
Leonardo Biolatto

Rédigé et vérifié par le médecin Leonardo Biolatto.

Dernière mise à jour : 27 mai, 2022

La prévention quaternaire est un concept très débattu dans le domaine médical. Beaucoup de professionnels ne sont pas en faveur de son utilisation en tant que guide pour les politiques publiques de santé et certains démentent même sa validité.

Néanmoins, avec le temps qui passe et les nouvelles avancées technologiques, il est évident que nous avons besoin de prévention quaternaire. Comme nous allons le voir tout au long de cet article, la bonne qualité des ressources médicales pour tous dépend de sa bonne application.

On a défini la prévention quaternaire comme « des actions qui sont menées pour éviter une surutilisation des ressources médicales de la part des professionnels de santé et des patients ». Cela implique donc aussi bien d’éviter un trop plein de traitements et de pratiques superflues que d’offrir des alternatives éthiques.

L’année 1986 a marqué la naissance de l’idée de prévention quaternaire, quand plusieurs chercheurs dans le domaine de la médecine ont mis en garde contre une médicalisation de la vie quotidienne. Le processus a suivi son cours, malgré les avertissements.

Nous devons souligner que cette prévention n’a pas pour objectif d’éliminer la disponibilité des progrès médicaux mais de rationnaliser. C’est pour cela qu’on implique les patients dans le processus car le médecin est un échelon supplémentaire dans la longue chaîne qui soutient la médicalisation du quotidien.

En définitive, on cherche à offrir une sécurité aux patients. Personne n’aimerait subir un acharnement thérapeutique ou dépenser plus d’argent que nécessaire.

Les types de prévention

Une ordonnance d'un médecin.

Les médecins doivent fondamentalement assumer la prévention quaternaire.

On a donné le nom de prévention quaternaire à cette idée car les activités de prévention sont considérées comme échelonnées :

  • Primaire : c’est la prévention qui se réalise avec des personnes qui ne sont pas encore malades. Le but est d’éviter qu’elles ne tombent malades.
  • Secondaire : il s’agit du diagnostic précoce. Une personne est atteinte d’une maladie mais ne le sait pas parce qu’elle n’a pas encore développé de symptômes. Si nous la détectons à temps, nous améliorons son pronostic.
  • Tertiaire : les personnes sont déjà malades. On propose ici le meilleur traitement possible pour éviter un dénouement fatal et des séquelles qui altèrent la qualité de vie dans le futur.
  • Quaternaire : c’est celle qui nous intéresse dans cet article. Il s’agit de la prévention qui limite l’usage indiscriminé des ressources médicales.

Exemples d’abus médicaux

Il est possible de mieux comprendre la prévention quaternaire avec des exemples d’abus de ressources médicales. Même si nous ne le voyons pas clairement, la médicalisation autour de nous est devenue constante.

Parmi ces abus, nous retrouvons l’excès d’examens demandés pour détecter des pathologies. Certains examens de prévention primaire sont indiqués mais d’autres n’ont aucune justification scientifique.

Par ailleurs, des questions qui sont parfois prises pour acquises sont réfutées face aux progrès de la science. Par exemple, la mammographie est recommandée à des âges précis chez la femme et il n’y a aucune raison de la faire plus tôt, chez des femmes jeunes, seulement parce qu’on a des doutes.

Pensons aussi aux rayons auxquels on nous soumet quand on effectue des radiographies ou des tomographies computérisées. L’abus dans la demande d’examens d’imagerie pourrait causer une augmentation des pathologies liées aux radiations.

Les traitements ne sont pas étrangers à cela. Il est très habituel de prescrire des antibiotiques pour des infections virales, ce qui génère une résistance bactérienne et des effets indésirables chez les patients. En rajoutant des effets secondaires, la situation initiale qui pouvait être simple finit par empirer et se compliquer.

La polymédication est un autre exemple. Des personnes âgées prennent ainsi un grand nombre de médicaments au quotidien qui interagissent entre eux sans améliorer la qualité de vie de la personne. Étant donné que chaque spécialiste dans un organe différent prescrit un médicament ponctuel, personne ne cherche à savoir s’il y aura un mélange entre les effets des uns et des autres.

Des plaquettes de médicaments.

La polymédication est habituelle chez les personnes âgées, sans prendre en compte leurs conséquences.

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Comment faire une prévention quaternaire ?

Il est donc logique de se demander comment on peut faire une prévention quaternaire. Une partie de cette tâche doit être réalisée par les médecins, et une autre par les patients. Il est fondamental de ne pas confondre la prévention primaire avec les traitements.

Quand une personne veut en savoir plus sur son état de santé, elle ne doit pas nécessairement sortir de la consultation avec des médicaments. Tout comme elle ne doit pas non plus passer par toute une série de procédés qui n’apporteront aucun bénéfice.

Nouvelle technologie n’est pas toujours synonyme de meilleure technologie. Aujourd’hui, certains antibiotiques conçus il y a plusieurs décennies sont plus efficaces que les nouveaux, moins chers et plus inoffensifs.

La santé mentale n’échappe pas aux problèmes de médicalisation. Beaucoup d’enfants sont diagnostiqués avec un déficit de l’attention et une hyperactivité qui, en réalité, ne répondent pas aux critères de ces derniers. Ces enfants doivent passer par une série de mesures totalement contreproductives.

Ce n’est pas une chose qui changera de façon immédiate, d’un jour à l’autre : un long chemin doit être parcouru. La prévention quaternaire peut nous offrir plus de sécurité en tant que patients et faire en sorte que les ressources médicales soient disponibles pour tous, sans en abuser.


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