L'hypersensibilité chimique multiple, un enjeu de santé

L'hypersensibilité chimique multiple est une maladie rare difficile à diagnostiquer. Certains professionnels ne reconnaissent pas son existence, mais il existe suffisamment de documentation pour la classer comme une pathologie. Apprenez-en plus ici.
L'hypersensibilité chimique multiple, un enjeu de santé
Leonardo Biolatto

Rédigé et vérifié par le médecin Leonardo Biolatto.

Dernière mise à jour : 06 octobre, 2022

L’hypersensibilité chimique multiple a d’autres noms scientifiques qui la relient à sa symptomatologie allergique extrême. La terminologie la plus acceptée dans le milieu scientifique est celle d’intolérance environnementale idiopathique.

En soi, c’est une pathologie chronique de la famille des réactions allergiques. Dans ce cas, le patient réagit de manière excessive à de petites concentrations de substances que l’on trouve habituellement dans l’environnement.

Les substances doivent être chimiques, cette pathologie constitue donc un sujet de discussion en médecine du travail. Il y a des lois qui la reconnaissent comme une maladie professionnelle, mais d’autres qui ne la reconnaissent pas.

Elle a longtemps été mise de côté, considérée comme une invention psychosomatique. Aujourd’hui encore, certains médecins ne la reconnaissent pas comme une pathologie et l’attribuent à une manifestation excessive de la psyché des personnes.

On estime que les sujets polysensibles aux produits chimiques représentent moins de 1 % de la population générale. La prévalence des allergies atteint, elle, plus de 10 %.

Le diagnostic est difficile à poser. Il n’existe aucun test de laboratoire pour certifier la sensibilité chimique multiple. Le professionnel de santé peut le suspecter, demander des panels allergologiques comme test complémentaire et le diagnostiquer sur la base de ces résultats.

La physiopathologie de l’hypersensibilité chimique multiple

L’origine de la maladie est inconnue. Des études scientifiques démêlant les mécanismes qui conduisent à la réaction allergique exagérée à de si faibles concentrations de la substance n’ont pas encore été publiées.

L’hypothèse la plus fondée stipule que la personne entre pour la première fois en contact avec un agent chimique et que son système immunitaire réagit mal. La mémoire de la réaction demeure et il suffit d’une nouvelle petite dose pour déclencher les symptômes.

Une autre hypothèse va dans le même sens, mais attribue plus de poids à la perte de tolérance. C’est-à-dire qu’après une première rencontre avec la substance chimique, le corps ne s’y habitue pas, mais entame plutôt le chemin inverse de l’hypersensibilité.

Cette sensibilité chimique multiple trouverait une stimulation dans le système limbique du système nerveux. Le stimulus de la substance peut s’estomper, mais le corps signale une réponse immunitaire sans rien de concret à attaquer.

Fondamentalement, le mécanisme décrit est similaire à celui de certaines maladies, telles que la fibromyalgie ou le syndrome du côlon irritable. On soupçonne qu’il existe un lien physiopathologique entre ces pathologies.

éternuements dus à une hypersensibilité chimique multiple.
L’éternuement est un symptôme allergique, et donc un signe d’hypersensibilité chimique multiple, parmi tant d’autres.



Les symptômes de l’hypersensibilité chimique multiple

Les symptômes de cette maladie sont très variés. Presque tous les organes peuvent se manifester lorsqu’il y a une réaction aiguë et cela rend son identification encore plus difficile.

L’allergie respiratoire est le symptôme le plus fréquent, accompagnée de démangeaisons de la gorge, d’une toux sèche et d’un écoulement de nez. Deuxièmement, le système digestif est également touché, avec des nausées, des vomissements et de la diarrhée.

Au niveau des yeux, les symptômes classiques de la conjonctivite allergique sont observés, avec larmoiement et yeux rouges. D’autre part, le cœur accélère son rythme cardiaque, manifestant des palpitations.

Il est courant qu’une personne souffrant d’une hypersensibilité chimique multiple finisse reçoive un diagnostic d’asthme, par exemple, ou de syndrome du côlon irritable. En effet, cette condition rare est souvent négligée.



Les critères diagnostiques

La conjonctivite comme symptôme du coronavirus.
La conjonctivite allergique est une forme de présentation d’hypersensibilité chimique multiple, avec larmoiement et yeux rouges.

Il existe deux voies à suivre dans le diagnostic de l’hypersensibilité chimique multiple :

  • L’une d’elles consiste à utiliser des critères reconnus dans le monde, mais assez généraux. Ils impliquent que le patient doit se conformer à ce qui suit :
    • Apparition de symptômes chaque fois qu’il est exposé à la substance en question
    • Évolution chronique
    • Disparition des symptômes de temps en temps, avec des intervalles sans signes allergiques
    • Atteinte multiple des tissus et des organes
  • L’autre consiste à utiliser le questionnaire QEESI : c’est un outil qui mesure, via des questions au patient, le degré de difficulté de ce dernier face à la maladie. Sur la base du score attribué, il est possible de déterminer la gravité et de la classer.

Les professionnels qui traitent la fibromyalgie utilisent également le questionnaire QEESI comme outil d’évaluation. Cela renforce l’idée du lien entre ces deux pathologies.

Le problème de l’hypersensibilité chimique multiple dans le monde du travail

Nous disions au début de l’article que l’hypersensibilité chimique multiple est un problème dans le monde du travail. En effet, il est difficile pour les entreprises et les assureurs de la reconnaître comme une maladie professionnelle.

Cependant, il vaut la peine de se demander ce qu’on peut faire avec une personne qui en souffre et qui doit être exposée à des produits chimiques puissants pour son travail. Cette situation n’admet pas de solutions simples, notamment parce qu’il s’agit d’une pathologie qui n’a pas de corroboration précise dans des tests complémentaires.

En attendant, la physiopathologie de la maladie continue d’être étudiée, afin de clarifier les doutes qu’elle suscite. Peut-être, dans un futur proche, un test accessible aura finalement été développé pour son diagnostic.


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