Le temps d'un point de vue philosophique
Tout au long de l’histoire, le temps a été l’une des grandes énigmes de l’humanité, et il a été abordé dans une perspective philosophique. C’est pourquoi, de la Grèce antique à nos jours, il y a eu des réflexions et des théories intéressantes sur ce phénomène.
Nous vous présentons ici l’opinion de certains philosophes sur le temps. Poursuivez donc votre lecture !
Le temps selon la perspective philosophique des philosophes grecs
Dans la Grèce antique, Platon et Aristote étaient deux des grands philosophes qui ont osé réfléchir sur le temps. Voyons la position de chacun.
Perspective philosophique platonicienne sur le temps
Platon est l’un des premiers philosophes à avoir réfléchi sur le temps et à affirmer qu’il s’agit d’une image mouvante de l’éternité. Mais que voulait-il dire par là ?
Rappelons que pour Platon, la réalité est composée de deux mondes : un monde sensible (le monde physique) et un monde intelligible (celui des idées). Le premier a tout ce que nous pouvons expérimenter à travers les sens et se caractérise par la multiplicité et son évolution constante.
De son côté, le monde des idées est vrai, incorruptible et immuable. Là habitent les idées universelles et nécessaires, qui sont l’essence de tout ce qui existe. Ainsi, les objets et les corps du monde physique ne sont qu’un reflet (ou une ombre) imparfait de cet autre monde.
Ainsi, quand il dit que le temps est une image, il veut dire que le temps est une imitation de l’éternité immobile du monde des idées. Par conséquent, la vraie nature des choses est de rester statique et éternelle. Tandis que l’ombre de cette immobilité est le temps.
Il déclare donc que la transformation, le mouvement, est la preuve que nous contemplons le temps, qui n’est pas une idée, mais l’image d’une idée : l’éternité.
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La perspective aristotélicienne
De son côté, Aristote défendait que le temps n’est pas un mouvement, mais il affirmait également qu’il n’y a pas de temps sans mouvement. Les deux concepts sont perçus ensemble. Aristote supposait que le temps est la mesure du mouvement selon l’avant et l’après.
Par conséquent, avant et après sont des points qui déterminent une grandeur spatiale. Ils sont l’origine et la fin d’un mouvement et les “maintenant” qui quantifient un temps. Selon la perspective aristotélicienne, le temps est quantifiable, mais ce n’est pas le quantificateur.
Le temps dans la philosophie médiévale
Parmi les penseurs qui se sont consacrés à la réflexion sur le temps dans la philosophie médiévale, saint Augustin d’Hippone et saint Thomas d’Aquin se distinguent.
Pour saint Augustin, le temps a son origine dans l’âme humaine. Le présent, le passé et le futur sont respectivement identifiés à la mémoire, à l’attention et à l’attente.
En d’autres termes, selon le célèbre théologien et philosophe du IVe siècle, le passé est ce dont on se souvient, le présent est ce qui est et l’avenir est ce qui est attendu. Ce sont des entités qui n’ont pas de réalité propre ou extérieure (comme le défendait Aristote), mais qui sont une extension de l’âme humaine.
Si personne ne me demande ce qu’est le temps, je sais ce qu’il est ; et si on me le demande et que je veuille l’expliquer, je ne le sais plus. Pourtant, je le déclare hardiment, je sais que si rien ne passait, il n’y aurait pas de temps passé ; que si rien n’arrivait, il n’y aurait pas de temps à venir ; que si rien n’était, il n’y aurait pas de temps présent.
De son côté, saint Thomas d’Aquin (au XIIIe siècle) a repris la perspective aristotélicienne et défendait que le temps est mouvement selon l’avant et l’après. Pour lui aussi, le temps est extérieur à l’être humain.
Le point de vue philosophique moderne et contemporain
Dans la modernité, on retrouve la notion de temps d’Isaac Newton. Le grand physicien anglais décrit dans Principia l’existence de deux temps différents : un absolu et un relatif.
Selon Newton, le premier est vraie et mathématique de par sa nature même. Il coule sans relation avec l’extérieur et s’appelle la durée. Le second se réfère à une mesure sensible et externe de la durée, faite à travers le mouvement.
Malgré ces réflexions, quelques siècles plus tard, le philosophe Emmanuel Kant renvoie l’origine du temps à la nature humaine. Mais pas du point de vue de l’expérience de l’individu, comme le fait saint Augustin, mais comme la constitution de l’être humain universel et sa manière de connaître la réalité.
Pour ce penseur, le temps est une intuition innée qui fait partie de la structure du sujet connaissant. Et c’est ce qui lui permet d’ordonner les phénomènes du monde selon la succession et la simultanéité.
Par la suite, des philosophes comme Henri Bergson, prix Nobel de littérature en 1927, et Martín Heidegger, auteur de l’ouvrage Être et Temps, ont abordé le temps différemment.
Bergson, par exemple, évoque le temps dans une perspective expérientielle, fondée sur l’unité organique, le temps vital, les rythmes des processus organiques et les horloges internes de l’organisme. Tandis que Heidegger fait une distinction entre le temps propre, compris comme une fonction constitutive existentielle de l’être humain, et le temps mondial, comme une mesure.
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Le temps est-il une illusion de l’être humain ?
L’approche du temps en philosophie a varié au cours de l’histoire. Il n’y a toujours pas de théorie ou de pensée unique, malgré les avancées scientifiques. Toutefois, ce qui est en vogue, c’est de concevoir le temps comme une illusion humaine.
La perception du temps semble être un produit de notre psychologie ou de notre structure perceptive. Pour la mécanique relativiste, le temps n’est pas quelque chose d’absolu : il peut varier selon l’observateur, le système de référence utilisé et le point auquel il se trouve.
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