Superbactéries : quel risque peuvent-elles représenter à l'avenir ?

Au fil du temps, nos antibiotiques deviennent moins efficaces pour combattre les bactéries. Que se passerait-il si ces microbes continuaient de muter ? Nous en parlons ici.
Superbactéries : quel risque peuvent-elles représenter à l'avenir ?
Leonardo Biolatto

Rédigé et vérifié par le médecin Leonardo Biolatto.

Dernière mise à jour : 18 février, 2023

Les superbactéries existent depuis longtemps. Cependant, le risque qu’elles représentent pour la santé humaine passe souvent inaperçu.

Les superbactéries sont ces micro-organismes qui ont développé la capacité de résister à l’action des antibiotiques. Cette résistance semble augmenter chaque année et il devient plus difficile de trouver des médicaments qui éliminent les agents capables de nous rendre malades.

Selon certaines projections, dans un court laps de temps, les superbactéries pourraient causer des problèmes difficiles à contenir. Tant qu’aucune mesure n’est prise à cet égard, le risque augmentera.

Que sont les superbactéries ?

Une bactérie qui développe une résistance à l’antibiotique qui pourrait la tuer gagne une étape dans son évolution. Cette situation donne naissance à ces microbes qui sont plus difficiles à éradiquer.

Le problème est que certaines pratiques humaines, médicales et sociales augmentent la vitesse à laquelle les bactéries deviennent résistantes aux médicaments. C’est le phénomène de la résistance aux antimicrobiens et c’est un sujet qui intéresse les spécialistes des maladies infectieuses du monde entier, qui s’inquiètent des conséquences.

Lorsqu’une personne est atteinte d’une infection bactérienne, le médecin lui prescrit des antibiotiques. Lorsque ces antibiotiques sont pris ou administrés par voie parentérale, ils bloquent la croissance ou tuent directement presque toutes les colonies microbiennes. Cependant, certains peuvent survivre.

Les survivantes initient une réplication ailleurs, propageant cette caractéristique qui leur a permis de résister à l’antibiotique. Une nouvelle race de bactéries avec de meilleures capacités fait son apparition.

Lorsque des survivants du premier antibiotique infectent un nouveau patient, le médecin prescrira le même antibiotique, mais celui-ci ne fonctionnera plus. En somme, le traitement standard devient inefficace et d’autres alternatives doivent être recherchées.

Colonies bactériennes résistantes aux antibiotiques.
Les bactéries qui survivent aux antibiotiques administrés forment de nouvelles colonies qui sont à l’origine des maladies les plus graves.

Nous avons accéléré le processus

L’utilisation inconsidérée d’antibiotiques sans critères médicaux cohérents a conduit à l’accélération de l’apparition de résistances antimicrobiennes. Les superbactéries sont répandues dans le monde d’aujourd’hui.

Les données le montrent clairement. En Europe, environ 25 000 personnes meurent chaque année d’infections causées par des superbactéries. Aux États-Unis, le taux de mortalité est similaire. La tuberculose en est un exemple particulier, puisque de nombreux patients en souffrent à cause de micro-organismes résistants qui aggravent le pronostic.

Les dépenses de santé dues à ce problème sont énormes. En Afrique du Sud, un tiers du budget de la tuberculose est utilisé pour lutter contre les souches de bactéries qui ne répondent pas aux antibiotiques traditionnels. Les États-Unis dépensent jusqu’à 15 millions de dollars chez moins de 200 patients tuberculeux résistants.

Dans de nombreux endroits, les antibiotiques sont surutilisés et mal utilisés chez les humains et les animaux, et sont souvent administrés sans supervision professionnelle.

~ Pan American Health Organization (PAHO) ~

Cette situation est la faute de l’être humain. Les mauvaises prescriptions et l’automédication favorisent les superbactéries.



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Quelles sont les superbactéries les plus dangereuses ?

La plupart des superbactéries ont été identifiées. De nouvelles apparaissent, mais celles qui existent depuis longtemps parmi les patients ont été répertoriées par les chercheurs.

La liste faite par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) révèle celles qui méritent une attention particulière :

  • Priorité critique : Acinetobacter baumannii, Pseudomonas aeruginosa, Enterobacteriaceae spp.
  • Priorité élevée : Enterococcus faecium, Staphylococcus aureus, Helicobacter pylori, Campylobacter spp., Salmonellae spp., Neisseria gonorrhoeae.
  • Priorité moyenne : Streptococcus pneumoniae, Haemophilus influenzae, Shigella spp.

Toutes ces bactéries ont développé une résistance à des médicaments, tels que la vancomycine, la pénicilline et les fluoroquinolones. L’OMS exhorte les pays et les laboratoires à investir davantage de ressources dans le développement de nouveaux antibiotiques capables de les combattre.

De nouveaux antibiotiques développés contre les agents pathogènes prioritaires de cette liste contribueront à réduire les décès dus aux infections résistantes dans le monde.

~ Evelina Tacconelli, chef de la division des maladies infectieuses, Université de Tübingen ~
Antibiotiques pour les infections.
Les antibiotiques doivent être prescrits par les médecins et les patients doivent respecter la dose et le temps d’utilisation afin de ne pas créer de résistance bactérienne.



Que pouvons-nous faire pour contribuer ?

De chez nous, nous pouvons contribuer à ce que les superbactéries ne soient pas un problème majeur. Certaines actions simples et conscientes sont essentielles pour réduire les risques.

Tout d’abord, il est nécessaire de suivre les consignes d’hygiène et de prévention de base qui réduisent la propagation des bactéries. Parmi elles, il convient de mentionner les suivantes :

  • Se laver les mains fréquemment. Cette simple action nous empêche de disperser les micro-organismes entre les contacts étroits.
  • Appliquer la sécurité alimentaire. Lors de la manipulation des aliments, il faut séparer le cru du cuit. Les règles d’hygiène doivent également être respectées dans les cuisines, aussi bien à la maison qu’au restaurant.
  • S’auto-isoler. La présence de symptômes d’une maladie infectieuse, comme une toux accompagnée de fièvre, devrait nous obliger à nous isoler jusqu’à ce qu’ils s’améliorent ou soient traités. Nous évitons ainsi d’infecter et d’augmenter la possibilité d’apparition de superbactéries.
  • Respecter les indications médicales. Il faut suivre la prescription à la lettre. Ne pas respecter la dose ni la durée du traitement ne fera que favoriser la résistance aux antimicrobiens.
  • Ne pas se soigner soi-même. Si vous avez un rhume, par exemple, il est presque certain que l’agent causal est viral. Par conséquent, un antibiotique n’aura aucun effet. Au contraire, il produira une résistance chez les bactéries communes. Il faut donc consulter un professionnel et non s’auto-médicamenter.

N’attendez plus pour appliquer ces consignes. En étant responsables, nous pouvons réduire l’impact des superbactéries.


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