Placentophagie : est-il sûr de consommer le placenta après l'accouchement ?

La placentophagie est une pratique promue sur les réseaux sociaux et dans certaines émissions de télévision. La science met en garde contre son inutilité et les dangers qu'elle comporte.
Placentophagie : est-il sûr de consommer le placenta après l'accouchement ?
Leidy Mora Molina

Relu et approuvé par l'infirmière Leidy Mora Molina.

Écrit par Edith Sánchez

Dernière mise à jour : 11 novembre, 2022

La placentophagie est une pratique controversée qui consiste à consommer le placenta après l’accouchement. Elle est devenue à la mode, car ses principaux promoteurs sont des personnalités du show-business.

Il convient de noter que la placentophagie n’est pas un concept nouveau, mais elle est devenue populaire il y a quelques années, lorsque s’est répandue la rumeur selon laquelle l’acteur Tom Cruise avait consommé le placenta et le cordon ombilical d’une de ses filles.

Dès lors, la pratique a été associée à des célébrités telles que Jennifer Lopez, Kim Kardashian et Alicia Silverstone, entre autres. Les partisans disent que consommer le placenta donne de la vigueur et prévient la dépression post-partum. Est-ce vrai ?

Qu’est-ce que la placentophagie ?

Le placenta est un organe fondamental pendant la grossesse. Il apporte des nutriments et de l’oxygène au bébé, tout en filtrant les déchets par le cordon ombilical. À la naissance du bébé, le placenta est expulsé vers l’extérieur.

Les partisans de la placentophagie affirment qu’il s’agit d’une pratique saine. Ils appuient leur argumentation sur le fait que certains mammifères mangent le placenta après la naissance de leurs petits.

Bien que cela soit vrai, l’intention des animaux est de ne laisser aucune trace aux prédateurs.

La placentophagie est une ancienne coutume de la culture populaire. Cependant, il n’existe aucune preuve historique convaincante indiquant qu’elle est bénéfique. Et ce, même dans les communautés soumises à la famine.

On trouve seulement quelques références sur l’utilisation du placenta à des fins différentes ; parfois liées à des rituels de magie, d’autres fois au monde cosmétique. Des capsules à partir de cet organe sont actuellement fabriquées. Le placenta est également cuit ou consommé cru.

Fœtus avec son placenta.
Le placenta est un organe clé de la grossesse. C’est lui qui maintient cet état.

Les avantages supposés de la placentophagie

La placentophagie a gagné en force, car l’idée selon laquelle manger cet organe apporte des avantages à la fois physiques et psychologiques s’est répandue. Autrement dit, certains pensent que la source de nutrition du fœtus reste bénéfique après l’accouchement.

Parmi les avantages supposés de la consommation de placenta, figure la croyance qu’il s’agit d’une source importante de fer, un élément requis par les femmes après l’accouchement. Cependant, une enquête de 2016 a prouvé que cela était faux. Il n’y avait pas de différence majeure entre la consommation de capsules de placenta et de capsules de viande déshydratée.

On dit aussi que c’est une excellente source de vitamine K et un puissant antihémorragique, ce qui serait très précieux pour faire face à certains désagréments après l’accouchement. Jusqu’à présent, aucune preuve scientifique n’a pu vérifier ces propriétés.

L’un des principaux moteurs de la placentophagie est son effet bénéfique supposé contre la dépression post-partum. On dit qu’elle apporte de la vitalité et réduit la fatigue, générant un équilibre hormonal qui améliore l’humeur. Rien de tout cela n’a été prouvé.

Les autres prétendus bienfaits seraient les suivants :

  • Soulagement de la douleur
  • Augmentation de la production de lait maternel
  • Amélioration de la contraction du muscle utérin
  • Augmentation de l’élasticité de la peau



Les risques de la placentophagie

La placentophagie ne serait qu’une pratique anecdotique. De plus, elle comporte des risques importants. En règle générale, les placentas sont colonisés par des bactéries au contact du milieu extérieur.

Plusieurs de ces bactéries peuvent provoquer des maladies.

Sur le marché, le placenta est soumis à un processus, puis encapsulé pour être ingéré. Cependant, ces types de procédures ne sont pas réglementés et rien ne garantit que les risques biologiques sont éliminés.

Aux États-Unis, des cas de mères ayant pris des pilules placentaires contenant des streptocoques du groupe B ont été rapportés. Via l’allaitement, les enfants ont été infectés.

Une étude publiée en 2018 a noté qu’aucun bienfait réel n’a été enregistré et que les risques peuvent être très élevés. C’est donc une pratique qui n’est en aucun cas recommandée.

Autres risques possibles

Un autre risque possible est le fait que le placenta peut contenir des quantités relativement importantes de deux hormones : l’estradiol et la progestérone. Il est possible que cela réduise la production de lait et augmente la formation de caillots.

Par ailleurs, des traces d’arsenic, de mercure et de plomb ont été retrouvées dans de nombreux placentas. Il n’est pas clair si la quantité de ces éléments est nocive pour la mère et le bébé.

Thromboembolie due à la placentophagie.
On soupçonne que l’ingestion de placenta augmente le risque de coagulation excessive dans le corps de la femme.



Les modes ne sont pas toujours saines

La placentophagie n’est pas seulement une pratique inutile, elle est aussi potentiellement dangereuse pour la mère et le bébé. Par conséquent, elle n’est pas recommandée. Les conséquences pourraient être fatales.

Il est vrai qu’il existe divers désagréments après l’accouchement. Cependant, il existe des moyens sûrs de les atténuer, c’est-à-dire sans encourir de risques. Il faut simplement être attentif à ce que dit la science.


Toutes les sources citées ont été examinées en profondeur par notre équipe pour garantir leur qualité, leur fiabilité, leur actualité et leur validité. La bibliographie de cet article a été considérée comme fiable et précise sur le plan académique ou scientifique


  • Gryder, L. K., Young, S. M., Zava, D., Norris, W., Cross, C. L., & Benyshek, D. C. (2017). Effects of human maternal placentophagy on maternal postpartum iron status: A randomized, double‐blind, placebo‐controlled pilot study. Journal of Midwifery & Women’s Health, 62(1), 68-79.
  • Alex Farr, Frank A. Chervenak, Laurence B. McCullough, Rebecca N. Baergen, Amos Grünebaum, Human placentophagy: a review, American Journal of Obstetrics and Gynecology, Volume 218, Issue 4, 2018, Pages 401.e1-401.e11, ISSN 0002-9378, https://doi.org/10.1016/j.ajog.2017.08.016.
  • Callupe Pardave, S. M. (2019). La placentofagia, en las gestantes atendidas en el Hospital de la Comunidad Urbana Autogestionaria de Huaycán-distrito de Ate, agosto 2018.

Ce texte est fourni à des fins d'information uniquement et ne remplace pas la consultation d'un professionnel. En cas de doute, consultez votre spécialiste.